Premier raid aérien contre la Russie depuis 1945

Premier raid aérien contre la Russie depuis 1945

Une des roquettes S-8 (80mm) tirées par un hélicoptère d’attaque Mi-24 “crocodile” ukrainien sur un dépôt d’hydrocarbures à Belgorod, en Russie.
La roquette S-8 est un projectile simple non guidé mis en service au sein des forces soviétiques en 1984.

Deux hélicoptères d’attaque ukrainiens de type Mi-24 “Crocodile” ont décollé de la région frontalière de Kharkov et ont pénétré en territoire russe à basse altitude où ils ont mené une attaque aux roquette contre un dépôt d’hydrocarbures à Belgorod causant d’immense dégâts aux infrastructures russes de la ville frontalière. C’est la première attaque aérienne  contre le territoire russe depuis 1945.

Les hélicoptères d’attaque ukrainiens ont déversé leur dominos lance-roquettes sur les réservoirs de carburants avant de retourner en Ukraine. Il semble que la ville russe frontalière de Belgorod ne dispose d’aucun système de défense antiaérienne de courte portée ou de DCA.

En riposte à cette action inédite, les forces russes ont tiré une salve de missiles tactiques Iskander M sur des cibles militaires à Kharkov.

Selon des informations dont nous avons été rendus destinataires mais qui n’ont pas été vérifiées, les forces aériennes ukrainiennes disposent encore, au 01er avril 2022, de 59 appareils à voilure fixe et à voilure tournante dans un état opérationnel. Ce qui veut dire que l’aviation ukrainienne n’a pas été neutralisée après plus d’un mois d’opérations militaires russes en Ukraine. Cela signifie que le haut commandement russe aurait non seulement menti à la plus haute hiérarchie politique mais souffre de l’incompétence avérée de certains de ses officiers.

Le président Vladimir Poutine a été informé de ce raid et un porte-parole du Kremlin a affirmé que cette action annulait les perspectives de pourparlers en vue d’un cessez-le-feu.

Pour notre part, nous avons émis de sérieux doutes sur l’operation militaire russe spéciale en Ukraine après avoir constaté que la ville de Kharkov (nous utilisons ici l’ancienne toponymie soviétique), la deuxième plus grande ville d’Ukraine et adjacente à la frontière russe ait résisté au-delà d’une semaine. Il nous a semblé inconcevable qu’un pays comme la Russie ne puisse pas prendre le contrôle d’une ville située à 30 kilomètres de son territoire, soit à portée de canon. C’était le premier détail qui nous semblait incongru dans cette opération russe qui semble se dérouler mal depuis le le premier jour, non pas à cause de la résistance ukrainienne mais à cause de facteurs négatifs minant le haut commandement russe (passe-droit, piston, promotion d’incompétents au détriment du mérite, corruption, etc.)

Après ce raid aérien historique, il est probable que la Russie va augmenter le rythme de ses raids aériens et de ses bombardements sur l’ensemble du territoire ukrainien. Cependant, il semble clair que la stratégie adoptée par des généraux non identifiée et qualifiée de novatrice dans le domaine de la stratégie militaire, ne soit pas la mieux adaptée à un pays comme l’Ukraine, le plus grand pays d’Europe de par la superficie et disposant avant la guerre des unités blindées les plus importantes du continent.

Autre fait étrange : les forces armées russes ont foncé tête baissée contre un adversaire dont ils n’ont même pas pris le soin de réduire par les procédures habituelles avant le déclenchement d’une attaque: aucune préparation d’artillerie, pas de suppression des défenses aériennes (SEAD), aucun brouillage électromagnétique, aucun ciblage des infrastructures énergétiques durant les vingt premiers jours…Les Russes ont même parachuté leurs troupes aéroportées dans le tas sans collecte d’information suffisantes par le renseignement militaire et sans aucun appui d’artillerie ou d’aviation. C’est une tactique téméraire mais qui aboutit rarement à un résultat satisfaisant. Maintenant, la situation doit être un peu plus claire au Kremlin, qui doit adapter une nouvelle stratégie pour éviter un elisement souhaité par Washington car il justifie non seulement l’existence d’une alliance aussi obsolète que l’Otan, mais offre une faille de taille aux hyènes hurlantes ayant pris en otage Washington. Le retour au principe de réalité au sein du haut commandement russe devrait se traduire par deux options dont les deux seront basées sur une inflexion russe. D’un cote, il n’y aura pas de retour au statu ante bellum puisqu’il était déjà insupportable et a mené à une guerre forcée; d’un autre côté, les Russes ne peuvent plus faire machine arrière sans cesser d’exister. l’Ukraine n’est qu’un théâtre parmi une dizaine: les pays Baltes, la Roumanie, la Pologne, la Bulgarie, la Finlande et la Géorgie sont viscéralement anti-russes et sont des “Ukraine” en puissance 2.

Le Grand jeu, naguère centré sur l’accès aux eaux chaudes de la Méditerranée et de l’océan indien, est devenu en 2022 une roulette russe sur les rives du Dniepr…

Mise à jour:

Alexeï Danilov, membre du Conseil ukrainien de la sécurité et du conseil défense a totalement démenti toute attaque ukrainienne contre Belgorod en affirmant: ” Pour des raisons quelconques, ils [les Russes ndlr] disent que nous l’avons fait. En réalité ceci n’est pas du tout vrai. Nous ne commentons pas cela”

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À propos de l'auteur Strategika 51

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