Sur le front russo-ukrainien, depuis 1 semaine les combats s’intensifient sérieusement autour de plusieurs secteurs dans le Donbass, et s’il est encore prématuré de parler de chaudrons russes faisant bouillir des groupes blindés ukrainiens, force est de constater que leur formation est en bon chemin et dans une dynamique fractale où chaque offensive russo-républicaine créé des petits encerclements d’unité ennemies sur son passage.
On pourrait intituler cette carte « Du fantasme à la réalité » car elle illustre l’évolution non pas défaitiste mais pragmatique des chaudrons possibles dans le Donbass depuis le commencement des opérations militaires russes en Ukraine :
Aujourd’hui,
- même si les difficultés inévitables rencontrées par l’état-major russe au cours du premier mois l’ont obligé à varianter sa stratégie opérative,
- même si une certaine combativité ukrainienne est observée jusqu’à pouvoir infliger ici et là quelques revers militaires éphémères et localisés aux forces russes,
- même si une partie des aides militaires occidentales parvient à traverser l’Ukraine jusqu’au front à travers les bombardements,
- même si les premières unités des nouvelles brigades ukrainiennes formées en urgence commencent à être déployées sur la ligne de contact…
… le front ukrainien dans le Donbass est globalement en train céder devant la stratégie d’usure et de mouvement engagée par l’état-major russe menant des offensives « qui prennent leur temps » pour économiser au maximum les hommes et les matériels qui comme dans tout rapport de forces Attaquant/Défenseur sont les plus vulnérables.
Aujourd’hui je vais tenter de faire un point de situation au 23 mai 2022 sur les percées réalisés dans les lignes ukrainiennes autour de Severodonetsk, Popasnaya et Avdeevka et toujours en m’efforçant de me tenir de plus éloigné possible des fantasmes propagandistes rivalisant d’idiotie de part et d’autre du front.
1- À Severodonetsk, Kiev n’a pas compris la leçon de Marioupol
Dans un article précédent j’évoquais la divergence de positions concernant Severodonetsk/Lisichansk entre le président Zelensky qui veut y organiser un deuxième Marioupol médiatique et Zaloujny, son Chef d’état-major, qui au contraire voudrait sauver leurs garnisons d’un chaudron qui n’apportera aucun bénéfice stratégique à la défense ukrainienne.
Pour résumer la bataille de Marioupol la garnison ukrainienne, malgré ses effectifs importants (entre 15 et 20 000 hommes) un terrain favorable (puissants retranchements adossés à la mer) n’a tenu que 66 jours en tenant compte des dernière planques organisées dans les souterrains d’Azovstal et dont les derniers effectifs ukrainiens qui s’y étaient retranchés ont surpris par leur importance (environ 2500) les forces moins nombreuses qui les assiégeaient.
Animation cartographique du siège de Marioupol qui s’est déroulé du 15 mars au 20 mai 2022
Marioupol sur le terrain militaire est une victoire russo-républicaine incontestable malgré le tapage propagandiste ukro-atlantiste qui tente de présenter sa défense ukrainienne comme héroïque et exceptionnelle. Et la situation initiale du futur chaudron de Severodonetsk/Lisichansk est encore pire pour les forces ukrainiennes.
Mais à force de raconter des conneries propagandistes, les politiciens finissent même par y croire, comme le secrétaire de l’OTAN, Stoltenberg, qui prétend que « l’Ukraine peut gagner la guerre contre la Russie » !
Donc, à priori et sans surprise concernant ce front ukrainien de Severodonetsk c’est la direction politique étasunienne qui semble avoir eu le dernier mot sur le commandement militaire ukrainien, qui pourtant à plusieurs titres est le mieux placé pour évaluer les enjeux et menaces de ce secteur particulier à l’Est de Kramatorsk.
Alors que l’étau militaire russo-républicain se resserre au Nord Est et Sud de Severodonetsk jusqu’à engager des premiers combats dans les faubourgs de la ville, dont les experts militaires (y compris étasuniens) prédisent que sa garnison, asphyxiée sur ses arrières par la rivière Donetsk ne va pas tarder à être prochainement complètement bloquée. et n’a aucune chance de résister aussi longtemps que celle de Marioupol.
Ici des informations qui se font certainement l’écho de la polémique entre le président ukrainien et son chef d’état-major prétendent, pour les unes que des unités ukrainiennes viennent renforcer les défenses de Severodonetsk via Lisichansk par le dernier des 3 ponts qui est encore opérationnel au dessus de la rivière Donets (un autre ayant été détruit par un tir de mortier de 240mm « Tulipe » et l’autre étant battu par le feu des unités russes.), et pour les autres qu’au contraire les soldats ukrainiens de Severodonetsk commenceraient à se replier vers Lisichansk. L’intensité des prochains combats dans ce secteur nous confirmera bientôt l’une ou l’autre de ces informations contradictoires.
Le seul intérêt pour Kiev d’imposer une résistance désespérée dans Severodonetsk ne présente aucun intérêt stratégique, un gain de temps insignifiant qui ne pourra même pas être exploité efficacement par la propagande ukro-atlantiste.
Tout comme à Marioupol, les unités ukrainiennes retranchées dans Severodonetsk organisent des
positions défensives dans les solides et profondes architectures industrielles des usines de la ville
Par contre, replier les unités ukrainiennes sur Lisichantsk (avant Slaviansk) serait plus pertinent car cette ville jumelle est d’un intérêt stratégique plus important car contrôlant les routes rejoignant Slaviansk/Kramatorsk à l’Ouest et Artemovsk au Sud et positionnée sur cette rive droite de la rivière Donets qui sur laquelle s’accroche chaque jour un peu plus le nouveau tracé de la ligne de front Nord.
Dans leurs opérations offensives les forces alliées intensifient leurs préparations
d’artillerie comme ici avec des obusiers lourds russes de 152mm MTSA C
Si le dernier pont libre entre les 2 villes n’est pas encore détruit par les forces russes et républicaines c’est certainement pour inciter justement les forces ukrainiennes de Severodonetsk à se replier vers l’Ouest, tandis que leurs positions défensives urbaines sont systématiquement détruites.
Corrigés par des drones d’observation qui géolocalisent leurs cibles et corrigent leurs tirs,
les artilleurs russes et républicains sont d’une grande efficacité, accrue de jour en jour
Qu’ils soient encerclés à Severodonetsk ou Lisichansk, le sort des 15 000 soldats ukrainien environ constituant la garnison des 2 villes (dont la répartition était estimée la semaine dernière à 4000 pour Severodonetsk et 11 000 pour Lisichansk) est donc scellé, même si quelques unités et matériels ont réussi à les rejoindre depuis la région du Dniepr par la dernière route libre passant par Siversk entre Slaviansk et Lisichansk.
2- À Popasnaya, le front ukrainien s’effondre
C’est sur le front de Popasnaya entre ceux de Kramatorsk et Donetsk, qu’a a lieu la plus importante percée russo républicaine et qui menace à la fois les dispositifs ukrainiens au Sud de Lisichansk et au Nord de Gorlovka d’un effondrement rapide dans ce secteur situé à la limite des deux républiques populaires de Donetsk et Lugansk.
En effet, Popasnaya qui a été conquise après plus d’un mois de combats violents ayant détruit la ville, contrôle d’importants axes logistiques menant à Kramatorsk via Artemovsk à l’Ouest, et Severodonetsk via Lisichansk au Nord sans compter que la percée réalisée permet de menacer vers le Sud l’arc Svetlodarsk sur le front de Gorlovka.
Aujourd’hui sur ce front de Popasnaya, plusieurs mini chaudrons sont en cours de réalisation, menaçant d’encerclement plusieurs milliers de soldats ukrainiens, et surtout la ville de Artemovsk (renommée Bakhmut par le régime de Kiev) qui est le carrefour routier et ferroviaire majeur de la logistique ukrainienne de ce secteur du front, est aujourd’hui sous les feux de l’artillerie des forces russo-républicaines qui sont aux portes de Soledar son verrou oriental.
Conscientes que cette percée vers Artemovsk risque un effondrement de leur dispositif de défense entre Gorlovka et Severodonetsk, les forces ukrainiennes tentent de bloquer les forces russes et républicaines dans des contre attaques en direction de Popasnaya, aussitôt repoussées par les forces alliées.
Au Sud-Ouest de Popasnaya, des Tchétchènes des forces spéciales « Akhmat » repoussent une attaque
Au Nord de Popasnaya, Les forces russes ont percé le front ukrainien en direction de Lisichansk en repoussant les forces ukrainiennes vers leur encerclement. Plus à l’Est, les lignes de défense ukrainiennes ont été détruites et les combats ont atteints les quartiers Sid de Zolotoe avec notamment des attaques menées par les membres de la société Militaire Privée russe « Wagner ».
Unité parachutiste russe montant au Nord de Popasnaya vers les combats de Kamyshevakha
À l’Ouest de Popasnaya, l’offensive principale est portée en direction de Soledar et de la route (T1302) reliant Artemovsk à Lisichansk qui est déjà sous le feu de l’artillerie alliée. Dans leurs tactiques défensives, comme d’habitude, les forces ukrainiennes tentent de s’accrocher aux zones urbaines dans lesquelles elles organisent des positions au milieu des civils restés dans les localités. Comme à Volnovakha, Marioupol ou Roubijnoe les chars ukrainiens se dispersent et se cachent sous les porches des immeubles habités ou dans les rez-de-chaussée dont il cassent un mur pour s’y cacher.
La route entre Artemovsk et Lisichansk est, du côté de Soledar, sous le feu des forces russes
Au Sud la percée menée vers Mironivskyi menace d’encercler le front ukrainien au Nord- Est de Gorlovka et, tout comme au Nord d’Avdeevka, les forces ukrainiennes ont fait exploser le barrage de la centrale hydroélectrique d’Uglegorskaya au nord de la ville de Svetlodarsk pour noyer le terrain devant les blindés russes.
L’objectif principal de ce secteur du front reste la ville d’Artemosk car sa capture ouvrira aux offensives russo-républicaines les chemins vers Kramatorsk au Nord Ouest et Konstantinovka au Sud-Ouest.
3- En Avdeevka, les forces de Kiev sont assommées
Par rapport à mon dernier point de situation du front de Donetsk en date du 20 mai, les combats sur Avdeevka se sont également intensifiés se rapprochant désormais sur les faubourgs de cette ville industrielle située à 10 km au Nord de Donetsk et essentielle au dispositif militaire ukrainien devant Donetsk.
Actuellement le front d’Avdeevka est dominé par les bombardements des forces russes et républicaines réalisées par l’artillerie et l’aviation de combat sur les positions défensives, dépôts, centres de commandement et blindés ukrainiens mais, contrairement aux anticipations fantasmées de certains propagandistes pro-russes, les forces terrestres n’ont pas encore atteint les faubourgs de la ville où les défenses ukrainiennes sont solidement organisées dans un tissu industriel massif soviétique disposant, comme à Marioupol, d’un important réseau souterrain datant de la guerre froide.
Bombardement russe sur Avdeevka avec un Lance-Roquette Multiple incendiaire TOS
Sur le front les forces russes font appel quotidiennement à leurs chasseurs bombardiers qui permettent des frappes
puissantes et précises dans des interventions rapides. Ici une paire de Sukhoï 25 opérant au dessus d’Avdeevka
Le fait est que les forces ukrainiennes du front d’Avdeevka (environ 4000 hommes) subissent de lourdes pertes et voient leurs défenses extérieures au Sud (secteur Peski), à l’Ouest (secteur Promka) et au Nord (secteur Kamienka) être progressivement détruites par les frappes alliées.
Destruction d’une position ukrainienne abritée sous le tablier d’un pont détruit
dans le secteur de Kamienka, au Nord-Est de la ville d’Avdeevka
Tout comme sur l’ensemble du front on constate le travail prépondérant de l’artillerie qui permet aux forces de préparer efficacement et à distance leurs attaques mais aussi de réaliser des tirs de contre-batterie ou de barrage sur leurs adversaires. Et les occidentaux, conscients de cette importance de l’artillerie dans le conflit russo-ukrainien ne cessent d’augmenter leur approvisionnement vers l’Ukraine en obusiers lourds de 152mm et 155mm, espérant offrir aux forces ukrainiennes une capacité de destruction rééquilibrant un rapport de feux qui pour le moment leur est très nettement défavorable.
Alors que les obusiers automoteurs français de 155mm « Caesar » arrivent sur le front cette semaine, les 155 mm
étasuniens tractés M777 et, comme ici, les Lance Roquettes Multiples tchèques de 122mm RM70 y sont déjà en action
Malgré ces aides militaires occidentales à la mesure de la démesure mondialiste pour laquelle l’Ukraine est en train de se sacrifier, les forces russes et républicaines montrent que, tout en restant dans les mêmes effectifs (inférieurs à ceux des forces ukrainiennes) et sur un front de 1000 km de long, que la victoire militaire n’est pas liée à une quantité de ferraille mais de surtout à une volonté combative une endurance physique et morale et une capacité d’adaptations stratégiques et tactiques.
En conclusion
Les communiqués propagandises ukrainiens ont de plus en plus de mal à cacher l’effondrement progressif de leurs forces, et même le président ukrainien a reconnu que leurs pertes devenaient dramatiques et que les prochaines semaines seraient « très difficiles » à vivre.
D’ailleurs un autre indice de la réalité de l’effondrement ukrainien est bien cette conversation entre le secrétaire à la Défense Lloyd J. Austin III et son homologue russe de la Défense Sergey Shoygu (le précèdent contact datait du 18 février) au cours de laquelle le chef du Pentagone a demandé un cessez-le-feu immédiat en Ukraine alors que le conflit est officiellement limité à la Russie et l’Ukraine. Pourquoi Washington demanderait un cessez le feu si l’armée ukrainienne était, comme le pérorent les Tyleman, Goya et autres « experts » propagandistes mondialistes, en train de « gagner la guerre » ?
La réalité est qu’en Ukraine, les forces russes progressent lentement mais sûrement vers la Victoire d’un monde multipolaire sur une hégémonie unipolaire mondialiste dont le système est en train de basculer définitivement vers le gouffre de sa démesure suicidaire. Et cette victoire sera militaire, économique et politique dans une dimension civilisationnelle que beaucoup considèrent même eschatologique.
Mais cette perspective inévitable car le combat de la Russie sert le sens commun des peuples ne doit pas faire oublier qu’elle est encore lointaine, parsemée de larmes et de sang de cette grande tragédie humaine qui malheureusement, depuis les guerres du Péloponnèse, semble être le seul moteur de l’Histoire européenne.
Et le sacrifice stupide et inutile de l’Ukraine sur l’autel de la marchandise mondialiste, même s’il sonnera le glas de l’hégémonie atlantiste ne doit pas faire oublier que, de part et d’autre du front, ce sont des européens qui tombent dans une nouvelle boucherie fratricide provoquée une fois de plus par la fusion occidentale des idéologies nationalistes et du capitalisme mondial.
Et le pire reste à venir…
« Aujourd’hui, de 50 à 100 soldats ukrainiens meurent chaque jour dans la direction la plus difficile de l’Est de notre État » (Zelensky – 22 mai 2022 lors d’une conférence de presse conjointe avec le polonais Andrzej Duda)
source : Alawata Rebellion
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