L’actualité si lourde de notre époque en déroute peut devenir un magnifique matériau pour des penseurs ou des artistes de qualité – ce qui devient de plus en plus rare. C’est ainsi que le guitariste portugais André Antunes a entrepris de mettre en musique quelques tirades épiques d’un genre plutôt énervé ou, tout au moins, passionné. Le résultat est suffisamment époustouflant pour que nous le relayions dans nos colonnes.
Tout d’abord, les musiciens en général et les guitaristes en particulier relèveront la performance globale de ces petites vidéos. Car il ne s’agit pas ici de suivre bêtement la mélodie du phrasé de l’orateur, mais de proposer des variations aussi bien harmoniques que rythmiques. La note jouée par l’orateur n’est pas toujours celle que le guitariste choisit pour son accompagnement, elle peut être l’appogiature ou le retard de l’accord. Le travail est très subtil et les vrais mélomanes l’apprécieront (peu importe le genre musical affectionné par l’auditeur).
Au-delà de l’aspect technique, il est intéressant de comprendre aussi ce que nous disent ces performances sur notre époque. Voici quelques exemples.
Télévangéliste hypnotisant la foule et tentant désespérément de faire fuir le Covid-19 grâce au souffle de Dieu (échouant en son offre, sa prestation datant de nombreux mois). Ne pouvant retenir un rire à 1’02, on se demande jusqu’où il ne se ficherait pas de nous.
Rally pro-Trump avec un court mais très musical moment de corne symbolisant les trompettes de Jéricho qui détruiront les murs de Jéricho. Ici aussi, l’évangéliste aura malheureusement lui aussi échoué à détruire la triche électorale démocrate.
Une série de « Karen », surnom donné par les américains à un certain type de femmes. Le dictionnaire anglais de l’argot indique : « Une femme d’âge moyen, généralement blonde, qui considère que les problèmes des autres la dérangent, alors qu’elle n’est pas du tout concernée ». De manière générale, une chieuse dirions-nous en bon français, et potentiellement une PAN diront les mauvaises langues racistes.
On retiendra ici le potentiel d’énervement ainsi que les situations de tension que créent nos sociétés, ainsi que l’hystérisation qu’engendre une société féminisée qui privilégie l’émotion sur la raison.
L’uberisation de la société couplée à l’intolérance, à la frustration du consommateur-roi entraîne des situations d’incompréhension extrême dont seule la saine morale du chauffeur UBER évite que l’incident ne se termine en une distribution de baffes. À la décharge de la cliente, le filmage n’est peut-être pas pour rien dans le sursaut moral du chauffeur.
Toute la grâce et la subtilité américaines sont ici concentrées dans un show typiquement US, où l’orateur ne ménage pas ses efforts pour nous vendre sa camelote. Dire que toute cette merde sans culture finit toujours par arriver chez nous (TedX et compagnie)…
Terminons avec ce morceau de bravoure élaboré sur un discours qui s’y prête bien, celui d’un Alex Jones quelque peu remonté contre Justin Bieber. On ne présente plus Alex Jones à nos lecteurs, les anciens d’E&R l’auront même parfois écouté dans nos propres colonnes (sur le 11 Septembre, le Bohemian Club, les rites sataniques ou autres affaires de pédocriminalité de réseau).
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