par Nidal Hamade.
Actuellement, il est impossible de parler de la stratégie des Émirats Arabes Unis [EAU] au Yémen en mettant de côté la stratégie de la Russie, notamment lorsqu’il s’agit des îles et des débouchés maritimes de la côte yéménite ainsi que de leur compétition pour le pouvoir avec l’Arabie Saoudite.
Les EAU considèrent que la guerre au Yémen est cruciale pour leur existence en tant qu’entité et en tant qu’État. Ce n’est que pour atténuer l’impact de leurs interventions guerrières qu’ils ont annoncé le retrait de leurs forces en 2019. En réalité, les forces émiraties sont toujours présentes au Yémen.
Cependant, leur marge de manœuvre étant plus étroite que celle dont dispose l’Arabie Saoudite, ils ont eu recours au renforcement de leurs relations avec l’Iran, d’où le projet émirati du « Corridor terrestre de transport commercial » vers la Turquie et l’Europe, via le territoire iranien. Ils ont également renforcé leurs relations avec la Russie. Puis, ils se sont rapprochés de la Syrie, le chef de la diplomatie émiratie s’étant rendu à Damas le 9 novembre courant pour être reçu par le président syrien. [Ce qui a donné lieu à toutes sortes de spéculations scabreuses de la part de certains médias et réseaux sociaux sur son prétendu abandon des principes de base de la politique syrienne. Ceux-là ont oublié, entre autres, que l’ennemi ne vient vers vous que s’il n’a pas réussi à vous vaincre ou s’il y a été obligé… ; NdT].
À savoir qu’en 2019, les EAU avaient proposé à la Russie d’établir une base militaire à Aden ou sur l’île de Socotra [respectivement, sous contrôle émirati depuis 2017 et 2018 ; NdT] ; ce qu’elle avait refusé, non pas parce que Moscou ne souhaite pas disposer d’une base militaire à Aden, mais faute de pouvoir conclure un accord avec un gouvernement yéménite fort et stable.
En revanche, Moscou avait conclu un accord secret avec Omar al-Béchir pour établir une base militaire russe à Port-Soudan sur la mer Rouge. Raison pour laquelle les États-Unis ont renversé le président soudanais, Omar al-Bachir ; les Emirats ayant contribué à sa chute pour garder une possible influence sur Moscou.
À savoir aussi, qu’à cette même époque, l’Iran avait rétabli les relations entre la branche politique de la résistance yéménite armée des Houthistes [Ansar Allah] et la Russie ; lesquelles relations avaient été rompues deux ans plutôt suite à l’assassinat de l’ancien président du Yémen Ali Abdallah Saleh le 4 décembre 2017, alors que Moscou tentait une médiation entre lui et les Houthis.
Par conséquent, la stratégie actuelle des EAU reposent sur deux éléments : satisfaire l’Iran et satisfaire la Russie. D’où les événements récents avec d’une part, leur rapprochement de la Syrie, le dénominateur commun à Téhéran et Moscou ; d’autre part, leur retrait de la côte ouest yéménite en réponse aux exigences d’Ansar Allah.
Un retrait qui ne peut se concevoir que dans le cadre d’une politique d’apaisement des Houthistes, vu que la côte ouest yéménite est le principal pilier de toute la stratégie d’Abou Dhabi sur les ports de la mer Rouge.
Finalement, ce qui s’est passé à Hodeida et sur une grande partie de la côte ouest yéménite n’est rien d’autre qu’une reddition, d’autant plus que les forces de Tareq Saleh, inféodées aux EAU et postées à Chabwa [un gouvernorat riche en ressources pétrolières et gazières contrôlées par des sociétés américaines et françaises ; NdT] ont annoncé il y a deux jours qu’elles ne participeront pas aux batailles décisives de Ma’reb.
Tout ce qui précède porte à croire que dans un proche avenir nous assisterons à des concessions et à des revers sur plusieurs fronts, les Émirats n’ont d’autre choix que de battre en retraite…
Nidal Hamade (Paris)
Traduit de l’arabe par Mouna Alno-Nakhal
Source : Al-Binaa (Liban) https://www.al-binaa.com/archives/319065
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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