par Dmitry Belyaev.
Le Washington Post a rapporté que le chef de la CIA, William Burns, qui s’est récemment rendu à Moscou, aurait averti les autorités russes des conséquences si elles étaient impliquées dans des incidents relatifs au « syndrome de La Havane ». Le Kremlin a démenti cette affirmation en déclarant que M. Burns n’avait pas discuté de la question avec ses interlocuteurs politiques, et a tenu à souligner que la Russie n’avait rien à voir avec le « syndrome de La Havane ».
Qu’est-ce que le « syndrome de La Havane » ?
C’est le nom donné aux incidents de santé anormaux vécus par les diplomates et agents de renseignement américains et leurs familles.
Vertiges, nausées, migraines, maux de tête et problèmes d’audition : c’est ainsi que les médias américains décrivent cette affection. À ce jour, des signes du « syndrome de La Havane » ont été identifiés chez près de 200 fonctionnaires américains et leurs proches. Outre les symptômes énumérés ci-dessus, certains de ces « malades » souffrent également de lésions cérébrales.
Les autorités américaines pensent qu’une attaque ciblée contre leurs diplomates à l’aide d’armes soniques et l’exposition à une « énergie dirigée » sont l’une des causes du syndrome. La presse a également parlé d’« attaques acoustiques ».
Entre-temps, comme le Washington Post l’a mentionné en passant fin septembre, le Federal Bureau of Investigation (FBI) aurait conclu que ce malaise a une origine mentale plutôt que physique. Les conclusions du FBI n’ont jamais été rendues publiques.
Pourquoi ce syndrome est-il appelé syndrome de La Havane ?
C’est à Cuba que, pour la première fois, les diplomates américains ont parlé d’un syndrome inconnu. Comme l’a affirmé la précédente administration de Washington, plus de 40 diplomates américains ont subi des « attaques acoustiques » à La Havane fin 2016. Leurs homologues canadiens se sont également plaints de problèmes de santé.
Les autorités américaines ont rendu Cuba responsable de ces incidents. En septembre 2017, les États-Unis ont rappelé 60% du personnel de leur ambassade à La Havane et réduit de 15 le personnel de la mission diplomatique américaine sur l’île.
La Havane a démenti à plusieurs reprises toutes les allégations. Les autorités cubaines ont renforcé la sécurité à l’ambassade des États-Unis et se sont déclarées prêtes à coopérer avec les autorités américaines pour clarifier la situation.
En octobre 2017, des experts cubains ont suggéré que les États-Unis auraient pu confondre le chant des grillons ou des cigales avec des « attaques acoustiques ».
Où y a-t-il eu d’autres « infections » provoquant ce type de malaise ?
Dans les années qui ont suivi, des rapports ont fait état d’une exposition de fonctionnaires américains à des symptômes inconnus dans un certain nombre d’autres pays.
Au printemps 2018, des informations ont émergé aux États-Unis selon lesquelles un fonctionnaire consulaire à Guangzhou, en Chine, pourrait avoir été victime d’une « attaque acoustique ». Des signes du « syndrome de La Havane » ont été enregistrés à l’Ambassade des États-Unis en Colombie.
Des incidents similaires ont été étudiés en Allemagne, en Autriche et même dans les environs de Washington et de Miami. Le Wall Street Journal a rapporté que la CIA aurait retiré son résident de Serbie en raison de la menace d’attentats. Au printemps, Politico a écrit sur de mystérieuses attaques à l’énergie dirigée contre les troupes américaines en Syrie.
En août 2021, l’ambassade des États-Unis à Hanoï a signalé qu’un vol de la vice-présidente américaine Kamala Harris entre Singapour et le Vietnam avait été retardé. Le vol a été reporté en raison d’informations selon lesquelles il y aurait eu récemment un « incident sanitaire anormal ». Le journaliste de NBC Josh Lederman a affirmé sur Twitter, en citant des sources, qu’au moins deux fonctionnaires américains à Hanoï présentaient des symptômes du « syndrome de La Havane ».
Qu’est-ce que ça peut être ?
La presse américaine a attribué les incidents mystérieux à diverses théories. Parmi celles-ci :
– Armes acoustiques. CNN cite un dispositif appelé « Mosquito » qui produit un son à haute fréquence et des dispositifs acoustiques à longue portée utilisés pour disperser les manifestants.
– Matériel d’espionnage. Un dispositif d’écoute peut être une source d’ondes sonores dangereuses pour la santé humaine.
– Les cigales. Des experts cubains ont analysé trois enregistrements audio contenant des bruits qui, selon la partie américaine, ont nui à la santé des diplomates. « Les sons de ces enregistrements étaient très similaires à ceux produits par certains types d’insectes, notamment les grillons et les cigales. Ces insectes sont présents dans tout le territoire de Cuba. On en a également trouvé près des lieux de résidence des diplomates américains », ont-ils rapporté.
– C’est une sorte de toxine ou d’hystérie collective. Ce sont les théories citées par le New York Times. Selon The Atlantic, certains scientifiques cubains ont également émis l’hypothèse que la maladie des Américains est de nature psychosomatique.
Que disent-ils à Washington ?
Les agences de renseignement américaines n’ont pas réussi jusqu’à présent à identifier les causes du « syndrome de La Havane ». Fin juillet, le président Joe Biden, s’adressant au personnel du bureau du directeur du renseignement national, a déclaré qu’il essayait de trouver une explication aux problèmes de santé des fonctionnaires américains.
À l’automne, il a signé un décret prévoyant l’octroi d’une aide financière aux victimes de tels incidents. Un groupe de travail spécial créé à cet effet au sein du département d’État a été chargé de sa diffusion. L’agence a également créé une unité chargée de coordonner la réponse de Washington à d’éventuelles attaques.
Le Conseil de Sécurité nationale (NSC) de la Maison Blanche consacre de plus en plus de réunions de haut niveau au « syndrome de La Havane » et la question est étudiée par le Senate Select Committee on Intelligence.
L’affaire est également traitée par la CIA, où un agent qui a « joué un rôle central dans la chasse au « terroriste international Oussama Ben Laden » coordonne l’enquête.
source : https://tass.ru
traduit par Avic pour Réseau International
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