Hackers, syndrome de La Havane et autres agressions russes invisibles que seule la CIA peut percevoir. — Caitlin JOHNSTONE

Hackers, syndrome de La Havane et autres agressions russes invisibles que seule la CIA peut percevoir. — Caitlin JOHNSTONE

La commission des affaires étrangères de la Chambre des Représentants serait en train d’examiner cette semaine son hilarant projet de loi sur la réponse aux attaques du syndrome de la Havane, qui prévoit des sanctions à l’encontre de toute personne que le président jugera responsable d’avoir infligé à des officiels américains, à l’aide de faisceaux de micro-ondes de haute technologie, des symptômes semblables à ceux de la gueule de bois. L’existence de ce syndrome n’a pas été prouvée de manière tangible et a été communément attribuée à une maladie psychogène, à des grillons cubains et à de véritables gueules de bois.

Dans le même temps, la russophile virulente Julia Ioffe a publié un article de sources anonymes proclamant que le Kremlin est responsable de cette mystérieuse maladie.

Dans un article pour Puck News intitulé « Havana Syndrome : A Cold War Saga in Biden’s Washington« , Ioffe rapporte que des sources anonymes au Walter Reed Military Medical Center lui ont dit que cette étrange maladie fait désormais tellement de victimes parmi les employés du gouvernement américain que l’établissement est surchargé, et que la Russie en est responsable.

Ioffe écrit :

« La communauté du renseignement est de plus en plus convaincue que le gouvernement russe est derrière ces attaques. La Russie a beaucoup étudié et investi dans cette technologie et, au printemps 2017, juste au moment où les attaques à La Havane s’intensifiaient, Poutine a personnellement épinglé une médaille sur la poitrine d’un jeune scientifique pour ses avancées dans l’utilisation de l’énergie dirigée et des micro-ondes sur les réseaux de communication et les cellules vivantes. La Russie a certainement un mobile : Poutine pense toujours que l’Amérique est le plus grand ennemi de la Russie et lui faire un doigt d’honneur est une fin en soi. De plus, il y a ces données de localisation, qui placent les agents du FSB dans le même hôtel taïwanais où un haut fonctionnaire de la CIA a été touché.

« Mais il n’y a toujours pas assez de preuves pour faire une déclaration publique. Ils croient davantage à l’hypothèse mais n’ont pas de preuve irréfutable, a déclaré la personne qui connaît l’enquête. »

Pour se faire une idée de l’intégrité des sources dans l’article de Ioffe, voici un paragraphe réel de l’article avec l’emphase ajoutée par mes soins :

« Burns a également réuni un groupe de responsables du renseignement pour essayer de trouver qui est derrière ces attaques. Un porte-parole de l’Agence m’a dit que la C.I.A. ’apporte à cette question une attention et une expertise comparables à nos efforts pour trouver Ben Laden’. Elle a ajouté :  » Nous continuerons à faire tout ce que nous pouvons pour protéger nos agents « . Des personnes proches de l’enquête me disent que la volonté politique derrière cette affaire est palpable. Selon une source, « alors qu’auparavant on aurait pu dire que les personnes travaillant sur la question passaient la moitié de leur temps à essayer de convaincre autour d’eux que quelque chose s’était passé, ce genre de distraction s’est dissipé dans une large mesure, ce qui est très utile ».

Ce genre de sources ferait rougir un torchon à potins britannique.

Voici un autre passage délicieux :

« Je pense que nous avons dépassé le point où quelqu’un peut se demander si c’est réellement une chose », m’a dit un haut fonctionnaire de l’administration.

Ah, si un fonctionnaire anonyme dit à Julia Ioffe que le syndrome de Havane est réel, et bien ça me suffit.

Outre les individus anonymes, Ioffe cite également un officier de la CIA « retraité » du nom de Marc Polymeropoulos, qui atteste qu’il a lui-même été atteint du syndrome de La Havane, à tel point qu’il a dû prendre sa retraite.

Ioffe écrit :

« Pendant la conversation, je n’arrivais pas à concilier deux choses : la retraite de Marc et son âge. Il venait d’avoir 50 ans, et, de son propre aveu, il avait été en pleine ascension à la C.I.A. Pourquoi était-il parti si tôt ? lui ai-je demandé… Mais la réponse de Marc m’a surpris : Le syndrome de La Havane. Il m’a dit, en toute franchise, qu’il avait été « frappé » lors d’une visite à Moscou et que l’attaque avait tellement miné sa santé qu’il ne pouvait plus travailler physiquement. Une carrière prometteuse dans une organisation qu’il aimait, et dans laquelle il avait grandi, était terminée. »

Oh wow, l’espion de la CIA « à la retraite » a dû prendre sa « retraite » parce qu’il était atteint d’une maladie qui se trouve justement à faire progresser l’hystérie de la guerre froide de la CIA à propos d’une nation ciblée par la CIA, et comment il passe sa « retraite » à en parler aux propagandistes de la guerre froide.

Le syndrome de La Havane est une maladie mystérieuse dont les symptômes comprennent des vertiges, des nausées et des milliards de dollars de nouvelles dépenses militaires pour la guerre froide.

C’est passionnant de voir comment la Russie continue d’attaquer l’Amérique par des moyens invérifiables et invisibles que seule la communauté du renseignement américaine peut percevoir. D’abord, il s’agissait d’affirmations truffées d’incohérences, de complot selon lesquelles des hackers russes auraient attaqué la démocratie américaine en 2016, et maintenant ce sont des faisceaux de micro-ondes invisibles provenant de canons à rayons secrets du Kremlin. Un jour prochain, nous regarderons les informations pour voir des images d’un Capitole vide tandis qu’un journaliste nous annoncera solennellement qu’il vient d’être pris d’assaut par des agents du GRU [renseignement militaire russe – NDT] auxquels on a injecté un sérum d’invisibilité.

Je suis assez vieille pour me souvenir de l’époque où la machine de guerre américaine avait besoin d’événements réels et physiques pour justifier l’avancement de ses programmes militaires, comme des avions s’écrasant sur des bâtiments. Aujourd’hui, ces programmes sont justifiés par des allégations invisibles et invérifiables dont les preuves sont toujours classifiées.

Croire que des agents du Kremlin attaquent le cerveau d’employés du gouvernement américain avec des pistolets à rayons qui provoquent de légers symptômes semblables à ceux de la gueule de bois n’est pas moins fou et sans fondement que les affirmations de fêlés selon lesquelles le vaccin Covid contient des nanorobots de contrôle mental 5G. La seule différence est que l’une d’entre elles est approuvée par la classe politique et médiatique américaine dominante, alors que l’autre ne l’est pas.

Lorsqu’un pauvre gars affirme que des espions attaquent son cerveau avec des faisceaux de micro-ondes, on parle de schizophrénie paranoïaque. Lorsqu’un agent du gouvernement américain le dit, cela s’appelle le syndrome de La Havane.

Caitlin Johnstone

Traduction « parle à mon GRU, ma tête est malade » par Viktor Dedaj avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles

»» https://caitlinjohnstone.substack.com/p/hackers-havana-syndrome-and-other

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Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir

À propos de l'auteur Le Grand Soir

« Journal Militant d'Information Alternative » « Informer n'est pas une liberté pour la presse mais un devoir »C'est quoi, Le Grand Soir ? Bonne question. Un journal qui ne croit plus aux "médias de masse"... Un journal radicalement opposé au "Clash des civilisations", c'est certain. Anti-impérialiste, c'est sûr. Anticapitaliste, ça va de soi. Un journal qui ne court pas après l'actualité immédiate (ça fatigue de courir et pour quel résultat à la fin ?) Un journal qui croit au sens des mots "solidarité" et "internationalisme". Un journal qui accorde la priorité et le bénéfice du doute à ceux qui sont en "situation de résistance". Un journal qui se méfie du gauchisme (cet art de tirer contre son camp). Donc un journal qui se méfie des critiques faciles à distance. Un journal radical, mais pas extrémiste. Un journal qui essaie de donner à lire et à réfléchir (à vous de juger). Un journal animé par des militants qui ne se prennent pas trop au sérieux mais qui prennent leur combat très au sérieux.

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