par Marie-José Monéger.
Aujourd’hui, jour du passage à l’heure d’hiver, en allant au matin à la messe anniversaire de ma cousine décédée l’an dernier, je pars de chez moi par la route du tabac. Du tabac dans le Nord-Franche-Comté, me direz-vous ?
Non, pas du tout, la route qu’empruntent les fumeurs pour aller s’approvisionner en Allemagne, où le tabac est nettement moins cher qu’en France, taxes obligent, enfin quand tout se passe bien … C’est une petite route sympa, mais qui se tortille à travers bois et champs. Et quelle ne fut pas ma surprise, au détour d’un virage de voir une grosse voiture dans un champ, le coffre arrière négligemment adossé contre l’unique arbre du coin, les quatre fers … oups les quatre roues en l’air !
J’ai immédiatement pensé à un fumeur qui se rendait en Allemagne en roulant un peu trop vite, juste un petit peu, mais peut-être n’y suis-je pas du tout, et qui avait fait deux ou trois tonneaux avant d’aller percuter l’arbre par l’arrière. La scène était vide de curieux et la voiture ceinturée de rubans de chantier. Les secours avaient donc dû repartir il y a quelques temps.
Chemin faisant, j’ai pensé à ce que mes cousins et cousines m’avaient dit au sujet des économies qu’ils faisaient en allant s’approvisionner tous les mois à 80km de là, à Wiel-am-Rhein. Certes, lorsque tout roule comme sur des roulettes, ils font des économies, et encore pas si grosses que ça, quand on compte ne serait-ce que l’essence de la voiture et le péage de l’autoroute lorsque le temps est trop pluvieux, urgence oblige, et le temps passé.
Mais quand tout va mal et qu’ils font une telle sortie de route, quel est réellement leur bénéfice ? Ils se démolissent une deuxième fois la santé, sans parler de tous les frais financiers annexes. Le jeu en vaut-il vraiment la chandelle ? Ne serait-il pas plus raisonnable de voir plus loin que le bout de son nez et de commencer, surtout avec la crise économique qui arrive, à réduire toutes ses consommations et surtout les plus préjudiciables à la santé ? Ne serait-il pas temps de commencer à réaliser que toutes ces consommations excessives nous conduisant droit dans le mur ?
Ce sont juste quelques petites questions sans réponse …
*
Afin de m’offrir un bol d’air frais à peu de frais, je suis partie à la sortie de l’office, pique-niquer à la Faux d’Enson, à 950m d’altitude, à 20km de chez moi par la route directe. J’y allais fréquemment il y a quelques années, lorsque mon père avait besoin de monter en altitude pour couper un rhume ou une crise d’asthme. C’était pour nous un remède naturel, peu onéreux (juste un peu d’essence) et efficace.
Le temps était superbe et la vue sur les Vosges, la Forêt-Noire et les Alpes Suisses magnifique. Les gens qui randonnaient avec leurs enfants étaient détendus, souriants et aimables, et évidemment, ne portaient aucun masque. Certains marcheurs se sont même arrêtés et ont pique-niqué près de moi pendant une bonne demi-heure, sans le moindre pass, au détriment de toute distanciation sociale.
Une paix immense et lumineuse se dégage de ce lieu, je le ressens depuis des et des années. En contre bas du plateau sommital, la Croix de l’Unité récemment restaurée brille à nouveau doucement au soleil, juste au-dessus du village de Roche d’Or. Lorsque j’étais enfant, ma grand-mère disait fréquemment en patois, en voici une traduction en Français : « À Roche d’Or, le diable y dort ! », mais cela ne m’a jamais effrayée.
Aujourd’hui, à quelques mois de mes 70 ans, je me rends compte qu’en fait, le diable a complètement oublié Roche d’Or, car les gens qui y vivent ou qui y viennent régulièrement sont tous dotés d’un solide bon sens. Ils ne l’intéressent donc pas et il ne vient pas les tirer par les pieds. Ici, pas de chichis superflus, pas de parlottes stériles, pas de surconsommations excessives car la montée est rude et heureusement que les voitures actuelles ont un bon moteur.
Tout est calme, serein, reposé. Ce premier dimanche à l’heure d’hiver fut pour moi une merveilleuse journée où j’ai pu me ressourcer et remettre ma propre pendule à l’heure. Et si c’était cela notre avenir ? Vivre en petites communautés dans des villages, des bourgs et des villes à taille humaine, loin des satanés paradis artificiels qui vous rongent jusqu’à la moelle ? Ce serait un pas de géant pour l’humanité !
Ce sont juste quelques petites réflexions automnales …
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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