par Christelle Néant.
Après que la Russie et la Hongrie aient signé un contrat de fourniture de gaz contournant l’Ukraine pour 15 ans, Kiev a piqué une véritable crise d’hystérie, et impliqué la Commission européenne dans la dispute, provoquant une nouvelle crise diplomatique entre les deux pays.
Le lundi 27 septembre 2021, la Russie, via Gazprom (société gazière russe) a annoncé avoir conclu un contrat de fourniture de gaz avec la Hongrie pour 15 ans, sans le faire transiter par l’Ukraine, comme c’est actuellement le cas. Le contrat prévoit que la Russie fournira 4,5 milliards de mètres cubes de gaz à la Hongrie par an. Sur ce total, 3,5 milliards de mètres cubes passeront par la Serbie et un milliard par l’Autriche.
La cérémonie de signature s’est tenue à Budapest en présence de Yelena Bourmistrova, vice-présidente du conseil d’administration et PDG de Gazprom Export, et de Peter Szijjártó, ministre hongrois des affaires étrangères et des relations économiques extérieures. Ce contrat de 15 ans, entrera en vigueur le 1er octobre 2021 et pourra voir ses conditions être modifiées au bout de 10 ans.
« Un autre élément important des nouvelles dispositions est la diversification des voies d’approvisionnement. Dès le 1er octobre, la Hongrie commencera à recevoir le gaz de Gazprom par le gazoduc Turkish Stream, puis par les systèmes de transport de gaz de l’Europe du Sud-Est », a déclaré Mme Bourmistrova.
Ce contournement de l’Ukraine par la Russie et la Hongrie n’a pas été du goût de Kiev, qui voit ainsi ses pertes en matière de revenus issus du transit de gaz se creuser encore un peu plus. Comme à son habitude, l’Ukraine a réagi de manière totalement infantile, et demandé à la Commission européenne de vérifier que le contrat de fourniture de gaz entre la Russie et la Hongrie est conforme à la législation européenne en matière d’énergie.
La réaction du chef de la société en charge du système de transport de gaz ukrainien, Sergueï Makogon montre à quel point les autorités ukrainiennes sont à ce point déconnectées des réalités qu’elles pensent que la Russie et la Hongrie devraient continuer à faire transiter le gaz par l’Ukraine, alors que Kiev n’a eu de cesse de discriminer non seulement les russophones, mais aussi les Hongrois ethniques qui vivent dans le pays depuis 7 ans.
« Un exemple clair de la politique du Kremlin à l’égard de l’Ukraine : dès qu’il existe une possibilité technique de contourner l’Ukraine pour le transit du gaz, Gazprom fait passer le gaz par d’autres gazoducs que les nôtres. Malgré le contrat jusqu’en 2024, nous nous attendons à ce que le transit vers la Hongrie via l’Ukraine diminue encore considérablement ou s’arrête complètement. Par conséquent, l’achèvement technique de Nord Stream 2 pose des risques critiques pour le transit existant à travers l’Ukraine et la prolongation du contrat au-delà de 2024 », a écrit Makogon sur son mur Facebook.
Comme je l’ai déjà dit à de nombreuses reprises concernant le transit de gaz russe à travers l’Ukraine, depuis le Maïdan, Kiev a négligé le point le plus important dans toute relation commerciale : la relation avec son client ou son fournisseur. Depuis sept ans, l’Ukraine crache systématiquement sur la Russie, l’accuse d’être « l’État agresseur » qui aurait envahi le Donbass, et mène des politiques russophobes et discriminatoires, tout en exigeant que Moscou continue de faire transiter son gaz par son territoire (ce qui prouve que les histoires de guerre entre les deux pays n’est qu’un conte de fées, aucun pays en guerre et envahi par un autre n’exigerait que ce dernier continue de lui fournir du gaz !!!).
Il n’y a pas besoin d’être grand clerc pour comprendre qu’une telle relation commerciale est malsaine, et risquée, l’Ukraine ayant déjà volé du gaz russe transitant par son territoire dans le passé. De plus le pays est en plein effondrement total, ce qui veut dire que le système de transit de gaz subira le même sort. Et pour couronner le tout, le passage par l’Ukraine est plus cher que par le Turkish Stream et l’Europe du Sud, comme l’a souligné le porte-parole du président russe, Dmitri Peskov. Il était donc logique et normal que Gazprom cherche à contourner l’Ukraine.
Et concernant la Hongrie, il faut rappeler qu’en voulant discriminer les russophones, Kiev avait également discriminé les Hongrois ethniques d’Ukraine, qui ont eux-aussi été touchés par les lois sur la langue ukrainienne et sur l’enseignement. Ce qui avait déjà passablement tendu les relations entre l’Ukraine et la Hongrie.
Rajoutez à ça les déclarations de certains députés et politiciens ukrainiens insultant les Hongroies ethniques d’Ukraine et appelant à les déporter, ou demandant à envoyer des bombes nucléaires sales sur la Hongrie, et on se rend compte que Budapest a autant d’intérêts à contourner le pays pour son approvisionnement en gaz que la Russie en a à l’éviter pour le transit.
En ayant tout cela en tête, la réaction du ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmitri Kouleba, qui a déclaré que Kiev était déçue de la décision de la Hongrie de signer un contrat à long terme avec la Russie pour la fourniture de gaz contournant l’Ukraine, qu’il estimait que cette décision portait atteinte aux relations bilatérales ukraino-hongroises, et que Kiev y répondrait de manière « appropriée » a de quoi faire sourire à minima. Ce sont les décisions politiques de Kiev qui ont gravement porté atteinte aux relations avec la Hongrie, poussant cette dernière à éviter de faire transiter son gaz venant de Russie par le territoire de l’Ukraine, et non l’inverse.
L’Ukraine a beau déguiser ça en « atteinte à la sécurité nationale de l’État et à la sécurité énergétique de l’Europe », la vérité est que ce contournement du pays porte surtout atteinte au porte-monnaie de Kiev.
Alors que le prix du gaz en Europe a dépassé les 1000$ les 1000 m³, pour la première fois de l’histoire, la Hongrie a compris l’intérêt de conclure des contrats à long terme, qui assurent au client un prix fixe et relativement bas, au lieu de laisser la bourse et les spéculateurs fixer le prix (ce qui a provoqué la flambée actuelle du prix du gaz). Et plus l’Ukraine réagit de manière hystérique, plus elle braque la Hongrie contre elle et la conforte dans sa décision de contourner le pays pour son approvisionnement en gaz venant de Russie.
Et là où l’Ukraine a dépassé les bornes, c’est en demandant à la Commission européenne d’aller vérifier la conformité du contrat d’approvisionnement en gaz passé entre la Russie et la Hongrie avec la législation européenne sur l’énergie. Le ministre hongrois des Affaires étrangères, Peter Szijjártó, a vivement protesté contre « cette tentative d’ingérence dans les affaires intérieures de la Hongrie ». Il a ajouté qu’il s’agissait de l’économie et de la sécurité nationale de la Hongrie et que de telles décisions ne pouvaient être influencées par d’autres pays.
« La décision du gouvernement ukrainien d’attaquer ce contrat, par le biais de la Commission Européenne, est profondément scandaleuse. Alors mettons rapidement quelques choses au clair :
1. Les Ukrainiens n’ont rien à voir avec [les pays avec] qui nous passons des accords.
2. Nous considérons que vouloir empêcher l’approvisionnement sûr de gaz à notre pays, le chauffage des maisons du peuple hongrois et le bon fonctionnement de son industrie, est une violation grave de notre souveraineté et des intérêts de notre sécurité nationale.
3. Cette décision est inamicale après les nombreuses aides (ventilateurs, équipement médical, soins pour les soldats, vacances pour les enfants, et des fonds d’investissement) que l’Ukraine a reçu de notre part jusqu’ici », a écrit Peter Szijjártó sur son mur Facebook, indiquant que l’ambassadeur ukrainien avait été convoqué au ministère hongrois des Affaires étrangères.
Sans surprise, la Commission européenne a décidé de se mêler de ce dossier, exigeant de la Hongrie qu’elle justifie ce contrat avec la Russie qui assure plus de 28% de ses besoins, et qu’elle prouve que cela ne met pas en danger sa sécurité en matière d’approvisionnement énergétique, ni la transition vers des énergies plus vertes, au risque que Budapest se braque non seulement contre l’Ukraine, mais aussi contre l’UE.
Car le ministre hongrois des Affaires étrangères, Peter Szijjártó, a été très clair sur le fait que la Hongrie « a le droit souverain de signer des contrats d’approvisionnement en énergie avec n’importe quel pays dans les conditions qui lui conviennent », et « rejette toute tentative d’empiéter sur sa souveraineté ».
En fait, ce qui motive l’UE, ce n’est pas la transition vers des énergies plus vertes, ni la sécurité énergétique non, ce qui fait peur à Bruxelles, c’est que la Hongrie soit la première d’une longue liste de pays qui pourraient eux-aussi conclure des contrats d’approvisionnement en gaz avec la Russie en contournant l’Ukraine, ce qui plomberait sérieusement les finances de cette dernière. Et l’UE sait qu’elle va alors devoir se retrouver à combler à ses frais les trous occasionnés dans le budget ukrainien.
L’UE, comme les États-Unis, espéraient faire payer à la Russie la facture du désastre post-Maïdan en Ukraine, et découvrent que c’est eux qui vont devoir sortir le chéquier. Quand le vin est tiré, il faut le boire, fût-ce jusqu’à la lie. L’UE a voulu et soutenu le Maïdan, et bien payez maintenant…
source : https://www.donbass-insider.com
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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