par Strategika 51.
L’innovation en matière de stratégie militaire n’aboutit pas toujours à un résultat optimal. En Ukraine, le concept de guerre de nouvelle génération consistant en l’implémentation d’un art opérationnel contournant les villes s’est révélé insuffisant face à une armée ukrainienne qui se cache dans les villes au milieu des civils en l’absence de capacités de guerre informationnelle contrant la guerre hybride occidentale déchaînée contre la Russie.
La question de savoir si la Russie pouvait éviter le déclenchement d’une opération militaire en Ukraine ne se pose plus. Il n’y avait aucun autre choix possible pour la Russie. Elle a même accusé un retard considérable en terme de réaction car l’OTAN ne cessait de s’approcher de l’Oural et avait de solides bases en Ukraine, dans les pays Baltes et en Roumanie. Quand au ressentiment, il est ancien et a été totalement éludé par l’histoire officielle à des fins de construction étatique et de cohésion de l’ensemble soviétique. Pour certains analystes revisionnistes, il s’avère désormais que ce qui s’est passé à Katyn, les succès initiaux fulgurants de l’opération Barbarossa de 1941, le complot des blouses blanches et la mort suspecte de Staline, l’avènement de Khrouchtchev, la rupture entre l’URSS et la Chine puis le début de la chute avec Brejnev et Gorbatchev furent plus ou moins influencés par la haine tenace que portaient les habitants de l’Ukraine occidentale aux autres peuples de l’ex-URSS et plus particulièrement aux Caucasiens.
L’opération militaire spéciale russe en Ukraine se transforme en guerre totale. C’est un avatar de guerre civile dans l’espace post-soviétique aggravé au plus haut point par l’ingérence flagrante de l’empire dans le territoire ukrainien. Cette guerre mérite que l’on s’y arrête même si elle n’est qu’à son début. Nos estimations sur sa durée varient entre six mois (fourchette la plus basse possible dans le cas d’un scénario optimiste) à un peu plus d’une année avec la possibilité de scenariii catastrophiques. Les Russes doivent être cohérents : ils ne peuvent pas s’emparer des territoires et laisser en place les anciennes administrations et le drapeau ukrainien. Le soldat russe venu du fin fond de la République de Tyva ou de l’Altaï ne comprend pas ces incohérences du leadership russe. Pour certains généraux russes particulièrement remontés contre les atrocités commises par les unités paramilitaires ukrainiennes, il fallait expliquer le paradoxe suivant : la Russie, plus grand pays du monde de par la superficie énorme, n’a pas besoin de s’emparer de nouveaux territoires mais l’expansion de l’OTAN en Ukraine mettait en péril la survie même de la Russie et par conséquent il fallait rendre l’Ukraine, ex-territoire soviétique, à la Russie. Cet aspect extrêmement important n’a pas été retenu. Les soldats russes avancent mais laissent les choses en l’état parce qu’ils ne savent pas s’ils doivent detruire ou pas les structures étatiques ukrainiennes.
La Russie peut-elle arrêter la guerre maintenant et se retirer ?
Ce sera perçu non seulement comme une défaite totale mais obligera la Russie à fortifier le Valdai et l’Oural pour se défendre contre un OTAN ayant le vent en poupe qui n’hésitera pas une seule seconde à pousser l’avantage vers Moscou. Ceci conduira à court terme à une guerre thermonucléaire assurée.
Selon une source militaire d’un pays allié de la Russie, même si le président russe Vladimir Poutine voulait mettre un terme à l’opération militaire en Ukraine, il ne pourra pas le faire. La rage du commandement militaire russe et celle des populations après les exactions extrême des fascistes ukrainiens sont telles qu’ils sont prêts à tout sacrifier pour neutraliser la menace fatale qui s’est installée en Ukraine depuis 2014. Les militaires russes commencent à prendre conscience de l’enjeu mettant en péril la survie même de la Russie. La venue de mercenaires étrangers via la Pologne a choqué nombre de Russes qui le perçoivent comme une violation insupportable similaire à celui du débarquement des alliés britanniques et français en pleine guerre civile de 1919.
Une autre erreur commise par le monde dit libre, c’est à dire asservi, est d’avoir créée une sorte d’hystérie fictive anti-russe parce qu’au final ce ne sont que des effets d’annonce. Les importations de diamants russes par exemple sont exclues des sanctions car elles toucheraient les élites au pouvoir dans ce que l’on appelle de manière erronée l’Occident. Ce n’est pas le seul domaine où les sanctions antirusses ne se posent pas. Cette hystérie relayée par des médias et des milieux dits « Woke » a fait perdre à la majorité de l’opinion russe ses dernières illusions et ouvert les yeux des plus insouciants sur le racisme extrême et la russophobie sans limite du monde dit libre. Cette prise de conscience est en train de galvaniser les Russes au point où certains officiers supérieurs appellent ouvertement à l’usage de l’arme nucléaire. Les plus lucides se sont tournés vers la Chine depuis longtemps.
Les images qui nous viennent d’Ukraine sont choquantes. Les images des mercenaires ou des soldats tués n’impressionnent guère. Ils savaient qu’ils allaient mourir et c’est leur vocation. Celle des volontaires totalement idiots venus d’une soixantaine de pays est totalement méritée : c’est des suicidaires enthousiastes et ils ont trouvé une mort ultraviolente dont ils rêvaient. Par contre, ces images de tombes improvisées devant des immeubles d’habitation, de piles de cadavres d’enfants en bas âge ou de civils ne peuvent que choquer et nous inspirer un profond dégoût, au point où nous estimons qu’il devient inapproprié d’analyser ce conflit. Mais ce qui ce passe en Ukraine n’est pas nouveau. Il se répète depuis des decennies, voire des centaines d’années avec les guerres de l’empire et avant cela les guerres coloniales atroces qui se déroulaient loin des médias et de cet outil moderne qu’est Internet. C’est un phénomène qui risque de s’étendre à nous tous. À fortiori avec la menace réelle de la guerre thermonucléaire car la sénilité, idiotie, l’incompétence et la gabegie des pseudo élites de l’empire et leur vassaux serviles, qui ont été à l’origine de l’opération C19 et maintenant de cette nouvelle thématique de guerre froide 2.0 chaude sont prêtes à plonger le monde dans l’holocauste nucléaire.
C’est pour cette raison que nous continuerons à commenter cette guerre, laquelle est la continuation de ce que nous considérons la troisième guerre mondiale entamée au début des années 90 et relancée en 2001.
Le Grand jeu est devenu brûlant comme le soleil. C’est une période historique très difficile où il faudra demeurer lucide et concentré. L’an 2022 n’est que le début d’une longue descente aux enfers.
source : Strategika 51
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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