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[Article de 2017]
Le Canada connaît les changements ethniques les plus rapides du monde occidental, affirment les démographes.
Près de 70% des résidents de la région métropolitaine de Vancouver seront des minorités visibles, ou des non-Blancs, dans moins de [15 ans], selon Eric Kaufmann, professeur à Birkbeck, Université de Londres, citant les projections de Statistique Canada.
De plus, M. Kaufmann a déclaré qu’un autre rapport de Statistique Canada avance des projections qui, selon lui, indiquent que le Canada dans son ensemble comptera près de 80 % de non-Blancs dans moins d’un siècle si la tendance se maintient.
Bien que cette mutation rapide ne nuira probablement pas à l’économie canadienne, elle aura un effet important sur la composition ethnique de villes comme le Grand Toronto et la région métropolitaine de Vancouver, a déclaré M. Kaufmann.
Dans ces deux villes canadiennes, les minorités ethniques vont devenir (ou sont déjà) majoritaires.
Un rapport de 2017 de Statistique Canada, intitulé Immigration et diversité : projections de la population du Canada et de ses régions, 2011 à 2036, prévoit que le nombre de Canadiens ayant le statut de minorité visible « augmentera plus rapidement que le reste de la population » et « pourrait plus que doubler d’ici 2036 pour atteindre entre 12,8 millions et 16,3 millions » d’individus.
Les villes qui auront les proportions les plus élevées de minorités visibles d’ici 2036 sont le Grand Toronto, la région métropolitaine de Vancouver, Calgary, Abbotsford-Mission, Edmonton et Winnipeg.
Les non-Blancs représentent déjà près de la moitié des résidents du Grand Toronto et de la région métropolitaine de Vancouver.
Mais Statistique Canada prévoit que la population en âge de travailler du Grand Toronto passera à environ 71 % de non-Blancs d’ici 2036, tandis que la population en âge de travailler de la région métropolitaine de Vancouver sera constituée à plus de 66 % de non-Blancs. À Abbotsford-Mission, cette proportion sera de 52 %.
Pendant ce temps, Victoria et Kelowna demeureront blanches à plus de 75%. Il en sera de même pour le Québec, les Maritimes et le Canada rural.
Kaufmann, qui est né à Hong Kong [d’un père juif ashkénaze et d’une mère latino-asiatique, NDLR] et a grandi à West Vancouver, a étudié comment les villes britanniques et canadiennes changent lorsqu’il y a un afflux rapide d’immigrants allogènes.
Avec le politologue Gareth Harris, il a écrit le livre Changing Places: Mapping the White British Response to Ethnic Change.
Kaufmann et Harris ont suivi le « White withdrawal » [évitement blanc, NDLR] en Grande-Bretagne et au Canada, observant que les Blancs ont tendance à quitter « inconsciemment » les quartiers lorsqu’un afflux important d’immigrants non-blancs s’y installe.
Le phénomène du dépeuplement blanc s’est produit au Canada dans des villes comme Richmond et Burnaby en Colombie-Britannique, et Markham et Scarborough en Ontario, a déclaré Kaufmann.
Une enquête du groupe Postmedia a par ailleurs déterminé que, si la population d’origine chinoise vivant à Richmond a augmenté de près de 80 000 personnes entre 1981 et 2011, la population blanche a diminué de 28 000 personnes.
« Le White withdrawal est-il un problème ? Seulement dans la mesure où cela rend moins probable que les nouveaux arrivants auront des contacts avec la majorité historique du pays », a déclaré Kaufmann.
Kaufmann et Harris n’utilisent pas le terme « White flight » [fuite blanc, NDLR] pour décrire ce modèle parce qu’ils ne pensent pas qu’il soit normalement alimenté par le racisme ou la xénophobie.
« Les conservateurs et les progressistes blancs, les racistes et les cosmopolites, se déplacent tous vers des zones relativement blanches dans des proportions similaires », disent-ils dans Changing Places, publié par Demos, qui se décrit comme le « principal groupe de réflexion multipartite » de Grande-Bretagne.
Étant donné que les pays occidentaux sont parmi les seuls sur la planète à accueillir des immigrants, il est significatif que de nombreux politiciens européens et américains appellent de plus en plus à réduire l’immigration, affirme Kaufmann.
Pendant ce temps, le Canada connaît « le taux de changement ethnique le plus rapide de tous les pays du monde occidental », a déclaré Kaufmann, expliquant que 300 000 immigrants arrivent chaque année dans un pays de 35 millions d’habitants, dont quatre sur cinq sont des minorités visibles. [Trudeau s’est maintenant fixé un objectif annuel de 401 000 immigrants, NDLR.]
« La métamorphose migratoire des États-Unis est deux à trois fois moins rapide que celle du Canada… Malgré tout, Donald Trump a été élu en promettant de baisser les seuils de 50% », a déclaré Kaufmann.
« L’Europe limite également les flux entrants et seulement 300 000 non-Européens s’établissent légalement dans l’Union européenne chaque année, qui compte pourtant 510 millions d’habitants. La plupart des États d’Europe occidentale qui reçoivent des immigrants seront encore ethniquement européens à plus de 75% en 2050. »
Au Canada, les Blancs représentent actuellement environ 80 % de la population.
Kaufmann, cependant, a mentionné une étude menée par Patrice Dion et Eric Caron-Malenfant de Statistique Canada qui prévoit que d’ici 2106, la vaste majorité de la population canadienne sera composée de descendants d’immigrants arrivés après 2006.
En supposant que quatre immigrants sur cinq au cours de cette période continueront d’être non-blancs, Kaufmann a prévu que d’ici 2106, les Blancs représenteront entre 12 et 38% de la population.
« Je pense qu’une estimation raisonnable est que le Canada sera blanc à 20%, non-blanc à 65% et métissé à 15% d’ici 2106 », a-t-il déclaré.
« Au Canada, les Blancs deviendront probablement minoritaires vers 2060. »
Texte traduit par Eugène d’Estimauville de Beaumouchel.
Source: Lire l'article complet de Horizon Québec Actuel