Pas de congé férié le 30 septembre au Québec, dit Legault

Pas de congé férié le 30 septembre au Québec, dit Legault

(Québec) Le gouvernement Legault maintient sa décision de ne pas faire de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation un jour férié au Québec. Une telle mesure nuirait à la productivité déjà plus faible au Québec et serait trop coûteuse, soutient le premier ministre François Legault.

En matinée jeudi, François Legault s’est exprimé au sujet de la première Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, qui est l’occasion de rendre hommage aux enfants disparus et aux survivants des pensionnats.

« On doit se rappeler de ce qui est arrivé, entre autres dans les pensionnats, c’est terrible et puis, on doit s’en souvenir chaque année et c’est bon qu’on ait une journée de commémoration et qu’on agisse aussi pour être certain qu’il n’y ait plus de discrimination », a-t-il souligné en se rendant au Salon bleu.

Mais pas question de faire du 30 septembre un jour férié au Québec. « Nous avons besoin de plus de productivité », a-t-il servi lors d’une réponse en anglais.

Alors que sa sortie a soulevé des critiques, François Legault a réitéré sa position lors d’une brève mêlée de presse quelques heures plus tard, à la suite de son passage devant le congrès de la Fédération québécoise des municipalités.

« Avoir un jour férié additionnel, peu importe le sujet, c’est très coûteux. Et je ne pense pas que ce soit nécessaire d’avoir un coût aussi élevé pour faire cette commémoration-là », a-t-il soutenu. Il a fait valoir que le Québec « a du travail à faire » pour améliorer sa productivité, si l’on regarde le nombre d’heures et de jours travaillés. « Donc je pense qu’il y a bien d’autres façons de souligner et de commémorer ce qui est arrivé du côté des pensionnats autochtones. » Quand on lui a demandé s’il est envisageable de remplacer un « congé religieux » existant, il a répondu que « c’est compliqué ».

Un ténor du gouvernement Trudeau, Steven Guilbeault, qui participe à la cérémonie de commémoration à Ottawa, s’est dit « sidéré » par les propos de François Legault. L’élu de Montréal a invité « son premier ministre du Québec » à faire preuve de beaucoup plus « d’empathie et de compréhension » envers les Premières Nations.

Le Parlement canadien a reconnu le 30 septembre comme jour férié fédéral. Au Québec, des entreprises ont malgré tout emboîté le pas, comme Simons, qui a reconnu la journée comme « moment national de réflexion, de recueillement et de respect ».

François Legault avait déjà fermé la porte à la possibilité de créer un jour férié le 30 septembre, le 21 juin dernier, lors de la Journée nationale des peuples autochtones. Il y a actuellement huit jours fériés annuels au Québec.

Le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, a invité le gouvernement Legault à faire du 30 septembre un jour férié. « Je pense que le Québec doit se joindre à cet élan de solidarité puis de réconciliation avec les peuples autochtones », a-t-il expliqué en mêlée de presse, jeudi.


Sa formation a déposé une motion au Salon bleu en ce sens. « Une journée fériée, ça ne change pas le monde, ça ne change pas, surtout, le passé, mais ce serait un petit geste, un vrai geste de réconciliation, de justice, de solidarité. Ce serait un message, un message fort pour dire que le 30 septembre, au Québec, ce n’est pas une journée comme les autres », a-t-il ajouté.

Le gouvernement n’a pas donné son consentement à l’adoption de la motion déposée conjointement avec les partis d’opposition.

Les parlementaires, dont le premier ministre, ont porté jeudi un médaillon en l’honneur des enfants disparus dans les pensionnats autochtones. Le médaillon montre un pourtour de perles orange-couleur de la commémoration. Il a été produit par des artisanes de Uashat mak Mani-Utenam, près de Sept-Îles.

Le ministre responsable des Affaires autochtones, Ian Lafrenière, est d’ailleurs sur la Côte-Nord pour participer à une commémoration.

L’Assemblée nationale doit aussi être illuminée en orange jeudi. Plusieurs élus portaient aussi des vêtements de couleur orange.

Avancées « timides » du rapport Viens

La Presse rapportait jeudi que le comité de suivi des « appels à l’action » de la commission Viens fait état de mesures « anecdotiques » qui ne « répondent que partiellement » aux recommandations et d’avancées « très timides » en matière d’autonomie des Premières Nations. (LIEN)

François Legault estime malgré tout que son gouvernement « avance sur beaucoup de dossiers ». « Il y a 11 nations, une trentaine de communautés, et ils veulent qu’on discute et qu’on s’entende avant avec chacune des communautés, donc c’est complexe. Et moi, je ne veux pas le faire sans leur consentement », a-t-il soutenu lors d’une mêlée de presse.

Le comité de suivi a effectué plus de 150 demandes d’accès à l’information le printemps dernier pour mesurer la progression des 142 « appels à l’action » formulée par le juge à la retraite Jacques Viens. Le ministère de la Santé et des Services sociaux a refusé « en bloc » de répondre aux demandes du comité de suivi.

Tout comme le ministère de la Sécurité publique. « Le ministère de la Sécurité publique est un acteur excessivement important », a lancé jeudi le porte-parole libéral en matière de justice, Marc Tanguay.

« On appelle à la collaboration, au dialogue, au transfert d’informations, à l’accès à l’information et ce sens-là, je pense que la ministre responsable [Geneviève Guilbault] devra passer les bons messages », a-t-il ajouté.

« Je ne suis pas surpris », a réagi pour sa part Gabriel Nadeau-Dubois. « Il faut que les choses changent plus vite. Ce n’est pas normal que, deux ans après le rapport Viens, un an après la mort de Joyce, il y ait juste 1 % des gens dans le réseau de la santé qui ait suivi une formation sur ces enjeux-là. […] Ce n’est pas à l’honneur du Québec d’être autant en retard », a précisé le chef solidaire.

Le Parti québécois a déposé une motion pour que l’Assemblée nationale donne suite à la demande de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et Labrador pour la tenue d’une « commission spéciale et conjointe » sur les enjeux autochtones.

« Cette commission va être un lieu, justement, où l’on pourra démêler toutes ces histoires de vocabulaire, mais aussi, surtout, je l’espère, de comment on fait bouger la situation », a fait valoir le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon.

« Il me semble que ça devrait être ça dont on parle, en ce moment, et non pas d’une autre manière d’imposer un vocabulaire ou de polariser, à des fins politiques, un débat qui n’aurait jamais dû être politisé comme il l’a été », a-t-il ajouté alors que la semaine a donné lieu à des échanges houleux sur le racisme systémique.

Le gouvernement n’a pas consenti à la motion du Parti québécois.


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