Nous traduisons ci-dessous un extrait clé d’un discours historique prononcé par le Secrétaire Général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, le 18 octobre 2021, consacré au récent massacre de Tayyouneh survenu le 14 octobre. Durant cet incident, sept personnes ont été tuées et 60 autres blessées lorsque des snipers ont ouvert le feu sur les partisans du Hezbollah et du mouvement Amal qui passaient à proximité du quartier chrétien de Tayyouneh à Beyrouth, dans le cadre d’une manifestation pacifique qui se dirigeait vers le palais de justice pour protester contre la politisation & les manœuvres dilatoires du juge Bitar chargé de l’enquête sur l’explosion du port en août 2020. Les médias occidentaux parlent tendancieusement d’ « affrontements meurtriers » pour camoufler l’embuscade tendue au Hezbollah, alors que les morts sont tous des chiites partisans de la Résistance. Dans une déclaration conjointe, le Hezbollah et Amal avaient alors déclaré que des groupes armés appartenant au parti des Forces chrétiennes libanaises (FL) de Samir Geagea (pro-américain, pro-saoudien et allié d’Israël durant la guerre civile libanaise) avaient tiré sur les manifestants depuis les toits, visant leur tête, dans le but d’entraîner le Liban dans une guerre civile sectaire. Geagea a lui-même admis qu’il s’agissait là d’un « 7 mai chrétien », en référence à ce qu’il caractérise comme un coup de force du Hezbollah pour s’emparer de Beyrouth-ouest le 7 mai 2008. Le Hezbollah s’en remet à l’armée et à la justice pour enquêter sur ce massacre et châtier les coupables, se réservant le droit de prendre les mesures appropriées si ce n’est pas fait.
Nasrallah s’est adressé au Forces libanaises et à leur chef et les a mis en garde contre toute tentative d’entraîner le Hezbollah et le Liban dans une guerre civile. Commentant le fait qu’en 2017, Samir Geagea (dont Nasrallah n’a pas prononcé le nom une seule fois durant son discours de près de deux heures) avait exhorté certains de ses alliés libanais à se joindre à lui pour lancer une lutte armée contre le Hezbollah en se vantant que les Forces libanaises comptait 15 000 combattants préparés à cette fin, Nasrallah a révélé que le Hezbollah compte aujourd’hui plus de 100 000 combattants, et que Geagea et son parti feraient bien de revenir à la raison. Loin de constituer un rempart pour les chrétiens du Liban face à une pseudo-menace musulmane ou chiite, Nasrallah a affirmé que les Forces Libanaises sont plutôt le plus grand ennemi des chrétiens au Liban, comme le démontre leur histoire sanglante et leur alliance avec les takfiris de Daech et d’Al-Nosra en Syrie, où le Hezbollah a pour sa part protégé les chrétiens.
Le quartier de Tayyouneh est historiquement une zone de sensibilité politique et sectaire, en tant que site clé dans le déclenchement et le développement de la guerre civile du Liban (1975-1990).
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Transcription :
Source : Middle East Observer
Traduction : lecridespeuples.fr
[…] Je conseille au parti des Forces libanaises (FL) et à leur chef (Samir Geagea) d’abandonner définitivement l’idée (d’incitation) à des conflits internes (entre les Libanais chrétiens et musulmans/chiites) et à la guerre civile. Et ici, écoutez (bien à mes paroles), car je vais m’exprimer en toute clarté, et c’est peut-être la première fois que je parlerai de cette façon.
Je leur conseille, et j’espère que les chrétiens du Liban leur conseillerons la même chose, de même que les autorités religieuses et politiques et les élites chrétiennes, qui sont nombreuses, j’espère qu’ils vont conseiller au parti FL et au chef du parti FL de cesser de penser à (mener) toute activité qui conduirait à des conflits internes, et toute activité qui mènerait à une guerre civile, quel que soit l’objectif ou la partie au profit de qui un tel conflit serait déclenché, que ce soit dans le but (de renforcer sa position de) chef (et celle de son) parti (parmi les chrétiens), ou (en faveur des intérêts d’un) pays régional ou étranger, il doit se sortir cette idée de la tête, car il se trompe (lourdement) dans ses calculs.
Ce que je veux dire maintenant, c’est une description (des faits et de la réalité de la situation), afin d’éviter une guerre civile, et pour (le souci de préserver) la sécurité du pays et (préserver) la paix civile, la sécurité et la stabilité (au Liban), et pour que personne ne commette de (grave) erreur.
Je reviens sur la réunion (de 2017) au cours de laquelle (le chef du parti des Forces Libanaises) incitait certains de ses anciens alliés, (en les invitant à) « affronter le Hezbollah et mener une bataille contre lui », et je suis sûr de l’exactitude de ces propos (qui ont été prononcés lors de cette réunion et qui m’ont été rapportés de première main), car je n’aurais pas pris position sur cette base si je n’étais pas sûr (de leur véracité). Alors, qu’est-ce qui a été dit (au cours de cette réunion) ? Il y avait trois points (soulevés) :
- Premièrement, que le (parti) des Forces Libanaises serait désormais plus fort qu’il ne l’était à l’époque de Bachir Gemayel (l’ancien chef du parti FL), et qu’il compte 15 000 combattants prêts, ce qui est (en soi) un aveu de l’existence d’un corps militaire (FL), d’armes et d’une milice (alors qu’ils appellent jour et nuit au désarmement du Hezbollah, affirmant qu’il s’agit d’une « milice »).
- Deuxièmement, que le Hezbollah est plus faible (aujourd’hui) que l’Organisation de Libération de la Palestine à l’époque (lorsque la guerre civile libanaise a commencé en 1975).
- Troisièmement, que la (position) du Hezbollah dans la région est faible aujourd’hui et que c’est l’occasion de s’en débarrasser.
Eh bien, je veux dire (au chef du parti FL) que tu te goures dans tes calculs, tout comme tu t’es trompé dans toutes tes guerres (précédentes), toutes tes guerres (précédentes) que tu as perdues.
(Je vais énoncer les faits) : tout d’abord, au niveau régional, le Hezbollah, depuis sa création en 1982, n’a été à aucun moment plus fort qu’il ne l’est aujourd’hui (en ce qui concerne sa position) dans la région. Et je sais comment les États s’adressent à nous et comment les (États) régionaux s’adressent à nous (concernant) notre rôle régional, mais comme je suis une personne humble, je ne vais pas reprendre les mots qu’ils utilisent pour décrire le Hezbollah, son importance et sa puissance. Je ne le décris pas comme ils le font, je décris le Hezbollah comme un (parti) qui influence (les équations) au niveau régional, mais ils le décrivent d’une manière beaucoup plus large (et élogieuse, nous décrivant comme une puissance régionale de premier plan). Dans vos calculs régionaux, tu te trompes à 100%.
Quant à (ton hypothèse) que le (parti) des Forces Libanaises est (aujourd’hui) plus fort qu’il (l’était à l’époque) de Bachir Gemayel (installé à la présidence par l’occupant israélien en 1982), je ne saurais dire, et je ne vais donc pas commenter cette question.
(Concernant) le troisième point, que le Hezbollah est plus faible que l’Organisation de libération (de la Palestine), tu te trompes très très lourdement. Tes calculs sont faux, et si tu bases ton combat (et tes dernières actions) sur cette hypothèse, tu te trompes lourdement.
Laissez-moi vous dire quelque chose, (et je m’adresse là) au parti des Forces Libanaises et au chef du parti des FL, (juste pour que tu le saches) au cas où tu voudrais te préparer à nous imposer une guerre civile, pour que tes calculs soient justes. Écoutez, je ne parlerai pas du (nombre du) public (qui soutient) la Résistance (c’est-à-dire le Hezbollah), et je ne parlerai pas non plus du nombre (de membres et combattants) de nos alliés du Mouvement Amal et d’autres alliés. Quant au Hezbollah, je préfèrerais ne pas donner de chiffres, mais j’y suis contraint, mais je ne compterai pas nos auxiliaires, ceux qui nous soutiennent, qui nous aiment. Et quant au corps du Hezbollah, je ne compte pas les étudiants, les travailleurs indépendants, les syndicats ouvriers (qui composent nos forces réservistes), ni les organisations de femmes, les organisations civils, les scouts qui incluent de jeunes (combattants), etc. etc. Je souhaite seulement t’informer sur le nombre de nos soldats (d’active), et c’est la première fois que je vais devoir révéler ce nombre (dans le but de) prévenir une guerre civile, et non pas pour menacer d’une guerre civile. Et vous tous (Libanais) me connaissez bien, je ne dis jamais quelque chose qui n’est pas vrai, même dans le cadre de la guerre psychologique, car j’appartiens à une école qui croit que les mensonges ne servent pas la guerre psychologique : la vérité et la sincérité sont les plus efficaces dans la guerre psychologique.
Ecoute, rien que le corps militaire du Hezbollah –et nous ne nions pas avoir un corps militaire, nous avons des armes et des capacités (militaires)… Le Hezbollah seul, et je ne te parle que des hommes (du Hezbollah) uniquement, et des Libanais uniquement (sans parler de ceux des autres États de l’Axe de la Résistance) qui sont (ressortissants) libanais depuis plus de 100 ans, et non (Libanais) depuis 10 ans (comme certains le prétendent de manière dépréciative), (ces hommes dont je parle) sont entraînés, organisés, structurés, armés, (fortement) expérimentés & aguerris et possèdent une (grande) âme & spiritualité, et s’ils recevaient seulement un signal, pas même s’ils en recevaient l’ordre (formel), (s’ils recevaient seulement) le signal d’attaquer les montagnes, ils les pulvériseraient ! Enregistre bien (le nombre de nos militaires d’active) : 100 000 combattants ! 100 000 combattants !
Tu dois savoir que (si on ajoute nos partisans comme) Maryam Farhat –la femme opprimée (qui a reçu une balle dans la tête tirée par un sniper alors qu’elle était chez elle)–, Hasan Mcheik, Mostafa Zbib, Hassan Nehmeh, Ali Ibrahim, Mohamad al-Sayyed et Mohamad Tamer (les martyrs qui ont été tués par balle dans l’attaque de Tayyouneh) (qui appartiennent au parti et à la voie du Hezbollah), on parle de bien plus de 100 000 combattants. Contre qui veux-tu entrer dans une guerre civile ? Qui es-tu (en train d’essayer) d’attirer dans un conflit interne ? A quelle (situation) veux-tu entraîner le pays ?
Ces 100 000 combattants, avec leurs (types) d’armes diverses et variées, nous ne les avons pas entraînés (pour combattre dans) une guerre civile ou un conflit interne, nous les avons préparés à défendre notre pays (contre les menaces extérieures), à libérer nos territoires, à protéger notre mer, notre pétrole et notre gaz, (ressources) qui sont volées (en ce moment même par les Israéliens) sous les yeux du peuple libanais. Nous avons préparé (ces combattants) à protéger nos villes et villages à Baalbek-Hermel (où résident à la fois) chrétiens et musulmans. Nous les avons préparés à protéger la dignité et la souveraineté de notre pays contre toute attaque (externe) et contre le terrorisme, et (certainement) pas pour un conflit interne.
C’est pourquoi nous ne les avons pas utilisés dans un conflit interne ; nous avons été tués (par l’armée) à Khaldeh (en 1993, lorsque l’armée libanaise a ouvert le feu sur une manifestation de supporters du Hezbollah contre les accords d’Oslo, tuant 13 d’entre eux), pourtant nous n’avons pas mené d’action (de riposte), et nous avons été tués jeudi (14 octobre dans l’attaque de Tayyouneh), pourtant nous n’avons pas pris d’action (en représailles). (Cela ne signifie nullement que) nous sommes faibles, pas du tout, ni que nous sommes impuissants, effrayés ou terrifiés : (la vérité est que) nos calculs sont justes (nous refusons de nous laisser entrainer dans une guerre civile), que nous avons des principes (religieux, moraux, éthiques), que nous avons des objectifs, une cause, une mission, et (nous agissons selon les enseignements de notre) religion, en restant attachés à notre éthique et à nos valeurs.
Donc, à ce propos, je leur dis – je m’adresse directement au parti des FL, et à leur chef (en particulier) : Ne vous méprenez pas ! Ne vous méprenez pas ! Calmez-vous, revenez à la raison et comportez-vous comme il sied ! Comportez-vous comme il sied et tirez une leçon de toutes vos guerres (injustes que vous avez perdues) et de toutes nos guerres (justes que nous avons gagnées).
Je conclus tout ce point en disant qu’aujourd’hui il y a une responsabilité, une responsabilité qui incombe à l’État, aux autorités religieuses et chrétiennes en particulier, au peuple libanais et chrétien en particulier, (une responsabilité) de se dresser contre ce meurtrier, ce criminel, ce boucher, ce semeur de discorde et de sédition (Samir Geagea), dont l’agenda, la cible et le plan sont de déclencher une guerre civile ! Tous (doivent se dresser contre lui) pour empêcher une guerre civile et un conflit interne, afin de (maintenir) la stabilité de la paix civile, et la sécurité et la paix dans le pays. […]
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