par Christelle Néant.
Le 3 avril 2022, les autorités ukrainiennes et les Occidentaux ont accusé la Russie d’avoir commis un massacre sur des civils de Boutcha, une localité située en périphérie de Kiev. Mais plusieurs incohérences indiquent que le massacre de Boutcha est un épisode digne de l’affaire des charniers de Timisoara (un cas d’école de désinformation).
Pour comprendre ce qui s’est réellement passé, il faut reprendre la chronologie des événements.
Le 30 mars 2022, l’armée russe se retire de Boutcha, dans le cadre du redéploiement des troupes vers le théâtre principal des opérations, à savoir le Donbass. Alexandre Kots, un journaliste qui était avec les troupes russes à Boutcha dit même que l’armée russe avait commencé à se retirer de cette zone déjà plusieurs jours avant, et que le 30 mars est juste la date à laquelle les derniers soldats sont partis. L’armée ukrainienne n’a pas réalisé immédiatement que l’armée russe était partie et a continué à bombarder la zone pendant plusieurs jours, ce qui a pu provoquer des pertes civiles.
Le 31 mars 2022, le maire de Boutcha, Anatoli Fedorouk, enregistre une vidéo, où il exprime sa joie concernant le départ des forces armées russes de sa ville. À aucun moment dans la vidéo il ne parle de massacre de civils. Le maire affiche un grand sourire et parle de victoire, etc. Pas un mot sur un éventuel massacre àBoutcha, pas un mot sur des pertes civiles. Rien. Ce qui est pour le moins étrange.
My brother sent this to me. Town of Bucha northwest of Kyiv. The amount of dead citizens on one street alone…I just can’t even process. pic.twitter.com/KOSwISih6N
— Viktoriia (@ViktoriiaUAH) April 1, 2022
Le 2 avril 2022, la police ukrainienne publie une longue vidéo de leur périple dans Boutcha, où on ne voit qu’un seul corps dans l’ensemble des rues visitées (au début de la vidéo-, et au vu de l’état de ce dernier, il est évident qu’il a été tué par un bombardement.
Le même jour, le 2 avril 2022, le chef de la défense territoriale de Kiev, Sergueï Korotkikh, surnommé Botsman (qui a combattu dans le régiment néo-nazi Azov), publie plusieurs vidéos du travail de « ses gars ». Dans la deuxième vidéo de son post, à 6 secondes on entend clairement un des gars demander s’il peut tirer sur les « hommes qui n’ont pas de brassard bleu » (brassards de l’armée ukrainienne). Ce à quoi son commandant (Botsman) répond positivement.
Or, un certain nombre de corps, dont ceux se trouvant dans la fameuse « cave de torture », portent des brassards blancs, typiques des civils vivant dans une zone sous contrôle russe (ces brassards servent à indiquer qu’ils ne sont pas hostiles), et qui font écho à ceux de l’armée russe en Ukraine.
Si on regarde les différents corps quatre localisations différentes se dessinent :
– La fosse commune située près de l’église Saint Andreï. La tranchée a été creusée par les autorités municipales en concertation avec les troupes russes, pour y enterrer des civils morts lors des échanges de tirs entre l’armée russe et l’armée ukrainienne. Et cette tranchée ne date pas du 30 ou 31 mars, mais de la mi-mars comme le prouve cette vidéo datée du 13 mars, où on voit que les corps ont été enterrés décemment. La vidéo dit d’ailleurs clairement que les gens enterrés sont morts à cause des bombardements. Rien à voir donc avec des civils exécutés par l’armée russe. Il y aurait 67 corps dans cette fosse commune d’après la vidéo.
Enfin pour finir d’achever le tableau, dans une interview donnée au média Meduza (classé comme agent étranger en Russie), une femme vivant à Boutcha et membre de la défense territoriale (donc pas une pro-russe), dit elle-même que « les personnes allongées sur Iablonskaya sont mortes à cause de tirs chaotiques », et elle ne rapporte aucun cas de tir des soldats russes sur des civils pendant le temps où ils contrôlaient la ville. Plutôt bizarre.
Si on prend maintenant toutes ces informations, et qu’on analyse ce qui ressort de tout ça, voici le scénario qui se dessine :
– Le 30 mars 2022 l’armée russe retire ses derniers soldats de Boutcha. Mais l’armée ukrainienne ne s’en rend pas compte immédiatement et continue de tirer sur la ville pendant plusieurs jours, et entre autre la rue Iablonskaya où se trouvait un bâtiment occupé par les troupes russes.
– Le 31 mars 2022 le maire de Boutcha fait une vidéo pour célébrer la libération de la ville, et ne mentionne pas de civils massacrés par les troupes russes ou de corps visibles dans les rues.
– Le 1er avril 2022, les corps de la rue Iablonskaya sont filmés depuis une voiture et la vidéo est publiée tard le soir sur Twitter. Ce qui veut dire que ces personnes sont certainement mortes le 31 mars (après l’heure de tournage de la vidéo du maire) ou le 1er avril (avant l’heure de tournage de la vidéo montrant les corps).
– Le 2 avril 2022, la police ukrainienne filme les rues de Boutcha et seul un corps manifestement tué par un bombardement apparaît en début de vidéo. Aucune mention de massacre, ni même des morts de la rue Iablonskaya. Pourtant l’information est connue puisqu’une vidéo circule déjà depuis la veille. Mon hypothèse est que la police ukrainienne n’a pas voulu montrer les corps car ces civils ont été tués par des bombardements de l’armée ukrainienne et pas par les troupes russes. La police aurait donc chercher à éviter de mettre en avant ce crime de l’armée ukrainienne envers sa propre population. Il semble que la police ukrainienne n’a pas eu l’idée d’exploiter ces morts pour en faire porter la responsabilité à la Russie. Ce qui lui vaut des remontrances.
– Le 2 avril 2022 toujours, l’équipe de combattants ukrainiens de Botsman arrive aussi à Boutcha avec la police ukrainienne pour débusquer d’éventuels saboteurs ou complices des troupes russes. Les troupes de Botsman reçoivent l’autorisation de tirer sur les hommes ne portant pas un brassard bleu. Les troupes ukrainiennes auraient alors capturé, torturé et tué plusieurs civils qu’ils considéraient comme ayant collaboré avec les Russes. C’est à ce moment-là qu’apparaissent des photos de civils torturés et tués avec les mains attachés dans le dos, dont la mort est attribuée aux Russes. Pareil pour les civils qui avaient été enterrés dans la fosse commune près de l’église à la mi-mars, et ce alors qu’ils sont morts lors de bombardements et pas du tout exécutés par les soldats russes.
Si on met bout à bout les 67 civils enterrés dans la fosse commune, la vingtaine de corps dans la rue Iablonskaya, et les neuf près et dans le bâtiment où s’étaient installés les soldats russes, on est très loin des 410 corps annoncés par les autorités ukrainiennes. Des civils sont morts à Boutcha, mais la plupart l’ont été lors des bombardements de la ville, y compris lors de bombardements menés par l’armée ukrainienne, et neuf ont été manifestement torturés et assassinés par les troupes ukrainiennes pour collaboration avec les troupes russes.
Comme on peut le voir cette affaire du massacre de Boutcha ressemble furieusement à celle des charniers de Timisoara, mais à la sauce ukrainienne. Il est clair qu’il faut une enquête internationale impartiale et rapide sur ce qui s’est passé à Boutcha. Mais il semble que cela n’est pas à l’ordre du jour, les Occidentaux refusant la demande de la Russie d’organiser une réunion urgente du Conseil de Sécurité de l’ONU sur ce qui s’est passé à Boutcha.
source : Donbass Insider
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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