Nous vivons une période de l’histoire qui est déstabilisante, déroutante et même épeurante pour certains d’entre nous. Nous sommes appelés à faire des choses que nous n’aurions jamais pensé faire et nous nous retrouvons dans des situations fort déstabilisantes.
Si l’on porte attention à la réalité qui nous entoure, on constate que certains pays qui jadis étaient « démocratiques » ont pris un virage vers une tendance « totalitaire ». Nous pouvons observer ce qui se passe au Canada, en Australie… et nous ne pouvons que conclure qu’il n’y a plus vraiment de démocratie mais que si la tendance se maintient, ces pays seront devenus totalement totalitaires sous peu.
Devant une telle situation, il est du devoir de chaque citoyen de se poser la question et cela le plus rapidement possible avant qu’il ne soit trop
tard : est-il temps de désobéir ou non ? Et sa sous-question : est-il de mon devoir, de ma responsabilité de désobéir ?
Afin de nous guider dans cette réflexion, nous nous inspirerons d’une entrevue du philosophe Frédéric Gros partagée sur RTBF1 et de l’article relié à cette entrevue2.
Que nous dit Frédéric Gros3 sur la résignation, l’obéissance et la peur de désobéir ?
Alors pourquoi se résigne-t-on à l’inacceptable ?
« Il faut arrêter de hisser le spectre de l’anarchie dès qu’on parle de désobéir. On est coupable aussi de ne pas avoir envie de savoir, pour ne pas se sentir responsable. J’essaie de définir une désobéissance sur fond de responsabilité politique.»
Notre éducation nous a obligés à penser que l’obéissance est une bonne chose. Et effectivement, obéir trace la voie de l’humanité, s’il s’agit de ne pas être prisonnier de ses pulsions égoïstes, de ses désirs anarchiques. Mais à partir du moment où on obéit comme des machines, sans vouloir savoir, alors désobéir devient un acte d’humanité.
L’éducation a un grand rôle à jouer dans l’apprentissage de la désobéissance. La capacité à penser par soi-même naît de l’instruction, mais surtout de la confiance. Il ne faut pas avoir peur de la solitude, parce qu’effectivement, il y a un coût à désobéir mais il y a peut-être aussi une récompense par rapport à soi-même, une manière de devenir fier de soi…
Ce coût est très réel. Il est plus facile alors de conjuguer sa désobéissance avec d’autres car ce qui fait peur c’est la désobéissance solitaire.
Ce coût, on se l’exagère aussi parfois en pensant qu’on n’a pas le choix. C’est une manière de se trouver des excuses à soi-même.
Si l’on pense que la docilité et l’obéissance totale nous « ramèneront notre vie normale d’avant », nous devons nous souvenir de notre Histoire récente.
Frédéric Gros essaie d’explorer la part monstrueuse de l’obéissance, avec comme exemple la seconde guerre mondiale.
« La leçon éthico-politique du totalitarisme a été le procès Eichmann, avec les questions : mais au fond qu’est-ce qui a fait qu’on a pu obéir avec une telle docilité, n’a-t-on pas créé des monstres d’obéissance ? N’y a-t-il pas une dangerosité dans notre docilité, dans notre passivité ? »
Et si l’on pense que désobéir s’applique à l’autre et ne nous concerne pas, ou même que l’on nuit à l’autre en désobéissant, Frédéric Gros nous aide à comprendre que parfois, désobéir est une façon d’aider les autres.
Désobéir, c’est interroger son rapport à la liberté
L’expérience de la désobéissance, c’est l’expérience de l’irremplaçable. Car « si je ne suis pas moi, qui le sera à ma place », interrogeait Thoreau, le philosophe et poète américain qui a été le premier à écrire sur la désobéissance civile. Personne ne peut désobéir à notre place, on est les seuls à pouvoir se mettre au service des autres devant les injustices du monde. On a des devoirs envers soi de désobéissance pratique, c’est une manière de se respecter soi-même. Se soucier de soi-même, c’est être unique pour bien se soucier des autres et du monde.
Souvenons-nous également de ce que disait Hannah Arendt :
On peut sérieusement se poser la question de savoir si nous n’assistons pas à un génocide. Jean-Dominique Michel lors de sa conférence
« Covid19 et psychopathologie de masse4 » du 28 octobre dernier nous donnait les dix étapes5 du génocide en nous indiquant que certains pays sont déjà rendus à la septième étape.
Enfin, je ne peux que conclure cet article en vous partageant cet extrait vidéo6 du célèbre film « Le Cercle des Poètes disparus », réalisé par Peter Weir en 1989 et mettant en vedette Robin Williams. Cet extrait illustre très bien le concept de la désobéissance que nous avons essayé de mettre en avant dans cet article.
Notes :
1. La désobéissance vu par Frédéric Gros
2. Est-il devenu urgent de désobéir ?
3. Frédéric Gros a écrit un livre dont le titre est « Désobéir »
4. Vous trouverez cette conférence dans cet article que nous avons publié :
Covid-19 : formation de masse et psychopathologie collective selon la Dre Ariane Bilheran et le Pr Mattias Desmet
5. Vous trouverez le lien pour télécharger la conférence de Jean-Dominique Michel dans l’article cité à la note 4.
6. Si jamais la vidéo n’était plus disponible sur youtube, vous pouvez la retrouver sur Telegram ICI.
Jacques Paquin est originaire de Québec, Canada. Il a étudié les sciences actuarielles à l’Université Laval et a gradué en 1976. Il a travaillé plus de 30 ans pour le Gouvernement du Québec et est maintenant retraité. Sa quête pour la vérité l’a conduit à devenir un éditeur pour SOTT en 2007. Quand Jacques ne travaille pas comme éditeur pour SOTT, il oeuvre dans un groupe de traduction, lit des livres sur la psychologie, la santé, la spiritualité, la
science. Il est passionné de plein air et aime faire des randonnées pédestres et du vélo.
Source: Lire l'article complet de Signes des Temps (SOTT)