Par Moon of Alabama – Le 21 octobre 2021
Depuis quelque temps, j’essaie de comprendre le concept de « wokenisation ». Au premier abord, il semble s’agir d’un phénomène typiquement « libéral » américain qui n’a pas (encore) été repris ailleurs. Je trouve qu’il s’agit en fait d’une doctrine illibérale qui tente d’imposer la manière dont on doit penser et parler à propos de certains sujets.
Les « questions du jour » sur lesquelles il faut être « woke » semblent changer toutes les quatre semaines. Avant les dernières élections américaines, il était question de « plier un genou » et de « dégraisser la police », ce qui s’est traduit, comme on pouvait s’y attendre, par une augmentation des budgets de la police dès que les libéraux ont remporté les élections.
Actuellement, certains médias américains sont furieux à propos de Dave Chappelle, un humoriste qui a fait des blagues sur des gens lors d’une émission spéciale sur Netflix. C’est pourtant quelque chose à quoi on devrait s’attendre de la part d’un comique. Mais certaines des blagues de Chappelle concernaient des personnes transgenres, ce qui est censé être mal. (Pourquoi donc ?) C’est du moins ce qu’essaient de faire comprendre les personnes qui veulent maintenant faire cesser son émission.
Je me méfie un peu de cette raison, car pendant son spectacle, Chappelle a également fait une remarque sur les OVNIs et sur le fait qu’il y a plusieurs milliers d’années, les gens se sont envolés de cette planète pour aller vers une autre. Mais comme ils ont tout fait foirer là-bas et ils ont décidé de revenir pour revendiquer cette planète. Chappelle les appelle les « Juifs de l’espace » (vidéo).
Quel merveilleux aphorisme pour le sionisme. J’ai bien ri quand il a fait cette blague, mais le public dans le studio semblait terriblement calme.
Aujourd’hui, une poignée d’employés de Netflix demandent publiquement l’annulation de l’émission de Chappelle, prétendument parce qu’il a fait des blagues sur les personnes transgenres et, plus généralement, sur le bruit que font certains d’entre eux. Mais je me demande ce qui se passe réellement dans les coulisses de cette affaire. Qui tire les ficelles ici ? Qui veut vraiment que Chappelle annule son spectacle ? Les Juifs de l’espace ?
Un danger plus sérieux du phénomène « woke » et de la « culture de l’annulation » est qu’elle touche même la science :
Le Massachusetts Institute of Technology a invité le géophysicien Dorian Abbot à donner une conférence publique prestigieuse cet automne. Il semblait être un choix naturel, puisque c’est une star scientifique qui étudie le changement climatique et la possibilité que des planètes dans des systèmes solaires lointains puissent abriter des atmosphères propices à la vie.
Puis une vague de résistance furieuse a surgi. Certains membres du corps enseignant et étudiants diplômés ont fait valoir que M. Abbot, professeur à l’Université de Chicago, avait créé un préjudice en s’exprimant contre certains aspects des programmes de discrimination positive et de diversité. Dans des vidéos et des articles d’opinion, le Dr Abbot, qui est blanc, a affirmé que ces programmes traitent « les gens comme des membres d’un groupe plutôt que comme des individus, répétant l’erreur qui a rendu possible les atrocités du 20e siècle ». Il a déclaré qu’il était favorable à un groupe diversifié de candidats mais sélectionnés au mérite.
Il a déclaré que la conférence qu’il devait donner au M.I.T. n’aurait fait aucune mention de son point de vue sur la discrimination positive. Mais ses adversaires dans les sciences ont affirmé qu’il représentait un choix « exaspérant », « inapproprié » et oppressif.
Le 30 septembre, le M.I.T. a fait marche arrière.
Le M.I.T. a annulé une conférence scientifique parce que le conférencier a émis des opinions sur d’autres sujets. Qu’est-il arrivé à la liberté d’expression académique ?
Ils ont annulé une conférence parce que certains imbéciles mettent en avant la question « woke » de l’action affirmative. Ces personnes sont prêtes à accepter des scientifiques moins qualifiés parce que la personne moins qualifiée peut avoir certains attributs non liés à la science. Eh bien les amis, je suis d’accord avec le Dr. Abbot. Ce n’est pas ainsi que le monde universitaire est censé ou peut fonctionner.
Heureusement, Princeton est intervenu et la conférence du Dr. Abbot aura lieu là-bas.
La folie qui se cache derrière tout cela est exposée plus bas dans le reportage du NYT sur la question :
Phoebe A. Cohen, professeur de géosciences et directrice de département au Williams College, est l’une des nombreuses personnes qui ont exprimé leur colère sur Twitter face à la décision du M.I.T. d’inviter le Dr Abbot à s’exprimer, étant donné qu’il s’est prononcé contre la discrimination positive dans le passé. Le Dr Cohen a reconnu que les opinions du Dr Abbot reflètent un large courant de la société américaine. Idéalement, a-t-elle dit, une université ne devrait pas inviter de conférenciers qui ne partagent pas ses valeurs en matière de diversité et d’action positive.
…
Qu’en est-il, lui a-t-on demandé, de l’effet sur le débat académique ? L’académie doit-elle être un bastion de la liberté d’expression ?
« Cette idée de débat intellectuel et de rigueur comme sommet de l’intellectualisme vient d’un monde où les hommes blancs dominaient », a-t-elle répondu.
Ouah. Quelle non-réponse catastrophique. Cette femme est censée faire de la science ?
Comment la science se ferait-elle si nous cessons d’utiliser le débat intellectuel et la rigueur ? Qu’est-ce qui décidera de la véracité d’une théorie, de la justesse d’une formule ou de l’exactitude d’un fait scientifique ? La taille, la couleur ou le sexe de la personne qui l’énonce ? Les émotions de ceux qui en entendent parler ?
Jusqu’où cela ira-t-il ?
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone
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