par Joseph M. Brincat.
Des origines arabes, un vocabulaire sicilien et italien et une forte influence de l’anglais, telles sont les caractéristiques d’une langue européenne originale et chargée d’histoire : la langue maltaise.
Situées au centre de la mer Méditerranée, les îles de Malte et de Gozo présentent un intrigant tableau linguistique. Bien qu’ils soient plus proches de la Sicile (93 km) que de la Tunisie (288 km) et de la Libye (355 km), leurs habitants, catholiques, culturellement et génétiquement européens, parlent aujourd’hui encore une langue qui est essentiellement une variété de l’arabe qui était parlé au Maghreb et en Sicile aux alentours de l’an 1000. Sa survie est unique, car alors que la Sicile, l’Espagne et Pantelleria avaient de leur côté abandonné l’andalou et le siculo-arabe, Malte a été épargnée par le changement des langues des Normands, des Souabes, des Angevins, des Aragonais et des Castillans tout en restant partie intégrante de la Sicile. Lorsque Charles V d’Espagne cède Malte aux Chevaliers de Saint Jean en 1530, l’île devient un État autonome, mais les Grands Maîtres (français, portugais ou catalans, avec une poignée d’Italiens) ne cherchent pas à mettre en place une politique linguistique qui aurait affecté la langue parlée. Ils se contentent d’utiliser le latin et l’italien comme langues de l’administration et de la culture. En outre, l’éducation scolaire étant médiocre et le taux d’alphabétisation oscillant autour de 10%, la population est restée majoritairement monolingue.
À l’époque de la domination musulmane (870-1091), la population est inférieure à 10 000 habitants, mais sous les Chevaliers de Saint Jean, elle atteint 100 000 habitants jusqu’en 1798. Elle continue à augmenter pendant la période britannique et dépasse aujourd’hui les 500 000 habitants. La disproportion entre son territoire (316 km², soit un peu moins du double de la superficie de l’île d’Oléron ou l’équivalent de la superficie de Mayotte) et sa population, ainsi que le grand nombre de patronymes siciliens, italiens et anglais, aux côtés de quelques noms de famille français et espagnols, révèlent l’importance de l’immigration dans la formation de la langue locale.
Des origines lointaines difficilement identifiables
On ne sait rien de la langue parlée à Malte à l’époque de la préhistoire. Elle aurait pu être « méditerranéenne » ou indo-européenne. Les premiers colons, venus de Sicile, sont restés en contact pendant cinq millénaires avec les régions voisines, mais n’ont laissé aucune écriture. Les premières inscriptions sont en punique, les Phéniciens s’y étant installés au VIIe siècle avant J.-C. Une inscription du IIIe siècle avant J.-C., qui a permis à l’abbé Barthélemy de déchiffrer l’écriture punique en 1758, montre que le punique et le grec étaient des langues de prestige. Un décret de proxénie envoyé de Malte à Syracuse, écrit en grec, indique que cette langue prévalait au début de l’époque romaine. La plus ancienne inscription latine a été produite 200 ans après la conquête romaine.
La définition des Maltais par Saint Luc, qui les qualifie de « barbares » dans sa description du naufrage de Saint Paul en 60 après J.-C, a été considérée comme la preuve que le punique était encore parlé à cette époque, mais le passage au latin semble plausible en 600 ans de domination romaine. Malte a ensuite été gouvernée par les Byzantins pendant 350 ans, et le grec aurait pu y être parlé à cette époque.
La langue parlée aujourd’hui ne présente aucun substrat, car l’arabe a été introduit de manière abrupte. Al-Himyari décrit un féroce raid musulman en 870 (255 dans le calendrier hégirien) et une nouvelle colonie en 1048-1049 (440 H.) composée de musulmans et d’esclaves. La dépopulation entre la conquête et la colonisation est suggérée par l’absence de cimetières musulmans et chrétiens, ainsi que par les toponymes locaux qui rappellent les noms de lieux arabes de la Sicile médiévale, notamment par la composante de raħal ou Ħal (Rahal Gidit et Rachal Saphy en Sicile, Raħal Ġdid et Ħal Safi à Malte). La langue maltaise présente, elle aussi, une affinité marquée avec la variété maghrébine qui était parlée en Sicile à l’époque normande. La conquête de Roger (mort en 1101) a introduit des éléments romans en Sicile et à Malte, où les coutumes arabes ont prévalu de 1091 à 1127 jusqu’à ce que Roger II de Sicile (1095/1154), qui fonde le royaume de Sicile en 1130 réaffirme sa domination et que la société adopte un style de vie européen.
Une île plus rapidement christianisée que romanisée
Ce qui distingue Malte de l’Espagne et de la Sicile, c’est qu’alors que la christianisation a été rapide et totale à Malte, la romanisation a été lente et n’a jamais été achevée. La coexistence entre musulmans et chrétiens est pacifique jusqu’en 1224. En 1241, le rapport du gouverneur Giliberto Abbate pour l’empereur des Romains Frédéric II fait état de 836 familles musulmanes malgré l’expulsion de 1224. En 1246, Frédéric expulse tous les musulmans de Sicile et de Malte. En 1270, un diocèse est répertorié, et en 1575 un visiteur apostolique recense 430 églises et chapelles. La romanisation de la langue s’est alors accrue, car les ordres religieux appartenaient à la province de Sicile et les notaires faisaient leurs études en Sicile.
À partir du moment où la variété locale de l’arabe a perdu le contact avec l’arabe classique, la langue s’est développée librement dans un processus de simplification phonétique, morphologique et syntaxique, parallèlement à l’adoption de plus en plus fréquente de termes siciliens. Tous les documents qui subsistent du XIVe au XVIe siècle sont écrits en latin ou en sicilien. Le dialecte parlé a survécu, mais l’arabe n’est utilisé que par une petite communauté juive. Lorsque les Chevaliers de Saint Jean sont arrivés en 1530, le sicilien a été abandonné au profit de l’italien. L’ordre des Chevaliers rédige de nombreux documents en italien, car, bien que les chevaliers italiens soient moins nombreux que ceux de France et d’Espagne, cette langue est considérée comme plus facile que le latin.
En outre, les chevaliers ont fait venir environ 3500 personnes de langue romane, dont des marins, des soldats et des domestiques. La population s’en est trouvée multipliée par cinq pendant leur règne et l’île s’est développée rapidement. La construction de La Valette – la capitale actuelle – a nécessité la présence d’artisans venus d’Italie et de France et des ouvriers de Sicile, dont certains ont épousé des filles locales dans les zones portuaires. Le vocabulaire technique du maltais s’enrichit alors de centaines de termes italiens. Dans le même temps, les Maltais éduqués commencent à écrire des ouvrages en italien qui sont publiés en Italie et à Malte.
Du punique au dialecte arabe nord-africain
Les définitions de la langue maltaise diffèrent alors : les habitants la considèrent comme une seule et même langue et l’appellent lingua maltensi (1436), lingua melitea (1549), tandis que les voyageurs étrangers entendant des sons inconnus la nomment parlata africana (1536), parlar saracino (1558), voire un langage arabe corrompu (1694). Hieronymus Megiser (1554 ou 55-1618 ou 19), linguiste et historien allemand qui voyage en Italie et à Malte en 1588-1589 est intrigué par les habitants de l’île et leur langue :
« Bien qu’ils soient chrétiens, ils font usage d’une langue sarrasine, maure ou carthaginoise ou lingua franca, qui est une sorte d’arabe et qui a pour origine l’hébreu. »
La classification scientifique des langues sémitiques était encore lointaine, mais Megiser a le mérite d’avoir fait imprimer en 1606 une brochure sur le maltais, le Propugnaculum Europae, qui recense 121 mots en traduction allemande. Jean Quintin (1536) associe la langue maltaise aux inscriptions puniques et, bien que l’écriture n’ait pas encore été déchiffrée, l’idée plaît à de nombreux érudits à Malte et le mythe a été perpétué pour des raisons politiques, religieuses et raciales. Toutefois, c’est l’historien Gian Francesco Abela (1647) qui comprend les véritables origines du maltais. Il est conscient du substrat arabe dans le dialecte sicilien et sait qu’une langue similaire est parlée à Pantelleria. En 1810, Wilhelm Gesenius (1786/1842), philologue et orientaliste allemand, apporte la preuve scientifique que les origines du maltais se trouvent dans un dialecte arabe nord-africain, mais le mythe punique est maintenu par certains érudits locaux jusqu’au XXe siècle.
La normalisation du maltais a suivi un processus lent. Au début, seuls quelques mots isolés apparaissent dans les actes notariés et dans les minutes du gouvernement local, principalement des noms de lieux et d’objets domestiques, mais vers 1470, Petrus Caxaro écrit un poème de 16 vers, une cantilena (cantilène), sur le modèle des genres romans. Ce texte est considéré comme le plus ancien texte en langue maltaise.
Des phrases occasionnelles dans des textes administratifs montrent que des mots siciliens/italiens ont été adaptés selon les règles de grammaire maltaise. Un exemple de 1473 dans une phrase sicilienne montre le mot « isfeduene » qui est sfidare (défier), avec l’initiale i pour le j d’aujourd’hui, un morphème dans la conjugaison des verbes au présent, troisième personne du singulier et du pluriel, avec la terminaison flexionnelle – w, qui indique la troisième personne du pluriel, « jisfidaw » (ils défient), et le suffixe pronominal – na, qui signifie « nous », donc « ils nous défient ».
La guerre et la religion comme armes
Pour des raisons pratiques et linguistiques, certains chevaliers de l’Ordre marquent leur intérêt pour la langue maltaise. Un chevalier provençal, Thezan, rédige des instructions sur le tir au mousquet pour les troupes de langue maltaise, une courte grammaire et un glossaire de 3000 mots en deux sections, maltais-italien et italien-maltais. Thezan est confronté à un dilemme qui a troublé les écrivains des XVIe et XVIIe siècles : l’orthographe des sons qui ne sont pas latins. Aujourd’hui, le maltais ne compte que deux de ces sons, le h aspiré (ħ) et le stop glottal (q), mais à l’époque, la prononciation était plus proche de l’arabe. Thezan ajoute dix lettres arabes à l’alphabet latin, mais Gian Pietro Francesco Agius de Soldanis opte pour un alphabet entièrement latin dans sa grammaire (1750) et son dictionnaire riche de 12 000 entrées. Plus tard, Michel Antonio Vassalli publie sa grammaire en 1791 et 1827, et un lexique en 1796 avec 18 000 entrées, adoptant douze lettres du grec et du punique, mais aucune issue de l’arabe.
Entre-temps, deux étapes importantes sont franchies dans le domaine religieux. Ignazio Saverio Mifsud écrit des sermons en italien et en maltais, et enrichit ce dernier de nombreux mots italiens et de phrases latines, tentant d’obtenir un style littéraire qui dépasse le langage courant. La traduction du catéchisme italien en maltais par Francesco Uzzino en 1752 a une portée encore plus grande. Cette traduction n’a aucune ambition littéraire, mais, pour la première fois, tous les jeunes sont tenus de l’apprendre par cœur pour leur première communion. Des termes religieux comme fidi (foi), liġi (droit) sagramenti (sacrements), Apostoli (Apôtres), Spiritu Santu (Esprit saint), etc. sont appris par leur répétition constante.
Ce qu’il convient de retenir c’est que le lexique administratif, religieux, culturel, juridique et médical tout autant que les mots de la langue utilisée dans les domaines de la construction, de la menuiserie et de la pêche sont en grande partie d’origine sicilienne ou italienne.
Les tentatives napoléonienne et anglaise
En 1798, Napoléon expulse les Chevaliers et amorce une politique favorisant la culture et la langue françaises. Face à cette prétention, les Maltais se rebellent et le roi de Naples envoie les Britanniques qui contraignent les troupes françaises à se rendre en 1800. En 1813, les Britanniques décident de garder Malte et lancent un processus d’anglicisation fortement rejeté par les classes éduquées maltaises qui estiment que l’italien répond à leurs besoins en matière de culture et d’administration. Une tentative de nommer des juges britanniques et de faire de l’anglais la langue des tribunaux échoue. Le clergé craint trop l’introduction du protestantisme.
Après 1848, un millier d’exilés italiens se réfugient à Malte. Certains sont restés pendant une ou deux décennies, d’autres définitivement, et ont donné un nouveau souffle à la culture locale, en organisant des conférences, des lectures de poésie, des pièces de théâtre et des opéras. Ils ont introduit le roman historique avec des héros locaux, insufflant l’élément patriotique typique de l’âge romantique. Les romans italiens sont traduits et imités. Ironiquement c’est pendant la période britannique que la culture italienne s’épanouit, mais après 1861, le Foreign Office craint que les Maltais ne soient tentés de s’allier à l’Italie, ce qui aurait alors permis à ce pays de contrôler la route nouvellement ouverte vers le canal de Suez.
Dans les années 1880, la crainte d’une invasion a conduit à la construction de nouvelles fortifications, tandis que les inquiétudes suscitées par le mouvement Terra irredenta ont donné lieu à de nouvelles attaques contre la langue italienne. Des commissions royales font des propositions pour renforcer l’anglais et supprimer l’italien dans les écoles. Une résistance s’organise et inspire la création des premiers partis politiques, impérialistes ou nationalistes. Les sentiments sont très forts et s’aggravent dans les années 1930, lorsque l’Italie fasciste devient l’ennemi, et que tout est fait pour dévaloriser l’italien : les avis publics sont uniquement rédigés en anglais, les noms des rues sont traduits en anglais, les noms de personnes et les enseignes de magasins en anglais sont encouragés.
Londres contre l’italien
La connaissance de l’italien et de l’anglais est limitée aux personnes éduquées : en 1842, le premier est parlé par 11% de la population et le second par seulement 5%, mais lorsqu’en 1931 l’anglais devient obligatoire pour travailler dans les forces britanniques, la police, la fonction publique et pour l’émigration, ce chiffre passe à 22,6%.
Après la Seconde Guerre mondiale, Malte change complètement. L’anglais devient à la mode, les cinémas projettent des films anglais et américains, les chansons pop remplacent l’opéra et, surtout, en 1946, l’enseignement primaire devient obligatoire et n’enseigne que le maltais et l’anglais. Le combat contre l’italien aura été favorable à la langue maltaise, car les Anglais avaient compris que sa promotion était indispensable pour mettre fin à la longue bataille culturelle.
Tout au long du XIXe siècle, la littérature maltaise se développe et trouve sa plus haute expression chez Dun Karm Psaila (1871-1961), poète maltais du début du XXe siècle, tandis que les grammaires, dictionnaires et manuels scolaires achèvent leur codification. L’alphabet est standardisé, composé de lettres latines avec quelques diacritiques : des points distinguent les ċ et ġ palatales des k et g vélaires, le s sonore devenait ż, le ħ barré signale l’aspiration, j et w étaient adoptés pour les semi-consonnes, x était adopté pour ch et q pour le stop glottal. Cette évolution suit le principe d’une lettre pour un son, mais għ et h, tous deux muets, sont conservés pour des raisons étymologiques. En 1924, la radio par câble relaie la BBC sur un canal et les programmes maltais sur l’autre, et pour la première fois, le maltais standard est entendu partout par les dialectophones analphabètes.
L’obtention d’un statut officiel
Le maltais obtient un statut officiel aux côtés de l’anglais et de l’italien en 1934. Une chaire de maltais est créée à l’université en 1937 et les examens dans les deux langues officielles deviennent obligatoires pour les emplois dans la fonction publique.
La langue italienne est supprimée en 1936, mais elle est de retour en 1957 lorsque la télévision italienne parvient à Malte. Elle assume alors un nouveau rôle : ni officielle ni limitée à la culture, elle devient un outil passif de divertissement et d’information. Elle conserve la plus forte audience jusque dans les années 1990 lorsque les stations locales obtiennent une part plus importante de diffusion. La télévision italienne est toujours regardée par environ 20% des téléspectateurs aux heures de grande écoute. L’italien est également la langue étrangère préférée dans les écoles secondaires. L’anglais est la langue d’enseignement de la moitié des matières dans les écoles et de toutes les disciplines, sauf les langues bien entendu, à l’université. Il est également privilégié pour la lecture et l’envoi de courriels et de SMS, ainsi que pour les opérations bancaires par guichet automatique, mais le maltais est parlé par plus de 90% de la population et compte deux quotidiens (trois en anglais), trois grandes chaînes de télévision et des chaînes de radio locales. La production de livres et de pièces de théâtre est également florissante.
En 2003, le maltais devient l’une des langues officielles de l’Union européenne.
À la périphérie de l’arabe
Le profil de la langue d’aujourd’hui est révélé par la composition du lexique. Dans le Dictionnaire maltais-anglais de Joseph Aquilina (1987-1990), les mots arabes représentent 32,4%, les mots siciliens et italiens 52,5%, l’anglais 6,1%. Le dictionnaire comprend des archaïsmes et des termes rares parmi ses 41 016 entrées, mais la version abrégée reflète l’usage réel : ses 22 649 entrées montrent plus de mots siciliens et italiens (61,61%), moins de mots arabes (22,42%) et une légère augmentation des mots anglais (8,45%).
Cependant, les mots arabes comprennent les termes grammaticaux et le vocabulaire de base, et sont plus fréquemment utilisés. Avec les règles de grammaire (bien que simplifiées), ils définissent la langue comme une variété, bien que « périphérique », de l’arabe. Quelques exemples du domaine de la famille suffiront ici : les membres du noyau interne familial ont des noms arabes : omm, iben, bint, ir-raġel, il-mara, tifel, tifla, (mère, fils, fille, mari, femme, garçon, fille), mais le mot pour « père » est sicilien, missier. Les autres membres de la famille portent des noms siciliens/italiens : nannu, nanna, ziju, zija, neputi, neputija, kuġin, kuġina, (grand-père, grand-mère, oncle, tante, neveu/petit-fils, cousin, cousine), et le mot pour « famille » est familja et pour « parents » qraba.
La complémentarité de l’arabe et du sicilien/italien se retrouve également dans les jours de la semaine (du lundi au dimanche) : it-tnejn, it-tlieta, l-erbgħa, il- ħamis, il-ġimgħa, is-sibt, il-ħadd ; mais les mois de l’année sont : jannar, frar, marzu, april, mejju, ġunju, lulju, awissu, settembru, ottubru, novembru, diċembru. Cette stratigraphie marque tous les autres domaines ; par exemple à propos du pain, on a : ħobż, hobża, qoxra, lbieba, frak, ftira (pain, miche, croûte, mie, miettes, pain bas de forme circulaire) ; bezzun, tal-kexxun, panina, ċabatta, malji (petit pain, pain de mie, petit pain plat, petit pain tressé) ; sandwich, toast, baguette.
Dans le langage informel de tous les jours, on observe beaucoup de changements de code ; d’une part, parce que la plupart des matières sont enseignées en anglais et que leurs termes sont les premiers mots qui viennent à l’esprit et, d’autre part parce que les jeunes générations de parents préfèrent parler anglais à leurs enfants. Pour l’instant, ce comportement ne conduit pas à un changement de langue, car en grandissant, les enfants voient le maltais comme une langue d’adulte. Aujourd’hui, la source d’innovation n’est plus l’italien, mais l’anglais, et certains mots courants sont adaptés : kettle > kitla (bouilloire). D’autres sont sicilianisés : evaluation > evalwazzjoni, ou deviennent de faux amis : related > relatat, involved > involut, et de nouvelles formations sont créées : enforceable > inforzabbli, developers > żviluppaturi, privacy > privatezza, occupancy > okkupanza. Il s’agit là d’une nécessité pour que la langue suive le progrès social. Un problème délicat est de savoir comment transcrire des mots anglais non adaptés, comme bicycle (bicyclette) et washing machine (machine à laver). Faut-il écrire bajsikil ? woxing maxin ? Il n’est pas facile de décider s’ils sont irremplaçables ou traduisibles. Sinon, étant donné qu’il s’agit de mots anglais reconnaissables, on peut les attribuer au code switching, auquel cas ils sont écrits dans leur orthographe originale.
Il est compréhensible que la pression de l’anglais dans une situation bilingue comme celle de Malte soit très forte. Comme le montre le recensement de 2011, presque tous les citoyens nés à Malte connaissent le maltais (99,6%) et l’anglais (91,3%), beaucoup connaissent également l’italien (61,3%) et le français (21,4%), mais peu connaissent l’allemand (5,1%) et l’arabe (4,3%).
source : Orient XXI
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