par Mohamed El Bachir.
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p class= »Standard »>« … L’omission d’un principe mène à l’erreur ; ainsi, il faut avoir la vue bien nette pour voir tous les principes et ensuite l’esprit juste pour ne pas raisonner faussement sur des principes connus ». (Pascal, « Pensées »)
L’article ci-dessus a été écrit en 2018 mais la situation politique internationale avec la guerre en Ukraine en point d’orgue qui sert, entre autres, à ignorer la guerre au Yémen et à oublier la lutte du peuple palestinien contre l’occupation sioniste me semble toujours d’actualité.
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Une métaphore pour introduire le sujet
Il était une fois un groupe de médecins dont la volonté de soigner était sans faille. Leur souhait de veiller à la bonne santé de la population n’avait d’équivalent que leur désir d’asseoir et de consolider leur domination. Un souhait et un désir aux conséquences contradictoires . Aussi, ils se sont entourés d’un serviteur, un communiquant, capable de déverser quotidiennement un flot de paroles où baigne le faux en prenant l’apparence du vrai. Le résultat est simple : point de contradiction ! Tout est une question de gestion, à moderniser, bien sûr.
C’est ainsi que la lutte contre un nouveau fléau, la peste, n’empêcha nullement le groupe de médecins de tisser des liens indéfectibles avec les éleveurs de rats. Mais pour faire oublier la cause , les médecins ont mis l’accent sur le désordre créé par le fléau. Et tout naturellement, le désir de domination amena le groupe de médecins à accuser les éleveurs de lions… D’ours et même de gazelles d’être les responsables du désordre. Un désordre favorable à la propagation de la peste, affirmèrent les médecins.
Que les médecins me pardonnent cette modeste métaphore ne s’adresse nullement à eux.
La simulation contre la rationalité
Une première remarque s’impose, la France n’aurait pas bombardé la Syrie sans l’intervention américaine. Une intervention sans lendemain qui signifie que les puissances occidentales ont perdu la main en Syrie et prépare une nouvelle stratégie sous commandement américain.
En effet, il est évident, aujourd’hui, que les objectifs stratégiques des puissances occidentales, des monarchies du Golfe et de l’État d’Israël ont été mis en échec au Moyen-Orient et ceci grâce à la résistance de l’armée syrienne soutenue par l’Iran, la résistance irakienne et libanaise dont le Hezbollah est le fer de lance. Sans omettre « l’éleveur d’ours », la Russie, un acteur clef dans la victoire de l’armée syrienne.
Mais quels sont les objectifs stratégiques de l’alliance contre nature, mais en apparence seulement ?
Connus sous le sigle de « Nouvel Grand Moyen-Orient », les objectifs de la dite alliance ont été définis, en fait, en 1982 dans les bureaux du ministère israélien des Affaires étrangères sous le titre « Stratégie de l’État d’Israël dans les années 80 ».
Ci-dessous un succinct extrait de cette stratégie : « … La Syrie va se diviser en plusieurs États suivant les communautés ethniques, de telle sorte que la côte deviendra un État allaouite chiite ; la région d’Alep, un État sunnite ; à Damas, un autre État sunnite hostile à son voisin du Nord : les Druzes constitueront leur propre État, qui s’étendra sur notre Golan peut-être, et en tout cas dans le Haourân…. Cet État garantira la paix et la sécurité dans la région, à long terme : c’est un objectif qui est dès à présent à notre portée… »
Il s’agit dans cet extrait de la Syrie mais l’Irak, l’Égypte… Ne sont pas en reste.
Ni d’ailleurs le Maghreb. En effet, selon le journal libanais al-Akhbar, l’Observatoire marocain contre la normalisation avec l’État D’Israël, a révélé qu’un institut israélien s’est installé au Maroc pour « la formation de groupes militaires et paramilitaires dans plusieurs régions marocaines. Ils sont encadrés idéologiquement et intellectuellement via un ensemble d’outils, de symboles et de positions qui visent à adhérer aux thèses sionistes et à s’apprêter à les servir matériellement ».
Et la Libye ? Grâce à la France, l’Angleterre et les Monarchies du Golfe et avec la bénédiction de l’Empire, la Libye est passée d’un « ordre dictatorial », assurant l’éducation et un minimum social à l’ensemble de la population, à un « désordre tribal », avec son marché d’esclaves, entretenu par des organisations intégristes et mafieuses. Que faut-il conclure ?
En déclarant, « nous avons travaillé avec ceux qu’on pouvait utiliser pour nous débarrasser du communisme, parmi ces gens il y avait les frères musulmans nous les avons financés et les États-Unis d’Amérique les a financés aussi … Si nous remontions dans le temps on ferait la même chose nous utiliserions à nouveau ces personnes », le prince héritier Mohamed Ben Salmane ne fait qu’affirmer que c’est ce que fait l’Arabie saoudite actuellement contre ce que j’appellerai l’axe de la souveraineté face à l’impérialisme anglo-américain et sioniste. Un impérialisme dans lequel, l’État français se dilue en retrouvant sa nature coloniale.
Et ce 24 avril 2018, en parlant de multilatéralisme devant le président américain, le président français simule une indépendance politique à laquelle D. Trump répond de manière cinglante : « Les gens connaissent ma position sur l’accord iranien, c’est un accord horrible ». Donc il faut un nouvel accord en intégrant les essais balistiques iranien concède le président français tout en faisant semblant de ne rien concéder. Et chacun, à sa manière, a accusé l’Iran de mener une politique hégémonique dans la région y compris au Yémen.
Mais rien sur les monarchies du Golfe et l’État d’Israël.
C’est ce qui nous ramène à « l’utilisation présumée » de l’arme chimique par l’armée syrienne dans la Goutha orientale. Une Goutha en phase d’être reconquise. Sur ce point, un analphabète sourd et muet mais doué de raison se poserai une seule question : quel est l’intérêt d’une armée, sur le point d’atteindre son objectif, d’utiliser une arme bannie par la communauté internationale ?
C’est le sénateur républicain, l’américain Ron Paul qui répond au muet en rappelant un précédent, le gazage présumée par l’armée syrienne de Khan Cheikhoun : « une mise en scène fabriquée de toute pièce ». Et le sénateur ajoute, pour lui expliquer les tenants et aboutissants de la mise en scène, « avant l’attaque chimique tout se passait bien et le président D.Trump disait que c’est au peuple syrien de décider lui-même qui dirigera le pays… Je crois que certains n’ont pas apprécié cela et il fallait qu’il se passe quelque chose ».
De telles mises en scène servent à émouvoir. Aux experts et spécialistes du langage de rendre transparent le « rat » dans cette mise en scène. Car émouvoir l’autre sert doublement : avoir un supplément d’âme tout en le dispensant d’être rationnel.
Des précédents ? En voici deux autres.
1°) L’affaire des couveuses et des « bébés morts sur le sol froid ». Nous sommes le 14 octobre 1990, la mise en scène a été conçue par un ancien conseiller en communication de Ronald Reagan. « L’actrice Sabah », fille de l’ambassadeur du Koweït, joue le rôle d’une infirmière visitant un hôpital au Koweït.
Conséquence de la mise en scène : face à des barbares : détruire l’Irak est la seule solution. Ainsi toute position politique contraire est marginalisée.
2°) La fiole du secrétaire d’État. Le 5 février 2003, au siège de l’ONU, le secrétaire d’État américain Colin Powell brandit à la face de l’humanité une fiole, contenant un liquide… La suite est connue… Morceler l’Irak en armant des organisations intégristes, financées par les monarchies du Golfe.
Détruire… Morceler, l’idéologue néo-conservateur K. Rove résume cet état de fait en des termes simples : « nous américains, nous sommes un Empire… Nous sommes les acteurs et les producteurs de l’Histoire ». Et il ajoute : « à vous tous, ils ne vous reste qu’à étudier ce que nous créons ».
Mais étudier le chaos créé par l’Empire avec un « esprit juste », et non un « esprit serviteur ».
Le bon, la brute et le truand joué par un même acteur et sans déguisement
Lors de l’interview du 12 avril 2018, le président E. Macron justifie le bombardement d’un État souverain, sans mandat international, en affirmant qu’il était « légitime » tout en ajoutant sans sourciller que « C’est la communauté internationale qui est intervenue ».
Dorénavant, nul besoin de l’ONU, les États-Unis, l’Angleterre et la France sont les porteurs de la Loi. Et s’ils bombardent c’est « pour l’honneur de la communauté internationale ».
Et tant pis pour le Droit international car, « regardons nos principes en face et demandons-nous où nous voulons aller : ces frappes ne règlent rien mais elles mettent fin à un système auquel nous nous étions habitués qui est que, en quelque sorte, le camp du droit serait devenu le camp du faible »[10].
Une logorrhée présidentielle qui n’explique pas en quoi l’acte est porteur d’espoir pour le peuple syrien. Elle contient en elle l’affirmation et la négation d’une même idée.
Quelle est la contribution française pour une solution politique respectant la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Syrie ?
Une telle question est hors sujet car le « camp du droit » passe à une nouvelle étape. « Arabiser » la guerre en Syrie, sunnisme aidant, en organisant une force militaire arabe d’intervention sous la tutelle de la monarchie wahhabite et sous commandement de l’OTAN. « Yéméniser » la Syrie, en quelque sorte. Reste à convaincre le président égyptien. C’était l’objet de la récente mission au Moyen-Orient de John Bolton, le nouveau conseiller à la sécurité nationale américaine.
Atteindre l’Iran, telle est la nouvelle orientation stratégique du « camp du droit », de l’État d’Israël et de l’Arabie saoudite.
Et la Turquie ? Le frère musulman, le président Erdogan, est prêt à s’allier avec le diable pour empêcher l’avènement d’un État kurde et si possible, créer un petit sultanat ottoman sur les décombres éventuels du Moyen-Orient de Sykes-Picot. Une stratégie à géométrie variable !
Et le peuple palestinien ?
Normalisation avec l’État d’Israël : traduction, oublier la Palestine
Je ne peux clore cet article sans souligner que le peuple palestinien était absent lors de l’interview du président E. Macron et de la conférence conjointe du 24 avril à Washington. Pourtant, le peuple palestinien, à travers la marche pacifique pour le retour, n’a fait que rappeler l’existence d’un droit au retour des réfugiés palestiniens, acté par la communauté internationale en 1948, (Résolution 194). Un droit au retour dont l’inspirateur, le Comte Folke de Bernadotte fut la première victime non palestinienne. Assassiné en 1948, par le groupe sioniste Stern, dirigé à l’époque par Yitzhak Shamir, devenu premier ministre de l’État d’Israël. Soixante-dix ans plus tard, plus de 40 morts et 300 blessés palestiniens pour ce même droit au retour. Un bilan qui a suscité un timide appel « à la retenue » de la part du camp du droit.
Mais quel est le bilan politique depuis les accords d’Oslo, signés en 1993 ?
Un peuple écartelé entre la Cisjordanie, devenue l’apartheid israélien et la bande de Gaza, une prison à ciel ouvert dont le gardien est l’État d’Israël… Suppléé par l’État égyptien.
De cause nationale commune à tous les États arabes, la Palestine est devenue une question subsidiaire. Une monnaie d’échange : une alliance entre le wahhabisme et le sionisme contre l’Iran en échange de l’oubli de la Palestine.
Enfin pour conclure, une question : le peuple palestinien est-il en train de prendre conscience que son droit à exister, en tant que peuple souverain, passe par la reconstruction de son unité politique, débarrassée du fardeau d’Oslo ?
Une existence qui s’inscrit dans le devenir de la résistance incarnée par l’Irak, la Syrie, la résistance libanaise et l’Iran…
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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