Pendant la crise qui a éclaté au Kazakhstan, considérée par certains observateurs comme une insurrection et/ou une tentative de coup d’État, et par d’autres, comme une attaque hybride, l’intervention de la Russie à la tête de l’Organisation du Traité de Sécurité Collective (OTSC) a ciblé moins les réseaux de l’ancien président Noursultan Nezarbayev que les anciens laboratoires secrets de guerre biologique soviétiques dont la conversion est financés par le Pentagone US dans ce grand pays enclavé et riche d’Asie centrale.
Cette information de taille dont nous avons été accidentellement destinataire demeure totalement inconnue des médias officiels.
Dès le début de la crise, des informations non confirmées mais reprises sur des comptes “orientés” sur les réseaux sociaux ont fait état de la prise ou de la capture par des inconnus d’un laboratoire de recherche sur les armes biologiques près de Almaty. Selon d’autres version, il s’agissait d’un laboratoire du centre national scientifique des maladies très contagieuses. C’est le site que des unités de la 93e division aéroportée russe ont pris en premier. Un autre laboratoire de référence en matière de vecteurs biologique aurait lui aussi été la cible d’un assaut mené par des unités CBRN (Chimique, Bactériologique, Radiologique et Nucléaire).
Les quatres autres sites ciblés sont ceux ayant abrité la base d’expérimentation et de production de Stepnogorsk, l’institut scientifique de recherches en agriculture de Gvardeyski, l’institut d’Almaty de recherches contre la peste. Les sites d’essais comme l’île de Vozrojdenya en Mer d’Aral n’a pas été concernée par les opérations militaires de l’OTSC. Ces sites ont tous fait partie de Biopreparat à l’époque soviétique avant d’être soit abandonnés ou démantelés après la dissolution de l’ex-URSS durant la période 1991-1992. En 1993, la Kazakhstan a fondé le Centre national de biotechnologie et des experts du Département américain de la Défense ont commencé à évaluer les sites kazakhs à partir de 1995 en vue de la conversion de l’ancien programme militaire au civil. En décembre 2004, le Kazakhstan et les États-Unis ont signé un Accord afin de réduire les risques de prolifération d’armes biologiques et surtout les pathogènes susceptibles d’être utilisés dans une attaque de type assymétrique biologique. Dans ce cadre, le gouvernement US a financé plusieurs laboratoires dont celui de référence nationale pour un montant officiel de 103 millions USD en plus d’un autre site dans le village d’Otar, région de Jambol (Jambylskaya) destiné à prévenir et à détecter l’apparition de nouvelles maladies épidémiques dans l’ensemble de la Région. Au total, Washington alloue plus de 400 millions USD à ce programme que Moscou voyait d’un œil suspicieux dès les années 2009-2010. Plus récemment lors de l’échange d’accusation sino-americaine sur l’origine du COVID, des comptes affiliés au gouvernement de la République populaire de Chine avait laissé entendre que les activités US au Kazakhstan incluraient le développement de nouveaux variants de virus connus ou largement répandus et même la propagation d’épidémies localisées dans certaines régions du monde à titre expérimental. Ce que Washington a considéré comme un mélange de propagande et de complotisme.
A posteriori, il semble que les Russes ont été très attentifs à ces suppositions. Les laboratoires biologiques ont été la principale cible de l’intervention des forces russes aux côtés des infrastructures stratégiques et certaines voix à Moscou appellent à saisir cette occasion inespérée pour mettre fin aux activités des militaires US en Asie centrale en général et au Kazakhstan en particulier.
C’est un aspect méconnu d’une guerre hybride qui risque de durer.
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