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La bande de terre où est installée l’entreprise G&R Recyclage depuis 2015 est à la croisée des chemins entre Saint-Placide, Oka et Kanesatake. Elle se trouve sur le territoire autochtone de Kanesatake, mais est une propriété fédérale.
Les propriétaires de l’entreprise, les frères Robert et Gary Gabriel, sont membres de la communauté autochtone. Ils auraient fait partie du groupe armé des Warriors pendant la crise de 1990.
Ils sont bien connus par les autorités pour avoir été condamnés au criminel par le passé.
G&R Recyclage a vu son permis d’exploitation révoqué par le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques du Québec en 2020, en vertu de l’article 114 de la Loi sur la qualité de l’environnement.
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En cinq ans d’activité, des tonnes de déchets s’y sont accumulées. On peut lire dans un des rapports du ministère daté de 2020 que la limite de matières résiduelles normalement autorisée pour ce site est de 27 800 mètres cubes. Or, le volume calculé au moment de l’inspection, à l’époque, dépassait les 400 000 mètres cubes.
Du jus de poubelle dans un ruisseau
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Il y a quelques mois, les maires d’Oka et de Saint-Placide ont même dû organiser d’urgence l’opération de nettoyage d’un ruisseau qui se déverse dans le lac des Deux Montagnes. Un épais liquide verdâtre, malodorant, du lixiviat [jus de poubelle, NDLR], s’y écoulait.
C’est une crise environnementale grave [et] c’est une crise de santé publique, les citoyens s’inquiètent pour la nappe phréatique.
– Pascal Quevillon, maire d’Oka
Un climat nauséabond
L’organisme Réconciliaction ainsi que 80 autres ONG ont signé une pétition exhortant le gouvernement fédéral à élaborer dès maintenant, avec le gouvernement provincial et le conseil de bande de Kanesatake, un plan de nettoyage du site de G&R Recyclage.
Cette initiative est un effort citoyen piloté par la communauté autochtone, mais de façon anonyme, par peur de représailles des propriétaires de G&R Recyclage, affirme Louis Ramirez, directeur de la campagne de Réconciliaction.
Louis Ramirez, qui est en contact avec des gens de la communauté de Kanesatake, s’est souvent fait dire par ces derniers qu’ils craignent les frères Gabriel et que personne n’ose les contredire. Les différents intervenants à qui nous avons parlé ont confirmé que la crainte est présente, tant sur le territoire autochtone que dans les municipalités avoisinantes.
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Un malaise persistant
Une résidente d’Oka, qui nous a parlé sous le couvert de l’anonymat, affirme avoir vu des débris brûler le soir du 24 décembre dernier sur le terrain de G&R.
Elle affirme aussi que des activités illégales sont toujours en cours sur le site. Des informations que corroborent deux autres citoyens interrogés sous le couvert de l’anonymat.
Les citoyens n’osent pas ouvrir leurs fenêtres tellement l’odeur est nauséabonde. Ils rapportent même que certains de leurs concitoyens se plaignent de maux de tête et de vomissements lorsque l’entreprise fait brûler des détritus.
Robert Gabriel, lui, relativise les choses. Il affirme que le feu aperçu par la résidente d’Oka a sûrement été allumé par son garde de sécurité qui aurait voulu se réchauffer.
Mme Colette Brouillé est l’une des rares personnes qui acceptent que leur nom soit divulgué dans le cadre de ce reportage.
Je serai la première martyre de cette histoire s’il le faut, mais je refuse de vivre dans un climat de peur. Je vis au Québec, pas dans une dictature
, dit-elle.
Source: Lire l'article complet de Horizon Québec Actuel