500 000 autres Michael Rousseau de trop habitent à Montréal

500 000 autres Michael Rousseau de trop habitent à Montréal

Le cas de Michael Rousseau, PDG d’Air Canada, n’est pas unique

Parler français ne suffit pas si on se confine au monde anglophone

Lorsque le PDG unilingue anglophone d’Air Canada, Michael Rousseau, affirme en substance sur un ton arrogant: « ça fait 14 ans que je réside à Montréal pour mon travail et j’ai réussi à y vivre facilement sans jamais avoir à dire un traître mot de français », il ne fait que refléter la situation que 500 000 autres Michael Rousseau anglophones habitant à Montréal connaissent depuis toujours, et sans difficulté aucune.

M. Rousseau est un Franco-Ontarien assimilé à l’anglais dont la mère et l’épouse sont, elles, francophones de souche. On peut supposer que ça ne parlait pas souvent français à la maison.

Ça ne donne strictement rien qu’un anglophone apprenne le français, ou le baragouine de peine et de misère, si en même temps il continue à vivre à 100% dans son monde anglais, confiné du côté des anglais, en rupture totale avec le nôtre, cloîtré dans sa bulle étanche. Ce n’est pas une condition suffisante pour qu’on leur permette d’habiter au Québec.

Car si le français ne lui sert qu’à demander des choses occasionnellement pour se dépanner, ou ne serait-ce que pour faire preuve de politesse envers un interlocuteur francophone, l’effort d’un tel apprentissage est alors tout à fait inutile et n’atteint pas le but visé. Voici comment cela s’explique.

Photo: Robert Lepage devant Le Diamant, à la Place d’Youville de Québec

En effet, ce qui compte d’abord et avant tout, c’est de vivre en français au Québec, de baigner pleinement et quotidiennement dans son environnement culturel, d’y ancrer ses repères, de voir à travers les yeux des autres Québécois, de considérer le monde par rapport à ce que nous sommes et voulons atteindre, de se comparer avantageusement en tant que peuple fait fort et d’en tirer fierté et satisfaction.

Ça ne sert strictement à rien de parler plus ou moins bien le français au Québec si on ne peut pas fredonner des dizaines de chansons québécoises, si on ne regarde pas en rafale Lance et compte ou Les filles de Caleb une fois par année, si on ne s’amuse pas des péripéties s’enchaînant dans « Une galaxie près de chez vous », si on ne rit jamais d’aucun numéro de nos humoristes, si on n’est pas au courant des opinions de nos nombreux chroniqueurs chevronnés, si on n’est pas assidu de District 31, si on n’a aucune idée d’à quoi ressemblent les tableaux d’Alfred Pellan ou de Serge Lemoyne, si on ne sait pas pourquoi Saint-Élie-de-Caxton et Natashquan méritent le détour, si on ne s’est jamais pâmé de rire devant les caricatures mordantes de Serge Chapleau ou Ygreck. si on n’est jamais allé assister à la création d’une pièce de Robert Lepage au Diamant, si les exploits sportifs de Jean Béliveau ou Guy Lafleur ne signifient rien pour nous, si on ne lira jamais Bonheur d’occasion ou L’avalée des avalés, si nos enfants ne connaissent pas Annie Brocoli et Passe-Partout, si on n’a jamais essayé une recette de Ricardo Larrivée, si on n’a jamais fantasmé sur Mahée Paiement ou Mitsou, si on n’a aucune idée pourquoi des personnalités aussi diverses que René Lévesque, Janette Bertrand, le docteur Réjean Thomas ou Denise Filiatrault sont dignes d’admiration et de respect pour tout ce qu’ils ont accompli, ou enfin si on croit que Jacques Cartier et Samuel de Champlain ne sont que des noms de pont.

Illustration: le tableau intitulé Dryden, de Serge Lemoyne

Lisez ici ce que signifie appartenir à l’identité culturelle québécoise et ce en quoi elle consiste.

Il faut comprendre que la langue française est le portail donnant accès à la culture francophone québécoise sous toutes ses formes et déclinaisons. Si on n’emprunte pas du tout cette voie invitante et prometteuse, si on en reste à l’écart. on ne fait alors pas partie prenante de l’environnement dans lequel on vit, on est déconnecté, comme un fil électrique qui pend par terre, privé de courant vital.

Illustration: caricature de Michael Rousseau par Ygreck

C’est uniquement dans ce but qu’on apprend le français, pour faire partie de l’univers québécois. Sinon, c’est une perte de temps.

Si on ne vit pas dans cet univers qui est le nôtre, si on ne consomme d’aucune façon la culture québécoise et qu’on ne la fait pas vivre et rayonner, on n’est tout simplement pas à sa place au Québec. On s’est trompé d’adresse. On est squatteur. Dans un tel cas, il faudrait faire preuve d’assez d’honnêteté intellectuelle et de lucidité pour considérer l’idée de se relocaliser ailleurs au Canada, ce pays étranger pour nous.

Si une bonne partie de la métropole est devenue une excroissance métastatique du Canada anglais franco-cancérigène, elle doit être redirigée d’où elle vient afin de libérer l’espace pour plus de Québécois authentiques. Nous devons nous libérer de cette tumeur maligne.

Il faut se résoudre à l’évidence: les anglos sont de plus en plus de trop au Québec. On peut très bien se passer d’eux.

À Montréal, pour entendre moins d’anglais, cela va prendre moins d’anglos.

Photo: Mahée Paiment

Une mesure incitative consisterait à leur retirer peu à peu tous les privilèges et avantages indus qu’ils se sont vu octroyer au fil du temps et qui n’ont plus leur raison d’être. Cela accélérera le processus salutaire. Les anglos-québécois sont plus favorisés que n’importe quel francophone hors Québec, c’est inégalitaire.

Photo: le docteur Réjean Thomas

Et c’est sans parler des allophones qui optent pour l’anglais, et des allophones qui apprennent de force le français en attendant que le balancier change de bord, que l’anglais devienne majoritaire et qu’ils deviennent enfin et sans regrets de nouveaux anglophones-canadiens-presque-américains comme tout le reste du continent.

Les allophones ne sont jamais venu au Québec pour se joindre à notre grande aventure nationale. Ils ne sont venus ici que pour devenir Canadiens/anglophones/Nord-Américains. On ne peut pas compter sur eux pour que le Québec devienne plus québécois. Ils sont les premiers à se demander qui leur a joué le mauvais tour de les forcer à s’installer ici.

Photo: Jeannette Bertrand

500 000 Michael Rousseau habitant à Montréal. C’est vraiment beaucoup trop, non?

Qu’Air Canada nolise donc ses avions pour les rapatrier dans le ROC où ils se sentiront beaucoup plus chez eux. Alors qu’ici ils ne le sont pas.

Et comme le chantait si bien Mitsou, Bye, bye, mon cowboy!

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