L’histoire, du long terme au très-très-court
En 2011 à Arrêt sur Images, Emmanuel Todd l’historien est opposé à Mélenchon le politique, en présence de Judith Bernard, la belle et savante prof de français "de gauche" ici. Todd précise le sens de l’échange: Moi Todd suis démocrate occidental, qui appartiens à sa culture. Toi Mélenchon un support de l’anti-démocratie en ce que tu soutiens que la Chine doit être considérée comme normale et pas diabolisée au nom "des droits de l’homme". Quelques jours avant, Todd avait dans une émission sur un média béni-oui-oui, qualifié Méluche de gugusse!
Pourtant, en début d’émission Judith Bernard couvre de fleurs le Méluche pour ses capacités rhétoriques bien connues tandis qu’elle moque Todd comme caractériel du langage en ce qu’il ne sait pas finir ses phrases, est brouillon dans ses explications. Au delà des arguments de qualité utilisés par les deux gugusses, on sentait une rivalité, assez amusante d’ailleurs, et en même temps, un respect réciproque du tribun pour le chercheur et du chercheur pour le tribun.
Donc en 2011, on eut cet excellent débat. Revu en 2022 on mesure le changement. Todd reste bien sûr pro-capitalisme anglo-saxon (critique), mais heureux de l’être, tout en étant un peu "anarchiste de droite" selon Judith, tandis que Mélenchon conteste toujours ledit capitalisme mais en tant que chef du "Parti de gauche" à l’époque. Lequel parti, vire en tant que France Insoumise colorisée, à "Emigrés de tout pays unissez vous" et ouvertement défend la guerre des races déclenchée en 2020 par la mort de George Floyd à Minneapolis. Enfin, il exprime son anti-francité en faisant rire Obono sur la pucelle d’Orléans un jour fatidique de mai tandis que l’incendie de Notre Dame à Pâques 2019 le laisse de marbre. Si on ajoute son énergique "C’est moi la république" vociféré au nez d’un fonctionnaire de police lors de sa perquisition en 2018, on comprend combien le personnage s’est o-bonnifié. (*)
Todd après son profond "Où en sommes nous" (2017), vient de publier un "Où en sont-elles", livre au titre ironique qui remet à sa place le féminisme, tandis que Méluche vote pour l’écriture inclusive féministe. Et, dans un récent débat, n’a pour argument contre Zemmour que: "Tu es raciste, condamné par la justice (il n’ajoute pas bourgeoise car quand elle est contre Z elle est républicaine)". Il s’imagine aussi être à la veille d’une "créolisation du monde" qu’il appelle de ses vœux. En clair, un mélange complet des races pour faire disparaitre non pas les races, mais la race blanche. Todd, n’est pas en reste quand, sur le plateau de "Bibliothèques Idéales", ici, l’animateur dit qu’il est blanc, il rétorque finement : Oui, je suis blanc mais foncé. Les deux hommes souffrant du symptôme haine de soi.
Dans le débat de 2011, Méluche est supérieur à Todd par raisonnement subtil et intelligence historique, alors qu’il eut été normal que ce fût l’historien Todd. Ce qui ne veut pas dire que Todd est inférieur, mais il est sur une autre longueur d’onde qui est d’abord idéologique, il croit "au marché" et il croit à "l’individu libre-arbitre", Méluche (qui est mâtiné de philosophie, alors que Todd l’est peu) n’y croit pas, mais avec nuance quand même car il a aussi une culture économique. Tout ça, avait lieu en 2011, il y a dix ans !!!
Moi, en 2020, j’ai écrit quelques pages sur la Chine et sa langue. De me pencher sur elle, m’a fait comprendre qui elle est mais pas pour les raisons faciles avancées par Méluche-Todd. Mon point de vue est supra historique et "anté-historique" au sens où l’historiographie moderne ne tient pas compte des périodes anté-diluviennes. L’Histoire, un jour on l’admettra, est un très très long terme, si long qu’il doit nécessairement dépasser les datations à la mode. Certes l’agriculture c’est environ –7000 avant JC mais avant il y a la Perse d’Ahura Mazda, l’Inde antique et ses Rishis, le Déluge et l’Atlantide. En gros, entre moins quinze et moins vingt mille ans, il y a ce que Todd/Mélenchon nomment poliment les "chasseurs cueilleurs", et que les gugusses appellent les "Hommes des cavernes".
Idéalement, pour rebâtir la France aujourd’hui ruinée, il faudrait du Todd et du Mélenchon cru 2011 pimenté d’un Zemmour provocateur mais véridique. Manque de pot, Zemmour domine dans la course à la présidentielle et doit, comme tout politique, proposer non des idées mais "ce qui peut se faire" alors que le "programme" Todd-Méluche aurait été crédible à condition de le relever d’une sauce zemmourisée. Dans le fond, vu par l’historien que je suis, les trois gugusses ne sont pas si éloignés et je les marierai bien volontiers si leur ego respectif, si semblable à celui de la grenouille de la fable, ne l’interdisait pas.
Voir les points aveugles de chacun des protagonistes est une belle victoire pour le penseur mais une tragédie pour le politique. Hitler gagna en dénonçant le traité de Versailles, l’incurie de Weimar, le crack bancaire né de la crise de1929 (les fameuses brouettes de billets) et le chômage de masse. C’était bien ça qu’il fallait dénoncer, n’est-ce pas? Hitler tapait donc juste. Il avait raison et d’ailleurs beaucoup en Europe l’enviait, le louait, tout en faisant semblant de le critiquer. Munich 1938 le couronna. Les pétainistes à venir commençaient à se vouloir "plutôt morts que rouges", plutôt "hitléristes" que soutien du Front Populeux de 1936.
En plus de ça, il y avait dans toute l’Europe un consensus sur le rôle néfaste des Juifs, des Francs Maçons et de la finance en qui pataugeaient les deux compères sus nommés. Comme à l’époque (comme à toutes les époques), il fallait un crédible bouc émissaire et que toute l’Europe méprisait ou détestait Juifs, francs-maçons et autres grands esprits depuis un bon bout de temps, ça a fini par les camps de redressement appelés KZ, Konzentrationslager, où s’entassaient pédés, gitans, cocos, socialos, témoins de Jéhovah, objecteurs de conscience (les lâches selon la doxa d’époque). KZ qui se transformèrent en camp d’extermination planifiée. Le peuple allemand participant à l’insu de son plein gré à l’opération, sans toutefois en avoir la primeur car, on l’oublie trop souvent dans les débats, il eut de glorieux ancêtres en Amérique du Nord, aux Indes, en Turquie et du côté de Windhoek.
Aujourd’hui, les "complotistes patentés", sous l’obligation du vaccin anti-covid font remonter à la surface, le doux nom de Mengele, alors que le gouvernement nous invite fermement à endosser l’habit de la santé du très chrétien "je me protège pour protéger les autres", et tant pis pour les boucs émissaires nouveaux que sont les nouveaux juifs de la non-vaccination. On les accuse volens nolens, d’empester prétendument les "en bonne santé", c'est-à-dire, à y bien regarder, les jeunes et vieux obèses, les diabétiques et autres pré ou post-cancéreux enfants du glyphosate. Dit autrement, après avoir empoisonné les benêts qui mangent au supermarché, qui croient à l’ARNm comme à la sainte trinité, les malins 1% "inaugurent le camp de concentration ouvert" qu’est toute société dès qu’elle décèle en elle des irréductibles coalisés. Entre parenthèses, les Juifs –Israéliens cette fois–, sont les premiers de la classe dans ce sport de l’endiguement et de la dépopulation à long terme, ou sa débilitation irréversible. Bravo donc à Moïse, la Kabale, Attali, BHL, et tous les autres forcenés qui prennent cette vaccine clonée à la Spike et à d’autres souches et cellules pas très catholiques, pour du petit lait.
Le tragique de ces deux grands esprits que furent, et sont encore, Mélenchon et Todd (et plus grands encore s’ils se laissaient inspirer par le pied-noir juif algérien à la pétulante vitalité), c’est qu’ils n’entreront pas en Histoire réelle, ne seront que des "penseurs supérieurs". Tellement supérieurs qu’ils resteront là-haut.
Tragique conclusion pour nous préparer à accueillir le sombre avenir qui fonce sur nous au galop.
Marc Gébelin
Note
(*) Sur C8 mercredi 26, Mélenchon a montré à Zemmour son vrai visage. La haine et le mépris ont remplacé la relative bienveillance à l’égard de Todd. Des sentiments haineux sont apparus plusieurs fois sur le visage du Marocain à l’endroit du "petit bonhomme" juif algérien qui eut l’audace de se mettre en travers de son chemin et peut-être lui souffler l’élection. A ne pas en douter Méluche s’est définitivement obonnifié.
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