HISTOIRE ET PATRIMOINE BÂTI À QUÉBEC
PRÉSERVER L’HÉRITAGE
J’ai habité tout près de cette église pendant la moitié de ma vie, j’ai soixante-cinq ans. Je l’ai fréquenté tous les dimanches, enfant, adolescent et jeune adulte. Jeune, cette église m’impressionnait, encore aujourd’hui. Fermée au culte et fermée tout court depuis 6 ans, le 29 septembre, on a ouvert ses portes massives pour la faire visiter, je n’ai pas manqué cette occasion que j’attendais. Armé de ma caméra, j’ai fixé pour la première fois les souvenirs de son intérieur. Malheureusement, par ce jour gris, le soleil ne filtrait pas par les magnifiques vitraux. La nostalgie et l’émerveillement étaient au rendez-vous. Messes, confessions, église remplie qui se vide avec les années, un Québec qui change et une religion qui ne suit pas assez.
Cette église est un trésor, notre héritage, comme d’autres et plus que bien d’autres, évidemment j’ai un préjugé favorable. Elle a été désignée avec d’autres pour être préservée, étant donné son grand intérêt architectural. Cependant, concrètement, rien ne se passe, pas de réparations et l’église est toujours fermée. L’excuse au sur-place, on lui cherche une vocation! On voudrait même s’en servir pour agrandir l’école voisine, ce serait bien le comble!
Excusez-moi, mais je vais commettre un péché de colère! On cherche une vocation, une excuse pour dépenser, investir des fonds publics dans cette église, peut-être le plus belle de la capitale. La raison elle est là, toute trouvée. La beauté et la mémoire. Elle est grande, elle est un chef-d’œuvre, elle est nous, notre histoire, relation d’amour et de haine avec la religion, elle est le talent de nos artistes et artisans. Lui trouver une vocation, c’est la dénaturer, la travestir. Elle doit rester pour les nouvelles générations, trop ignorantes, ce n’est pas nécessairement de leurs fautes, de leur histoire. Si on lui trouve une nouvelle vocation, on enlève les bancs et le reste et le reste, c’est une profanation, même au sens profane du terme. Qu’on en fasse un musée, un témoin, sans la modifier. On y tiendra des concerts d’orgue et autres à l’occasion. On peut la mettre en valeurs avec un son et lumière, comme l’église Notre-Dame à Montréal. Comme pour un musée, on demandera un prix d’entrée, pour subvenir à une partie des dépenses et elle deviendra une attraction touristique.
L’administration Labeaume-Lemieux et Gagnon n’a pas montré un grand intérêt pour ces questions. Ils ont laissé détruire l’église St-Coeur-de-Marie. Avec l’élection municipale à Québec, il faut en débattre, du patrimoine en général et du patrimoine religieux en particulier. Il faut agir, on ne peut plus laisser se détériorer un tel joyau et le garder fermée. La beauté et la mémoire sont des raisons bien suffisantes pour la garder telle qu’elle est. Voilà la vocation de l’église St-Jean-Baptiste.
Photos Pierre Boucher
Pierre Boucher
Fonctionnaire retraité
Québec
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