par Andrew Korybko.
Le Vietnam a déjà des accords de défense et de technologie nucléaire avec la Russie qui ont même été mentionnés dans leur pacte de partenariat stratégique réaffirmé qui a été conclu début décembre lors de la visite du président Nguyen Xuan Phuc à Moscou, ce qui a fait sourciller lorsque l’ambassadeur Pham Sanh Chau a déclaré vendredi que « seule l’Inde peut aider le Vietnam dans des domaines sensibles comme la défense et la technologie nucléaire à usage pacifique ».
L’ambassadeur du Vietnam en Inde, Pham Sanh Chau, a déclaré lors d’une session interactive vendredi que « seule l’Inde peut aider le Vietnam dans des domaines sensibles comme la défense et la technologie nucléaire à usage pacifique ». Cette remarque a fait sourciller puisque le Vietnam a déjà des accords de défense et de technologie nucléaire avec la Russie qui ont même été mentionnés dans leur pacte de partenariat stratégique réaffirmé qui a été convenu début décembre lors de la visite du président Nguyen Xuan Phuc à Moscou. Le but de cet article est donc de clarifier ce qu’il entendait probablement par là.
Les sanctions sans précédent imposées par l’Occident dirigé par les États-Unis contre la Russie en réponse à son opération militaire spéciale en cours en Ukraine portent en eux la menace de ce que l’on appelle « sanctions secondaires ». Dans le contexte vietnamien, il s’agit d’une épée de Damoclès suspendue au-dessus de son partenariat stratégique avec la Russie, en particulier dans le domaine de la défense. Néanmoins, il existe une solution de contournement intelligente qui peut être pratiquée et qui a déjà fait ses preuves, à savoir l’achat d’armes produites conjointement par la Russie et l’Inde afin d’échapper à la menace de « sanctions secondaires ».
Cette méthode fonctionne comme en témoigne l’ambassadeur indien aux Philippines, Shambhu Kumaran, qui a confirmé le mois dernier que l’accord de son pays avec les Philippines pour des missiles de croisière supersoniques BrahMos produits conjointement avec la Russie ne sera pas affecté par de telles sanctions car il est bilatéral et n’implique pas directement la Russie. Moscou a dû approuver la vente, mais elle n’est pas partie plus que ça dans cet accord. L’incapacité des États-Unis à imposer des sanctions en réponse suggère que cette méthode d’achat par des pays tiers d’armes produites conjointement par la Russie et l’Inde peut fonctionner comme une solution de contournement efficace pour un avenir indéfini.
Il pourrait en être de même pour la coopération avec la Russie dans le domaine de l’énergie nucléaire, qui n’est pas encore sanctionnée, mais il ne faut pas croire qu’elle ne le sera jamais. La Russie et l’Inde coopèrent déjà conjointement dans le développement de la centrale nucléaire de Rooppur, leur partenaire bangladais, il n’y a donc aucune raison pour qu’elles ne puissent pas étendre cet accord de travail à d’autres pays tiers comme le Vietnam. En d’autres termes, la façon dont la Russie échappe aux menaces de sanctions illégales de l’Occident dirigé par les États-Unis est d’étendre complètement la sphère de ses projets conjoints avec l’Inde dans des pays tiers.
Le Vietnam est l’endroit idéal pour le faire car il pratique une politique de neutralité de principe à l’égard du conflit ukrainien exactement comme le fait l’Inde en ne condamnant pas publiquement la Russie ou en ne se joignant pas aux sanctions illégales de l’Occident dirigé par les États-Unis contre elle. C’est pourquoi l’ambassadeur Chau a également déclaré vendredi que « le Vietnam et l’Inde ont choisi la ‘voie du milieu’, celle de la paix, de la stabilité et du dialogue, la voie du Bouddha ». En fait, le courageux défi de l’Inde à l’égard de la pression multidimensionnelle croissante de l’Amérique contre elle pour condamner puis sanctionner la Russie a positionné cette Grande Puissance comme un leader des pays du Sud.
L’Inde vise à rassembler conjointement un nouveau Mouvement des pays non alignés (« Néo-NAM ») avec la Russie pour créer un troisième pôle d’influence dans la phase de transition bipolaire actuelle de la transition systémique mondiale vers la multipolarité. Le Vietnam s’inscrit parfaitement dans ce réseau émergent en raison de sa politique de neutralité de principe et de ses excellentes relations avec les deux dirigeants russo-indiens du néo-NAM. Dans cet esprit, la remarque de l’ambassadeur Chau a beaucoup de sens puisqu’elle semble faire allusion à une coopération trilatérale à travers ce modèle afin d’échapper aux menaces illégales de « sanctions secondaires » des États-Unis dans la nouvelle guerre froide.
Si cette interprétation de la déclaration de ce diplomate est exacte, cela signifierait que le Vietnam se positionne comme la principale force multipolaire de l’ASEAN, exactement comme l’Inde l’a déjà fait en Asie du Sud et dans les pays du Sud en général. À l’avenir, les observateurs devraient porter une attention très particulière aux relations bilatérales du Vietnam avec l’Inde et la Russie, ainsi qu’à tout projet trilatéral potentiel auquel il pourrait participer avec eux. L’ASEAN est déjà l’un des noyaux de l’ordre mondial multipolaire émergent, de sorte que le désir du Vietnam de devenir sa principale force multipolaire témoigne de son importance mondiale croissante.
source : One World
traduction Avic pour Réseau International
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