Le ministère finlandais de l’éducation et de la culture prépare une demande officielle pour la restitution de restes humains qui furent pris par la Suède en 1873.
Ces restes humains volés dans des cimetières d’églises-principalement des crânes, sont aujourd’hui retenus à l’Institut Karolinska de Stockholm. Ils avaient servi à l’époque à des études “raciales” tentant de prouver la supériorité de la race nordique. Ces recherches menées par Gustaf Retzius n’avaient pas abouti puisque les crânes finnois ne correspondaient au type scandinave mais avaient des caractéristiques assez communes aux peuples germaniques.
la Finlande a toujours réclamé la restitution des 82 crânes entreposés dans les cartons de l’Institut suédois.
Cette affaire pourrait inspirer un autre pays à continuer à réclamer les restes humains de sa population entreposés dans certains musées et des collections privées de France: l’Algérie. Alger a pu obtenir, non sans de trés grandes difficultés, la restitution de 24 crânes de résistants tués dans la très longue résistance contre la colonisation française (1830-1902) mais se heurte à des très nombreuses réticences historiques en France.
En dépit de la fermeture totale des archives relatives à ce sujet, il est clairement établi que dès octobre 1830, il y a eu destruction de cimetières à Alger en violation flagrante des clauses de la capitulation du du 05 juillet de la même année. Une partie des ossements issus des vieux cimetières algérois détruits pour la construction de nouvelles bâtisses fut transférée à Marseille pour la confection du célèbre savon au nom éponyme.
Par la suite, des médecins militaires mais aussi de simples soldats pilleront les tombes et les cadavres des populations massacrées au cours les nombreux épisodes repetitifs de soulèvement et de résistance à l’imposition, l’injustice et le changement cadastral. Des crânes d’enfants et des peaux de femmes ont ainsi été expédiés en France dans des tonneaux à vins. Il y a eu aussi la période des recherches racialistes avec son lot d’anthropologues ayant tenté en vain de démontrer ce qu’ils considéraient comme l’infériorité des races nord-africaines en collectant des milliers de restes humains dont une infîme partie échoua au musée de l’homme de Paris.
Ce genre de pratique était très tendance en Europe occidentale dans la seconde moitié du 19ème siècle, période du positivisme scientifique triomphant et ce pillage de restes humains pratiqué dans des cimetières abandonnés ou sur les terres confisquées de populations vaincues par la poussée coloniale était une pratique normale dans divers endroits de ce qui allait plus tard devenir le “Tiers-Monde”, une expression malencontreuse d’un démographe réaffirmant le même esprit ” positiviste” et croyant, consciemment ou non, en l’infériorité de certaines populations par rapport à d’autres.
Ce sujet hautement anthropologique démontre que l’humanité n’a jamais pu se défaire d’une forme symbolique de l’anthropophagie et des chasseurs de têtes (au sens propre) et que Thomas Hobbes, l’auteur Anglais du “Léviathan ” était peut être un peu trop optimiste en affirmant que “L’homme est un loup pour l’homme” (homo homini lupus) car les loups ne recourent que très rarement au cannibalisme.
Photographie d’illustration: crânes oblongues européens.
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