Pandora Papers : un contre-feu de la CIA face à Wikileaks ?

Pandora Papers : un contre-feu de la CIA face à Wikileaks ?

La CIA pourrait-elle être à l’origine de la fuite des Pandora Papers, étant donné leur curieux manque d’intérêt pour les ressortissants américains et une focalisation sur les adversaires des Etats-Unis ?

Par Kit Klarenberg, le 4 octobre 2021

Kit Klarenberg est un journaliste d’investigation qui explore le rôle des services de renseignement dans le façonnement de la politique et des perceptions.

Source : rt.com

Traduction : lecridespeuples.fr

Salués comme apportant un nouvel éclairage sur les arrangements financiers complexes de l’élite mondiale, les Pandora Papers posent de nombreuses questions – notamment où sont les évadés fiscaux Américains ? Les auteurs de ces « fuites » ne veulent-ils pas mordre la main cachée qui les nourrit ?

Le 3 octobre, le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), basé à Washington, a annoncé la fuite de près de trois téraoctets de données compromettantes sur l’utilisation d’arrangements financiers offshore par des célébrités, des fraudeurs, des trafiquants de drogue, des membres de familles royales et des chefs religieux. dans le monde entier.

L’ICIJ a dirigé ce qu’elle a appelé « la plus grande collaboration journalistique au monde », impliquant plus de 600 journalistes de 150 médias dans 117 pays, pour passer au peigne fin la mine de 12 millions de documents, surnommés les « Pandora Papers ».

Entre autres choses, les données révèlent l’utilisation de paradis fiscaux et financiers « pour acheter des biens immobiliers, des yachts, des jets et des assurances-vie ; leur utilisation pour faire des investissements et transférer de l’argent entre des comptes bancaires ; de la planification successorale et autres questions de succession ; et l’évasion fiscale grâce à des stratagèmes financiers complexes. Certains documents seraient également liés à des « crimes financiers, y compris le blanchiment d’argent ».

Alors que la publication d’articles évoquant le contenu de la bombe que constituent ces documents n’en est qu’à ses débuts, le Consortium promet que les dossiers contiennent « une quantité sans précédent d’informations sur les prétendus propriétaires effectifs d’entités enregistrées dans les îles Vierges britanniques, les Seychelles, Hong Kong, Belize, Panama, le Dakota du Sud et d’autres juridictions secrètes », avec plus de 330 politiciens et 130 milliardaires Forbes nommés.

Malgré le volume énorme de données fuitées, de nombreux critiques ont souligné que les cartes de l’ICIJ indiquant où ces « élites et escrocs » sont originaires et/ou résident sont fortement orientées vers la Russie et l’Amérique latine – par exemple, pas un seul politicien corrompu nommé n’est basé aux États-Unis. L’organisation elle-même note que les pays les plus représentés dans les dossiers sont l’Argentine, le Brésil, la Chine, la Russie et le Royaume-Uni – ce qui semble étrange, si l’on considère que le Consortium a identifié plus d’un milliard de dollars détenus dans des trusts basés aux États-Unis, des instruments clés pour l’évasion fiscale, la fraude et le blanchiment d’argent.

Là encore, les précédentes publications à succès de l’ICIJ et de l’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP), son principal collaborateur, ont contenu des omissions tout aussi incongrues. Par exemple, en mars 2019, ce dernier a révélé au public la « Troika Laundromat », à travers laquelle des politiciens, des oligarques et des criminels russes auraient canalisé des milliards de dollars.

L’OCCRP a publié de nombreux rapports sur la connivence et des informations détaillées sur les millions de dollars blanchis via les principales institutions financières occidentales dans le processus, notamment la Deutsche Bank et JPMorgan Chase. Cependant, pas une seule fois HSBC n’a été mentionné – bien que la Troïka ait ouvertement annoncé cette banque comme son « agent partenaire » et que le chef de l’équipe de données de l’OCCRP de l’époque, Friedrich Lindenberg, ait reconnu publiquement que HSBC était « incroyablement important » dans « tous » les montages corrompus de la Troïka.

La raison de cet oubli extraordinaire n’a jamais été suffisamment expliquée, bien qu’une réponse possible pourrait être que les partenaires de l’OCCRP sur l’histoire étaient la BBC et The Guardian. La BBC était dirigée par Rona Fairhead de 2014 à 2017, qui occupait également le poste de Directrice non exécutif de HSBC entre 2004 et 2016. De son côté, le Guardian entretient depuis longtemps une relation commerciale lucrative avec la banque, ce qui est certainement vital pour maintenir allumées les lumières vacillantes de cette publication en berne.

L’enquête des Panama Papers d’avril 2016, menée conjointement par l’ICIJ et l’OCCRP, a révélé comment les services du cabinet d’avocats offshore panaméen Mossack Fonseca avaient été exploités par des particuliers fortunés et des agents publics pour de la fraude, de l’évasion fiscale et afin de contourner les sanctions internationales. Les reportages de ces deux officines et la couverture médiatique qui en a résulté se sont fortement concentrés sur des personnalités de premier plan telles que le Premier ministre britannique de l’époque, David Cameron, qui a tiré profit d’un trust basé au Panama établi par son père.

L’un des principaux promoteurs du contenu le plus criard des Panama Papers était le milliardaire Bill Browder. Ce que le fraudeur condamné, et en fait un grand nombre de médias qui ont publié ses commentaires sur la fuite, ont systématiquement omis de reconnaître, c’est qu’il est lui-même nommé dans les papiers de Mossack Fonseca, lié à un grand nombre de sociétés écrans à Chypre utilisées pour isoler ses clients de l’impôt sur les immenses bénéfices qu’il a accumulés pour eux en investissant en Russie au cours des tumultueuses années 90, et déguiser la propriété de somptueuses propriétés qu’il possède à l’étranger.

Comme Browder a témoigné, il entretient une relation intime avec l’OCCRP, l’ayant engagé dans sa croisade mondiale contre la Russie depuis son interdiction sans cérémonie d’entrer dans le pays en 2005. En outre, de nombreux autres médias grand public, dont Bloomberg et le Financial Times, qu’il a également utilisé comme pions dans son blitz de propagande russophobe, auraient refusé de publier des articles sur ses transactions financières douteuses.

Une telle réticence évidente à mordre la main qui nourrit pourrait bien expliquer pourquoi les Pandora Papers semblent en grande partie silencieux sur les transactions à l’étranger des riches ressortissants américains et des individus basés aux États-Unis.

Prenez par exemple les fortunes du fondateur d’eBay Pierre Omidyar et de l’investisseur George Soros, qui totaliseraient respectivement au moins 11,6 milliards de dollars et 7,5 milliards de dollars : aucune information les impliquant dans un quelconque stratagème douteux n’a encore été découverte. Ce n’est peut-être pas une coïncidence si ces deux milliardaires financent l’ICIJ et l’OCCRP via leurs entreprises « philanthropiques » très controversées Luminate et Open Society.

La liste des mécènes de l’OCCRP offre d’autres motifs d’inquiétude : parmi eux se trouvent le National Endowment for Democracy et l’Agence des États-Unis pour le développement international, qui servent tous deux ouvertement à promouvoir les intérêts de la sécurité nationale des États-Unis et ont été impliqués dans de nombreuses opérations militaires et de renseignement de déstabilisation et de renversement de gouvernements étrangers « ennemis » depuis leur création. De plus, cependant, il y a des indications inquiétantes que l’OCCRP lui-même a été créé par Washington dans ce but précis.

En juin, une conférence de presse de la Maison Blanche a été convoquée sur le thème de « la lutte contre la corruption ». Au cours de la procédure, un « haut responsable de l’administration » anonyme a annoncé que le gouvernement américain placerait « le problème de la lutte contre la corruption au centre de sa politique étrangère » et souhaitait « donner la priorité à ce travail à tous les niveaux ».

Ils ont poursuivi en indiquant que les dimensions précises de cette campagne anti-corruption « [restaient] à voir », mais il était prévu que « des éléments de la communauté du renseignement », y compris le directeur du renseignement national et de la Central Intelligence Agency (CIA), seraient des acteurs clés en son sein.

Leurs activités compléteraient les efforts actuels et continus des États-Unis pour « identifier la corruption là où elle se produit et apporter des réponses politiques appropriées », en « [renforçant] d’autres acteurs » tels que « des journalistes d’investigation et des ONG d’investigation » qui reçoivent déjà le soutien de Washington.

« Nous examinerons ce que nous pouvons faire de plus sur ce front… Il existe des lignes d’assistance qui ont lancé des organisations de journalisme [d’investigation] », ont-ils déclaré. « Ce qui me vient le plus immédiatement à l’esprit, c’est l’OCCRP, ainsi que l’aide étrangère qui va aux ONG. »

Ces mots éclairants, complètement ignorés à l’époque par les médias occidentaux, ont acquis une résonance encore plus inquiétante à la lumière des récents développements. En effet, ils semblent établir un modèle pour précisément ce qui s’est passé, avec l’aimable autorisation de l’OCCRP, l’organisation même qui a été « lancée » et soutenue financièrement jusqu’à ce jour.

De leur côté, les médias se contentent de déclarer que l’ICIJ « a obtenu » les documents, leur source ultime n’étant pas précisée. De ce fait, il est tout à fait raisonnable de se demander : la CIA est-elle derrière la publication des Pandora Papers ?

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Pandora Papers. Le gouvernement américain fournit un autre lot de documents dénonçant des personnes qu’il déteste

Par Moon of Alabama, le 4 octobre 2021

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour Le Saker Francophone

Il y a donc eu une autre « fuite » de documents concernant des placements offshore permettant de réaliser des économies d’impôts, réalisés par des personnes que les États-Unis n’aiment pas :

Les transactions secrètes et les actifs cachés de certaines des personnes les plus riches et les plus puissantes du monde ont été révélés par la plus grande fuite de données offshore de l’histoire.

Baptisée « Pandora papers », le dossier comprend 11,9 millions de fichiers provenant de sociétés engagées par des clients fortunés pour créer des structures offshores et des trusts dans des paradis fiscaux tels que le Panama, Dubaï, Monaco, la Suisse et les îles Caïmans. […]

Les fichiers ont été divulgués au Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) à Washington. Ce dernier a partagé l’accès aux données divulguées avec des partenaires médiatiques sélectionnés, dont le Guardian, BBC Panorama, Le Monde et le Washington Post. Plus de 600 journalistes ont passé au crible les fichiers dans le cadre d’une enquête mondiale de grande envergure.

Ces Pandora Papers représentent la dernière – et la plus importante en termes de volume de données – d’une série de fuites majeures de données financières qui touchent le monde offshore depuis 2013.

Les documents proviendraient d’un total de 14 fournisseurs offshore d’entités juridiques qui permettent aux gens de cacher leur argent et d’éviter de payer des impôts.

Il n’y a cependant aucun indice sur la manière dont ces papiers ont été acquis. Qui y a eu accès ? Comment ? Quelle était la chaîne de conservation de ces documents ? S’agit-il des dossiers complets de ces 14 sociétés ou certains ont-ils été supprimés avant d’être publiés ? Lesquels ? Tous ces dossiers sont-ils authentifiés et vérifiés ou y a-t-il des documents falsifiés parmi eux ?

Malheureusement, aucun des rapports que j’ai lus n’a abordé ces questions.

Mais il y a au moins deux indices importants que ces « Pandora papers » font partie, comme les « Panama papers » il y a cinq ans et les « Paradise papers » il y a quatre ans, d’une « opération de manipulation de l’information » menée par les suspects habituels des 5 eyes, les services secrets des États-Unis, du Royaume-Uni, du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande.

Le 3 juin 2021, la Maison Blanche organisait une conférence de presse, menée par des hauts fonctionnaires de l’administration, sur la lutte contre la corruption :

OFFICIEL PRINCIPAL DE L’ADMINISTRATION : Super. Merci. Bonjour à tous. Bonjour et merci de vous joindre à l’appel aujourd’hui. Je suis très enthousiaste à l’idée de vous parler du programme de lutte contre la corruption du Président, avant le lancement, plus tard dans la matinée, d’un mémorandum d’étude sur la sécurité nationale – NSSM – sur la lutte contre la corruption. […]

Ainsi, avec ce mémorandum, le président Biden établit officiellement la lutte contre la corruption comme un intérêt fondamental de la sécurité nationale des États-Unis. C’est un engagement qu’il a pris pendant la campagne. Et sa promesse était qu’il donnera la priorité aux efforts de lutte contre la corruption et qu’il apportera davantage de transparence aux systèmes financiers américains et internationaux.

Le mémorandum en question est disponible ici. Il est assez court. Sous « Section 2 : Stratégie », il y a plusieurs points intéressants :

(c) Tenir pour responsables les individus corrompus, les organisations criminelles transnationales et leurs facilitateurs, notamment en identifiant, en gelant et en recouvrant, le cas échéant, les avoirs volés grâce à un partage accru de l’information, à la collecte et à l’analyse de renseignements, à des mesures d’exécution pénales ou civiles, à des avis et à des sanctions ou à d’autres autorités et, lorsque cela est possible et approprié, en restituant les avoirs recouvrés au profit des citoyens lésés par la corruption ; […]

(e) Soutenir et renforcer la capacité de la société civile, des médias, d’autres acteurs de la surveillance et les responsables à mener des recherches et des analyses sur les tendances de la corruption, à plaider en faveur de mesures préventives, à enquêter sur la corruption et à la mettre au jour, à demander des comptes aux dirigeants et à informer et soutenir les efforts de réforme et de responsabilité du gouvernement, et s’efforcer d’offrir à ces acteurs un environnement opérationnel sûr et ouvert aux niveaux national et international ;

(f) Travailler avec des partenaires internationaux pour lutter contre la corruption stratégique des dirigeants étrangers, des entreprises d’État étrangères ou affiliées, des organisations criminelles transnationales et d’autres acteurs étrangers et de leurs collaborateurs nationaux, notamment en comblant les lacunes exploitées par ces acteurs pour s’ingérer dans les processus démocratiques aux États-Unis et à l’étranger ;

Avec la « fuite » d’hier, nous voyons une première mise en œuvre de cette stratégie.

Les États-Unis utilisent leurs capacités de renseignement, c’est-à-dire qu’ils piratent les systèmes des fournisseurs de services extraterritoriaux, et diffusent sélectivement tout ce qu’ils jugent utile à leur objectif à la « société civile » et aux médias qui publient (ou non) les informations qu’ils reçoivent.

Dans les questions-réponses de leur briefing de base, les « hauts fonctionnaires de l’administration » ont confirmé que c’était exactement ce qu’ils prévoyaient de faire :

QUESTION : Merci de faire cela. Comme vous le savez, les militants anti-corruption exhortent périodiquement le gouvernement américain à utiliser ses différents atouts et capacités, y compris la communauté du renseignement, pour exposer des cas spécifiques de corruption à l’étranger, pour nommer et faire honte aux fonctionnaires corrompus —et les arguments qu’ils avancent sont familiers— mais comprennent également non seulement, vous savez, une dissuasion de la corruption, mais aussi une contribution possible à la promotion de la démocratie.

Est-ce que le mémorandum —le programme— comprend un élément qui se rapporte à cela ?

HAUT FONCTIONNAIRE DE L’ADMINISTRATION : Ce que je peux dire à ce sujet, c’est que le mémorandum inclut des composantes de la communauté du renseignement. Donc, le travail sur ce front, en partie, reste à voir, mais ils participent – le directeur du renseignement national et l’Agence centrale de renseignement.

Nous allons donc examiner tous les outils à notre disposition pour nous assurer que nous identifions la corruption là où elle se produit et que nous prenons les mesures appropriées.

Et je profite de l’occasion pour mentionner que nous allons également utiliser cet effort pour réfléchir à ce que nous pouvons faire de plus pour soutenir d’autres acteurs qui, dans le monde, exposent la corruption et la mettent en lumière.

Bien sûr, le gouvernement américain a ses propres méthodes internes, mais, en grande partie, la façon dont la corruption est exposée est le travail des journalistes d’investigation et des ONG d’investigation.

Le gouvernement américain —comme je l’ai dit plus tôt, en termes de soutien que nous fournissons déjà— dans certains cas, fournit un soutien à ces acteurs. Et nous allons examiner ce que nous pouvons faire de plus sur ce front également.

QUESTION : Que signifie le mot « soutien » dans ce contexte ?

HAUT FONCTIONNAIRE DE L’ADMINISTRATION : Eh bien, parfois, cela se résume à l’assistance étrangère. Il existe des lignes d’assistance qui ont permis de faire démarrer des organisations de journalisme d’investigation. Ce qui me vient le plus immédiatement à l’esprit est l’OCCRP, ainsi que l’assistance étrangère qui va aux ONG, en fin de compte, qui font un travail d’investigation sur la lutte contre la corruption, également.

Le projet prétendument indépendant Organized Crime And Corruption Reporting Project (OCCRP) est financé, comme le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), par diverses fondations « occidentales » et gouvernements « occidentaux ». Comme l’admet le « haut fonctionnaire de l’administration », il a été « lancé » par le gouvernement américain (et britannique).

Les États-Unis ont copié le modèle de WikiLeaks. En 2017, l’administration Trump a traité WikiLeaks de « service de renseignement hostile non étatique » pour avoir publié des documents gouvernementaux secrets qui lui ont été remis par des lanceurs d’alerte qui dénonçaient des meurtres, des piratages et d’autres méfaits du gouvernement américain.

Pendant de nombreuses années, les États-Unis ont soutenu la concurrence de Wikileaks en fondant et/ou en soutenant l’OCCRP, l’ICIJ et d’autres organisations similaires qui sont alimentées par des documents fournis par des agences de renseignement des 5 eyes. Ces organisations sont des « services de renseignement non étatiques » qui publient les documents privés de personnes que les « 5 eyes » n’aiment pas.

Un long article récent de Yahoo sur Julian Assange et WikiLeaks (voir les corrections apportées à son absurdité du « Russiagate » ici) le dit explicitement :

« Nous sommes en quelque sorte dans l’après-WikiLeaks en ce moment », a déclaré un ancien haut responsable du contre-espionnage.

Pourtant, les services d’espionnage ont de plus en plus recours à un modèle de type WikiLeaks pour mettre en ligne des documents volés. En 2018, l’administration Trump a accordé à la CIA de nouvelles autorisations secrètes agressives pour entreprendre le même genre d’opérations de hack-and-dump pour lesquelles les renseignements russes avaient utilisé WikiLeaks. Entre autres actions, l’agence a utilisé ses nouveaux pouvoirs pour diffuser secrètement en ligne des informations sur une entreprise russe qui travaillait avec les services d’espionnage de Moscou.

Le programme n’a pas été lancé sous Trump mais n’est, comme le mémorandum Biden ci-dessus, qu’une extension d’un programme qui existe depuis des années. L’OCCRP a été fondé en 2006 et a d’abord frappé uniquement les gouvernements d’Europe de l’Est. Les « Panama papers » ont été publiés en 2016. Les nouveaux « Pandora papers » n’en sont qu’une nouvelle variante.

L’un des principaux objectifs de ces publications de données volées est la propagande. Il suffit de regarder la photo que le Guardian a placée en haut de son article sur ces documents :

https://www.moonofalabama.org/11i/pp01.jpg

La tête de loin la plus grosse sur cette photo est celle du président russe Vladimir Poutine. Il n’est pourtant pas du tout mentionné dans les « Pandora papers » et rien ne prouve qu’il possède des avoirs offshores ou qu’il soit exceptionnellement riche. Le seul rapport qu’il a avec l’histoire est le suivant :

Le roi Abdallah fait partie des dizaines de dirigeants actuels et anciens dont les investissements à l’étranger ont été exposés. Parmi les autres dirigeants figurent le président russe Vladimir V. Poutine, dont l’ancienne maîtresse présumée a acheté un appartement à Monaco…

Ainsi, une riche jeune fille russe, qui aurait eu une liaison avec Poutine il y a une vingtaine d’années, a acheté un appartement dans un pays étranger en utilisant une entité offshore. (La liaison « présumée » est en fait une rumeur jamais confirmée qui a été diffusée par le média russe « Proekt », financé par l’oligarque anti-Poutine Khodorkovky, qui vit à Londres).

Comment cela peut-il justifier que le communiqué, qui nomme 35 dirigeants nationaux, anciens ou en place, (mais pas Poutine), de nombreux fonctionnaires et des dizaines de milliardaires, soit précédé de la photo de Poutine ? (En 2016, le Guardian a fait de même avec les « Panama papers ». Poutine n’était pas non plus mentionné dans ces documents, mais malgré tout en tête de liste dans l’article du Guardian à ce sujet).

Un autre indice que tout cela est de la propagande filtrée par le gouvernement américain (et du matériel de chantage) vient de l’absence totale de noms de milliardaires et de politiciens corrompus américains dans le matériel fourni.

https://www.moonofalabama.org/11i/pp02.jpg

De quels pays viennent les 336 politiciens cités dans les Pandora Papers ?

Le fait qu’aucun de leurs noms ne se trouve dans les dossiers publiés des services offshore indique que ceux-ci ont été soigneusement éliminés.

Les documents publiés sont une fausse critique que le système fait de lui-même. S’ils soutiennent les objectifs de la politique étrangère américaine en accusant les personnes que les États-Unis n’aiment pas, ils conduiront également à un soutien accru de la surveillance financière et de l’espionnage. En déshonorant ou en éliminant la concurrence étrangère, ils font la promotion des paradis fiscaux américains comme l’Alaska, le Nevada et le Delaware auprès des « clients » étrangers :

Les Pandora Papers contiennent des détails sur plus de 200 trusts créés aux États-Unis ces dernières années. Dans des dizaines de cas, les clients avaient abandonné des paradis plus traditionnels, comme les îles Vierges britanniques et les Bahamas, au profit des États-Unis.

La destination la plus populaire a été le Dakota du Sud, où la valeur des actifs détenus dans des trusts a atteint plus de 360 milliards de dollars au cours de la dernière décennie. La législation de l’État du Dakota du Sud autorise la création de trusts secrets qui n’ont pas à payer un centime d’impôt à l’État pour leurs gains. Contrairement à la plupart des États, qui limitent la durée de vie des trusts à un siècle ou moins, les trusts du Dakota du Sud sont également « perpétuels », ce qui signifie qu’ils n’ont pas de date de fin. Cela signifie qu’ils peuvent continuer à réaliser des gains exonérés d’impôts et à les transmettre aux générations futures – théoriquement pour toujours.

Les États-Unis ont donc entrepris d’accuser les paradis fiscaux offshore et les dirigeants étrangers de corruption alors qu’ils sont eux-mêmes les plus grands pécheurs dans les deux cas. Il y a une constante dans tout cela. Chaque fois que les États-Unis accusent une personne ou un gouvernement étranger de faire « quelque chose », il est fort probable que cette « chose » soit exactement ce que les États-Unis soient en train de faire eux-mêmes.

Moon of Alabama

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À propos de l'auteur Le Cri des Peuples

« La voix des peuples et de la Résistance, sans le filtre des médias dominants. »[Le Cri des Peuples traduit en Français de nombreux articles de différentes sources, principalement sur la situation géopolitique du Moyen-Orient. C'est une source incontournable pour comprendre ce qui se passe réellement en Palestine, en Syrie, en Irak, en Iran, ainsi qu'en géopolitique internationale.]

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