Les pays riches et leurs responsabilités face à la COVID

Les pays riches et leurs responsabilités face à la COVID

Dès 2020, les Artistes pour la Paix écrivaient ce qui suit, ignoré par les médias traditionnels1 : selon la docteure Joanne Liu, ex-présidente des Médecins sans frontières, une des enquêteuses ayant participé à l’excellent rapport sur L’Organisation Mondiale de la Santé (ONU) créée en 1948 que nous avons toujours appuyée, il commence, « par une comparaison qui démontre un courage d’appeler un chat un chat : Tchernobyl du XXI siècle. C’est par cette comparaison évocatrice que ses experts indépendants ont désigné la pandémie de Covid-19. Pour eux, des réformes des systèmes d’alerte et de prévention doivent être entreprises pour éviter qu’une nouvelle pandémie survienne. « La situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui aurait pu être évitée », a déclaré l’une des coprésidentes de ce panel, Ellen Johnson Sirleaf, ancienne présidente du Liberia : « Nous comprenons que les gens soient en colère et bouleversés (…) mais il n’y a pas un seul individu ou nation responsable [elle pourfendait ainsi les théories de boucs émissaires comme celle de Trump accusant le virus chinois, comme il a toujours continué à l’appeler] ».

Ancien directeur du Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et le paludisme [cette dernière maladie fait encore plus de six cent mille victimes annuelles, parce que les Big Pharmas voient peu l’intérêt de financer des recherches sur des maladies affectant les pauvres du Tiers-Monde], Michel Kazatchkine vante ce rapport atypique des Nations Unies, comme très concret et audacieux dans ses propositions, par exemple celles d’accorder davantage de fonds à l’OMS et de lui donner le pouvoir de publier immédiatement toutes informations sur des épidémies susceptibles de donner lieu à une pandémie, même sans demander l’approbation des pays enquêtés (la Chine qui a été peu transparente sur les causes de l’éclosion de Wuhan).

Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus a immédiatement accueilli le rapport de façon favorable. Or, comme si elles étaient encore sous l’influence de Donald Trump qui avait coupé les vivres à l’OMS et dont le racisme méprisait l’Africain Ghebreyesus, voté à son poste de façon universelle (une première par l’Assemblée générale de l’ONU), et ce contre un candidat britannique favorisé par les pays élitistes anglophones y compris le Canada, des intervieweuses chevronnées de Radio-Canada ont tenté en vain mais obstinément de faire dire à docteure Liu que l’OMS était responsable des erreurs à l’origine de la pandémie.

La situation est due à une myriade d’échecs, de lacunes et de retards dans la préparation et la réponse à la pandémie, a pourtant souligné Mme Sirleaf en écrivant que « la combinaison de mauvais choix stratégiques [négligence d’émettre dès le départ consigne du masque au Québec et fermeture des frontières au Canada?], d’un manque de volonté de s’attaquer aux inégalités et d’un système manquant de coordination, a créé un cocktail toxique qui a permis à la pandémie de se transformer en une crise humaine catastrophique.

Dr Ghebreyesus avait déclaré le 30 janvier le plus haut niveau d’alarme (urgence santé publique de portée internationale), pourtant février 2020 a été un mois perdu durant lequel bon nombre de pays dont le nôtre auraient dû agir. Retards, hésitations et dénis ont permis à l’épidémie, puis à la pandémie d’éclore, conclut le rapport, car ce n’est que le 11 mars lorsqu’il a parlé de pandémie, que certains pays ont réellement pris au sérieux la crise.

Les APLP lançaient l’alerte via l’Aut’Journal à la mi-mars 2020 par un article au titre Onu soit qui mal y pense, relayant le mot d’ordre vital suivant peu pris au sérieux par Trudeau :

« TESTEZ, testez, testez, insiste le directeur de l’OMS qui n’hésite pas à répéter ce mot d’ordre crucial pour sauver des vies. Car plus de 200 000 cas d’infection ont été dénombrés dans 145 pays et territoires depuis le début de l’épidémie. Ce nombre de cas diagnostiqués ne reflète toutefois qu’imparfaitement la réalité, un grand nombre de pays n’ayant pas mis en place une politique de dépistage des cas suspects », comme l’a demandé pourtant l’OMS à de très nombreuses reprises. Nos lecteurs ne se surprendront pas de ce laisser-aller consécutif à des années de dégradation des pouvoirs de l’ONU que nous documentons semaine après semaine, en luttant contre les gouvernements à tendance populiste qui, selon le titre du livre de M. Romuald Sciora, veulent la mort de l’ONU2.

Félicitons-nous, écrivions-nous alors, que le Premier ministre du Québec François Legault prenne les mots d’ordre de l’ONU davantage au sérieux et ait multiplié, avec la ministre Danielle McCann et le directeur de la Santé publique Horacio Arruda, les dépistages auxquels se soumet un nombre de plus en plus élevé de Québécois soucieux de leur santé et de celle de leurs proches [ces dépistages nous font mal paraître actuellement en comparaison à des provinces qui testent peu]. Selon les experts médicaux, c’est ainsi – et aussi par des confinements volontaires disciplinés à la maison – que la courbe d’augmentation des cas pourra être moins abrupte, donc moins susceptible d’entraîner des morts par milliers, vu l’engorgement prévisible (mais encore évitable?) de notre système de santé. (…) Et le Québec entier n’a pas le choix de ne pas arriver en tête des tests ! Car comme un article de Pierre Dubuc l’a bien révélé, nos misérables 2,5 lits par mille habitants, héritage de la BBC (Barrette, Bolduc, Bouchard, Charest, Couillard et son défunt compagnon de pêche du CUSM) risquent de nous voir submergés bientôt par les débordements de la maladie. »

Rien n’a été modifié dans ce texte datant du début novembre 2020.
 

Quant à Radio-Canada, elle a pris soin, comme les autres télévisions, d’illustrer les manifs des trolls opposés aux masques, au lavage de mains, aux couvre-feux et aux vaccins (les commentaires s’y opposaient, mais les images restent) et son ombudsman (heureusement contredit par son successeur) qualifiait de « troll » le secrétaire-général des APLP! Pourtant je ne faisais qu’émettre des protestations3 contre une entrevue d’une heure accordée au docteur Didier Raoult par le complaisant Stephan Bureau, tandis que la SRC étouffait sous une quasi-censure la docteure Joanne Liu, pourtant devenue professeure à l’Université McGill en études cliniques et épidémiologistes et experte en épidémiologie après son expérience contre les virus d’ébola et de covid en Afrique.

Nous ne comprenons toujours pas ce qui a empêché la publication ailleurs qu’à l’Aut’Journal de nos vœux de bonne année 2021 :

« Le vaccin ne sera une bonne nouvelle que s’il est sûr et partagé par tous et toutes, comme l’affirme Dr Ghebreyesus de l’Organisation Mondiale de la Santé! C’est ce que l’Agora des Habitants de la Terre et Riccardo Petrella répètent à tout vent depuis le printemps dernier, relayés bimensuellement par les Artistes pour la Paix et l’Aut’Journal. (…)

Un an plus tard, force est de reconnaître que nos gouvernements qui traitent tous les non-vaccinés d’irresponsables ont singulièrement manqué de sens de responsabilité en ne faisant aucune pression sur Pfizer et Moderna pour qu’ils partagent leurs brevets avec les pays pauvres, qui les ont « remerciés » en contagiant les pays riches avec leur variant hautement contagieux Omicron. Espérons que le New York Times ait raison, qui nous annonce ce matin que sa contagion amorce une stabilisation préalable à un déclin.

PS Même censure des médias sur les exportations militaires de M. Trudeau à l’Arabie saoudite, alors que la situation sanitaire du Yémen est plus que catastrophique, mais ceci est un autre sujet : aujourd’hui, l’ONU réclame 4 milliards de $ pour sauver les Yéménites de la faim, mais le monde se porterait mieux en obéissant à l’UNIDA.

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