Partie 1 : Pourquoi le XXIe siècle ne sera pas chinois
Note de l’auteur : Entendons-nous bien. Le monde redevient westphalien, avec un équilibre mondial de plus en plus régi par différentes puissances qui s’équilibrent (trois pour l’instant). Aujourd’hui, ce monde est devenu bien trop vaste, trop développé, trop instruit et surtout comporte trop de défis pour qu’un pays puisse à lui seul (re)constituer un hégémon. Il n’y aura donc pas une transmission du flambeau des USA à une autre puissance (vous devinez laquelle). Le monde sera tout simplement multipolaire. Ce que nous voulons montrer à travers ce texte, c’est qu’un pays, plus que les autres tirera son épingle du jeu. Et pour nous, ce pays est bel et bien la Russie.
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par Ben Fofana.
Introduction
La Chine a sorti des centaines de millions de personnes de l’extrême pauvreté et les a conduits vers une moyenne prospérité. Elle est passée d’un taux d’alphabétisation digne des états arriérés dans les années 50 à plus de 95% en 2015 (leader mondial). Elle a construit plus d’infrastructures (chemin de fer, routes bitumées, lignes TGV) en vingt ans plus que les USA tout le long de leur existence. Elle rattrape à grands pas son retard technologique et fait partie du club très select des puissances spatiales. Cependant, elle connait plusieurs problèmes structurels qui l’empêcheront de damner le pion aux autres nations au cours de ce siècle.
Problème de démographie
La principale différence entre les économies chinoises et japonaises est la puissance de son marché domestique. Grâce à une forte population, les entreprises chinoises (et la protection de ce marché gigantesque par l’État) ont pu acquérir une maturité économique et industrielle, à l’abri de la prédation des transnationales occidentales. Si bien que plusieurs parmi elles sont devenues des transnationales à leur tour.
Aujourd’hui, la Chine connait le même problème que le Japon en son temps : un vieillissement de sa population (peut-être une conséquence du système de l’enfant unique). Près de 20% de sa population est composée de seniors (plus de 60 ans). Ils seront environ 440 millions d’ici 2050 selon certaines estimations pessimistes. Autant dire que la tranche de la population en incapacité de travailler constituera un énorme fardeau pour le reste de la société avec les tensions sociales que cela implique.
Problème d’accès à une énergie bon marché
La dernière crise de l’énergie l’a montré. La chine a un énorme déficit en approvisionnement énergétique et quelle que soit la forme qu’il prend, il provient essentiellement de l’étranger (gaz de la Russie, pétrole de l’Iran, de l’Arabie saoudite et de l’Irak, charbon de l’Australie). Avec des besoins en hausse d’énergies et un niveau de production en baisse (oui la production baisse partout car les anciens champs sont vieux et il n’y a pas eu d’investissements dans l’aménagement de nouveaux depuis 10 ans). Il va s’en dire que les prix élevés du gaz et du pétrole que l’on constate actuellement sont partis pour durer. Même sans l’impact négatif des tensions géopolitiques.
Imaginez donc le poids que cela peut représenter pour un pays qui importe plus de 60% de son énergie. Cela constituera à l’avenir une pression énorme sur les dépenses de l’État (fourniture d’électricité aux ménages). Cela représentera également un énorme défi à la compétitivité chinoise, déjà que les niveaux de salaires se sont pratiquement ajustés sur ceux pratiqués en occident. D’accord, la Chine a d’énormes réserves de devises en USD, mais pas sûr qu’elles valent grand-chose dans dix ans (mais ça, c’est un autre débat).
Rivalité avec l’Occident
Mais là où la Chine souffrira le plus, c’est sans contexte au niveau de sa confrontation avec l’Occident. Vu que le système impérial mourant a besoin d’un ennemi pour réunir ses vassaux autour de lui, eh bien cet ennemi sera la Chine. Puisque la Russie est trop puissante militairement et qu’il y a des limites aux embrouilles qu’on peut lui chercher. De plus la Russie est moins dépendante que la Chine dans ses relations financières et économiques avec l’Occident.
Dans ce siècle aujourd’hui bien entamé, tout sera fait, chaque occasion d’ostraciser la Chine sera utilisée. Sans parler des tentatives de déstabilisation internes.
L’accès aux matières premières sera menacé, ce qui signifie plus de guerres et de conflits en Afrique (voir la rébellion soudaine des Tigréens en Éthiopie et leur avancée rapide vers Addis-Abeba). De même, l’accès aux marchés américain et européen sera verrouillé, ne laissant passer que les tee-shirts et autres produits bas de gamme que les Chinois ne veulent plus fabriquer.
Autre domaine de friction, dont on parle étrangement peu, c’est celui des normes et des nouvelles réglementations, la propriété intellectuelle (5G, IA, l’espace). Les années à venir seront passionnantes.
Ce qu’il faut retenir de cette première partie, c’est que la Chine bien qu’ayant de gros atouts, sera trop occupée à relever d’énormes défis internes comme externes pour espérer s’en sortir à si bon compte.
Dans la seconde partie (dans un second billet à venir), nous verrons comment la Russie saura mieux que la Chine tirer les marrons du feu d’un monde en complète recomposition.
Ben Fofana, Observateur du réalignement géopolitique mondial
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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