Le combat pour le marché énergétique européen a toujours été très fort entre les États-Unis et la Russie. L’intérêt des pays européens était justement de garder un équilibre entre les différentes puissances, afin de préserver une certaine indépendance. C’est cet équilibre que l’UE a brisé en suivant le diktat américain de sortie à n’importe quel prix du gaz russe, Russie qui en attendant, en contre-partie des sanctions adoptées contre elle, ressortant plus de la piraterie que du droit, exige un paiement en roubles, ce qui rendrait ces sanctions justement inutiles.
Au prétexte de la réponse militaire russe en Ukraine, les pays occidentaux s’attaquent à la Russie pour lui couper les vivres, avec des méthodes de pirate : réserves de la Banque centrale « expropriées », avoirs bloqués, propriété de citoyens russes « réappropriée ». Manifestement, la sacralité du droit de propriété n’a pas lieu d’être à l’égard de la Russie et le droit en général semble totalement dépassé.
En réponse à cela, le 23 mars, Poutine annonce une mesure, qui déstabilise ce si petit monde atlantiste – les livraisons de gaz devront être payées en roubles :
« J’ai pris la décision de mettre en œuvre un ensemble de mesures pour passer au paiement en roubles de notre gaz livré aux pays hostiles, et de renoncer dans tous les règlements aux devises qui ont été compromises », a déclaré le président russe lors d’une réunion gouvernementale, expliquant qu’il s’agissait d’une réaction au gel des actifs de la Russie en Occident (…). Vladimir Poutine a demandé à la banque centrale et au gouvernement d’établir « dans un délai d’une semaine » le nouveau système qui doit être « clair, transparent » et implique « l’acquisition de roubles sur le marché » russe des changes. Vladimir Poutine a également laissé entendre que d’autres exportations russes seraient concernées, les Occidentaux ayant gelé quelque 300 milliards de dollars de réserves russes détenues à l’étranger, mesure que le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a qualifié de « vol » mercredi. « Il est clair que livrer nos marchandises à l’UE, aux États-Unis, et recevoir des dollars, des euros, d’autres devises, ne fait plus aucun sens pour nous », a dit Vladimir Poutine.
Alors que les sanctions adoptées visaient à faire s’écrouler le rouble, celui-ci depuis cette annonce reprend du poil de la bête et ainsi, l’annonce du paiement en rouble risque de rendre inefficaces les sanctions financières et économiques adoptées au regard de la monnaie. Les États-Unis et leurs pays satellites ne pouvaient laisser passer un tel « affront » et refusent de payer en roubles. Ursula von Leyen et Borrell annoncent que l’UE refuse le paiement en roubles et Borrell d’aller plus loin en étant certain que de toute manière la Russie livrera le gaz. Les pays du G7, dans une poussée de légalisme aigu, ont également affirmé leur refus du paiement en roubles. Il est étonnant qu’alors, s’ils veulent revenir strictement dans le giron juridique, ils ne rendent pas ses avoirs et ses biens à la Russie …
De son côté, le porte-parole du Kremlin a précisé que la Russie ne livrera pas gratuitement de gaz. Le combat est ouvert. Rappelons que l’UE achète 40% de son gaz à la Russie et les pays européens sont liés à des degrés différents :
L’on comprend que la République Tchèque ait déclaré vouloir rester en dehors de cette guerre du gaz et n’envisage pas de renoncer au gaz russe.
Pourtant, la relève est prête, elle attend depuis longtemps et est déjà bien implantée : les États-Unis vont « aider » l’Europe. Trop aimable de leur part, après avoir provoqué toute cette crise. Cette aide va encore coûter très cher aux pays européens …
Donc, pour résumer, les pays européens s’étant tiré une balle dans le pied en s’élançant dans la course aux sanctions, afin de protéger les intérêts américains globaux, se sont, en tout logique, constitués prisonniers. Je cite CNN :
« Le président américain Joe Biden et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont annoncé vendredi la constituion d’un groupe de travail commun pour sortir l’Europe de sa dépendance au pétrole et de gaz russes.
Le comité, présidé par les représentants de la Maison Blanche et de la Commission Européenne, aura pour objectif de trouver d’autres fournitures de gaz naturel liquéfié, et de réduire la demande globale de gaz naturel.
Les États-unis travailleront en vue de la fourniture de l’Europe d’au moins 15 milliards de mètres cubes de gaz naturel liquéfié, en 2022, en partenariat avec d’autres nations, a déclaré la Maison Blanche. »
Dans une interview à Sky news Arabia, Borrell a déclaré que d’ici deux ans, l’Europe pourrait se passer du gaz russe. À quel prix ? Que restera-t-il de l’économie européenne à ce rythme-là, si déjà maintenant les Français sont sommés de faire des économies de consommation d’énergie, sinon l’on ne passera pas l’hiver prochain ? Sans même parler de la hausse inédite du prix du gaz.
Et tout cela, formellement, au nom de la guerre en Ukraine, sur laquelle nos élites ne veulent pas ou ne peuvent pas se permettre d’ouvrir les yeux : cette guerre a commencé en 2014, quand les États-Unis, avec le soutien de la France, de la Grande-Bretagne et de l’Allemagne, ont fait tomber un gouvernement légitime en Ukraine, ont lancé des groupes extrémistes et provoqué une guerre civile. De ce point de vue, leur attitude actuelle, si elle est immorale, est logique : ils n’ont plus le choix, ils doivent aller jusqu’au bout. Quitte à faire s’écrouler nos sociétés au passage.
source : Russie Politics
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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