La Chine a annoncé avoir signé avec les îles Salomon un vaste accord de sécurité, au moment où plusieurs pays occidentaux, États-Unis en tête, prêtent à Pékin des ambitions militaires dans le Pacifique.
L’accord a été signé par le ministre des affaires étrangères chinois, Wang Yi, et son homologue des îles Salomon, Jeremiah Manele.
Assurer la sécurité dans les îles
Cet accord consolide la lettre d’intention signée par l’ambassade de Chine et des responsables des îles Salomon, prévoyant l’envoi de policiers et de militaires chinois, selon les besoins, pour protéger les infrastructures et l’ordre social, mais l’accord n’avait pas été ratifié par les gouvernements.
D’ailleurs, en mars 2022, une version préliminaire de l’accord avait été publié dans les médias, provoquant l’inquiétude de Canberra et Washington. Or l’accord a été confirmé le 29 avril. Le document avait suscité de vives critiques de la part des américains et australiens, car il comprenait des propositions autorisant des déploiements sécuritaires et navals chinois dans l’archipel du Pacifique.
Les îles Salomon ont été secouées à la fin de 2021 par des émeutes meurtrières alimentées par le ressentiment d’une partie de la population contre l’influence grandissante de la Chine, et la politique intérieure du gouvernement.
La Chine avait été l’un des acteurs de la région à déployer aux îles Salomon des forces de maintien de la paix à la demande du gouvernement. De plus, Pékin avait envoyé instructeurs de police et matériel antiémeute.
Il s’agit d’une coopération « normale entre deux pays souverains et indépendants », a déclaré un porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin. L’accord permettra de soutenir « la stabilité à long terme » des îles Salomon, a indiqué ce dernier.
Australiens et Américains inquiets
Au début du mois d’avril, le Premier ministre, Manasseh Sogavare, avait assuré qu’il ne permettrait pas la construction d’une base militaire chinoise dans son pays. Cette décision n’a pas suffi à apaiser les craintes de l’Australie voisine et de ses alliés.
D’ailleurs, il est reproché au premier ministre, Manasseh Sogavare, de vouloir forger des liens plus étroits avec la Chine après avoir rompu en 2019 les relations avec Taïwan. De plus, Canberra et Washington s’inquiètent de la possibilité que la Chine construise une base navale dans le Pacifique Sud, ce qui lui permettrait de projeter sa puissance maritime bien au-delà de ses frontières.
Ces dernières semaines, l’Australie et les États-Unis ont multiplié les efforts diplomatiques pour dissuader les îles Salomon de se rapprocher de la Chine. « Nous pensons que la signature d’un tel accord risquerait d’accroître la déstabilisation au sein des îles Salomon et de créer un précédent inquiétant pour la région des îles du Pacifique dans son ensemble », a estimé lundi le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price.
Par la suite, les États-Unis ont annoncé l’envoi d’une délégation diplomatique de haut niveau pour une tournée dans le Pacifique, avec les Salomon comme priorité pour contrer les ambitions de la Chine.
Alors que Washington cherche à renforcer sa présence dans la région pour contrer l’influence chinoise, les États-Unis avaient annoncé en février rouvrir une ambassade aux îles Salomon, après vingt-neuf ans de fermeture.
Les îles Salomon défendent cet accord
Le Premier ministre des îles Salomon, Manasseh Sogavare, a indiqué que son gouvernement avait signé en toute conscience un accord de sécurité avec la Chine.
« Permettez-moi d’assurer au peuple des îles Salomon que nous avons conclu un accord avec la Chine les yeux ouverts, guidés par nos intérêts nationaux », a déclaré Manasseh Sogavare au Parlement ce 20 avril, demandant aux « voisins, amis et partenaires de sa nation de respecter les intérêts souverains des îles Salomon ».
Il a ajouté que c’était un « honneur et un privilège » d’annoncer la signature de l’accord par les officiels à Honiara et à Pékin « il y a quelques jours ».
Manasseh Sogavare a demandé à tous les « voisins, amis et partenaires de son pays de respecter les intérêts souverains des îles Salomon ». La ministre australienne des Affaires étrangères, Marise Payne, a elle critiqué les îles Salomon pour leur « manque de transparence » et leur incapacité à consulter les autres nations du Pacifique au sujet de l’accord.
Le Premier ministre australien Scott Morrison a indiqué qu’il se rendrait dans les îles Salomon « à la première occasion ». « Nous traitons les voisins du Pacifique comme des frères et sœurs et nous pensons qu’il ne faut pas aller dire aux dirigeants des îles du Pacifique ce qu’ils doivent ou ne doivent pas faire », a déclaré Scott Morrison, qui est critique pour avoir négligé les relations avec les Salomon.
source : Chine Magazine
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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