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par Fleur Brosseau.
La Chine doit être capable de désactiver ou détruire les satellites Starlink de SpaceX s’ils devaient constituer une menace pour la sécurité nationale. C’est du moins l’opinion d’un groupe de chercheurs de l’armée chinoise, qui vient de publier dans une revue académique nationale, Modern Defense Technology, un document dans lequel ils proposent une série de contre-mesures visant à mettre à mal le réseau satellitaire américain.
La constellation Starlink compte à ce jour près de 2400 satellites. Ce service d’accès à Internet à haut débit a connu une croissance exponentielle ces trois derniers mois et compte désormais plus de 400 000 utilisateurs à travers le monde. Mais ce succès ne semble pas réjouir Yuanzhen Ren, chercheur au Beijing Institute of Tracking and Telecommunications, qui vient de rédiger une étude présentant différents moyens de développer les capacités antisatellites de la Chine – une étude co-signée par plusieurs scientifiques de haut niveau de l’industrie de la défense chinoise.
« Une combinaison de méthodes de destruction « douce » et « dure » devrait être adoptée pour faire perdre leurs fonctions à certains satellites Starlink et détruire le système d’exploitation de la constellation », écrivent-ils dans le document, selon le South China Morning Post. Ils évoquent notamment la mise en place d’un système de surveillance à grande échelle et à haute sensibilité pour suivre chacun des satellites Starlink. On ne sait pas à ce jour si ce document reflète ou non la position officielle de l’ensemble du gouvernement chinois.
Une alliance avec la Défense américaine jugée suspecte
Elon Musk a toujours été apprécié, voire admiré des Chinois, ces derniers étant particulièrement férus de technologie – la Chine est l’un des marchés les plus importants pour Tesla. Le milliardaire était considéré comme un modèle d’innovation. Sa popularité a néanmoins commencé à vaciller l’année dernière, lorsque des satellites Starlink ont failli entrer en collision à deux reprises avec la station spatiale chinoise Tiangong, en cours de construction – obligeant la Chine à effectuer des manœuvres d’évitement. Au mois de décembre, Pékin a même déposé une plainte auprès du Bureau des affaires spatiales de l’ONU à l’encontre de l’opérateur américain. La Chine accusait alors les États-Unis de ne pas respecter le Traité sur l’Espace en mettant en danger ses astronautes.
L’espace est grand, mais l’orbite terrestre est plus limitée. Outre les nombreux débris spatiaux qui représentent déjà une menace permanente pour les stations spatiales et les vaisseaux, la multiplication de mini-satellites Starlink ne fait qu’empirer la situation. Chaque semaine, ils sont impliqués dans près de 1600 rencontres rapprochées d’engins spatiaux ! Hugh Lewis, chef du groupe de recherche en astronautique de l’Université de Southampton, au Royaume-Uni, estime qu’à terme, les satellites du réseau Starlink seront impliqués dans 90% de toutes les conjonctions de moins d’un kilomètre.
Mais ce n’est pas tant le risque accru de collisions qui inquiète Ren et ses co-auteurs. Ils pointent du doigt le fait que les connexions Starlink pourraient multiplier par plus de 100 la vitesse de transmission de données des drones et avions furtifs américains. En outre, SpaceX a signé un contrat avec le ministère américain de la Défense pour développer de nouvelles technologies basées sur la plateforme Starlink. Les scientifiques chinois évoquent des instruments sensibles, capables de détecter et de suivre des armes hypersoniques. Les satellites Starlink sont également équipés de propulseurs ioniques, qui leur permettent de changer rapidement d’orbite en vue d’une offensive contre des cibles spatiales ennemies, rapportent-ils.
Effectivement, la constellation de SpaceX pourrait être exploitée à d’autres fins. En 2020, deux ingénieurs du Laboratoire de radionavigation de l’Université du Texas à Austin présentaient par exemple un système basé sur les mêmes satellites, capable de fournir une précision de localisation 10 fois supérieure au GPS, tout en étant beaucoup moins sujet aux interférences – un système de navigation « difficile à bloquer », selon le MIT Technology Review.
Une robustesse et une flexibilité qui effraient les Chinois
Étant donné le nombre de satellites Starlink en orbite, le système est considéré comme particulièrement robuste ; même si quelques-uns venaient à dysfonctionner, le système dans son ensemble ne serait pas affecté. C’est pourquoi les scientifiques chinois s’emploient à développer de nouvelles capacités antisatellites.
Ils suggèrent par exemple de lancer des satellites transportant des charges utiles miliaires au milieu d’un lot d’appareils Starlink. L’armée chinoise doit également améliorer ses systèmes de surveillance, afin d’obtenir des images très précises de ces satellites pour que les experts puissent identifier d’éventuelles caractéristiques inhabituelles, ont-ils ajouté. Le pays doit également être en mesure d’intercepter les signaux de chaque satellite Starlink pour détecter toute menace.
L’approche directe (destruction par missile) a quant à elle été écartée : non seulement elle produirait trop de débris, mais elle serait trop coûteuse et peu « rentable ». « La constellation Starlink constitue un système décentralisé. La confrontation ne porte pas sur des satellites individuels, mais sur l’ensemble du système. Cela nécessite des mesures à faible coût et à haute efficacité », ont déclaré les chercheurs.
La Chine disposerait déjà de certaines technologies antisatellites, notamment des lasers et des brouilleurs de communication. Un spécialiste de l’espace basé à Pékin, qui n’a pas participé à cette étude, souligne que l’opinion chinoise dominante n’est pas d’attaquer le réseau Starlink, mais d’adopter des contre-mesures « constructives ». « Cela signifie construire nos propres réseaux de satellites Internet », a-t-il déclaré au South China Morning Post – la Chine a effectivement lancé un projet similaire à Starlink nommé StarNet. Dans tous les cas, ce document sonne comme un appel ouvert à une attaque de Starlink, souligne le spécialiste.
source : Trust my science
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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