Ronald Cameron pour le collectif Un Québec fou de ses solidarités
L’éducation populaire a transformé le Québec. Avec les luttes citoyennes des années 60 et 70, elle a permis à nombre de personnes des milieux québécois les plus modestes d’apprendre à s’organiser, à s’exprimer et à revendiquer. Lorsque fut diffusée au Québec l’approche de Freire, qu’il a développée au Brésil pour alphabétiser parmi les plus pauvres, elle a vite conquis ici les faveurs des personnels enseignants en éducation des adultes les plus engagés.
Paulo Freire, le père des pédagogies critiques
Aujourd’hui, on souligne le centième anniversaire de naissance de Paulo Freire. Son influence est partout sur la planète, alors que des centaines d’organismes au Nord comme au Sud développent des pratiques éducatives de conscientisation. Aujourd’hui, les pédagogies critiques se sont diversifiées pour inclure les approches féministes, antiracistes, décoloniales et à la citoyenneté mondiale.
Son premier livre qui l’a fait connaître et sa méthode est La pédagogie des opprimé·es, rééditée au Québec cette année, 47 ans après la première parution en français aux Éditions Maspero. Selon une recherche de 2016, c’est le troisième ouvrage le plus cité dans le domaine des sciences humaines et sociales.
C’est évidemment en Amérique latine que les pratiques éducatives inspirées de Freire se sont développées. D’ailleurs, les commémorations qui y auront lieu se veulent une réponse à l’offensive idéologique des courants les plus rétrogrades de la société latino-américaine, qui sont au pouvoir au Brésil, en Colombie et ailleurs.
L’influence de Freire au Québec
Freire s’est fait connaître au Québec dès 1970 à travers les réseaux en éducation des adultes et en alphabétisation populaire. On retrouve aussi son influence en travail social, notamment à travers le Collectif québécois de conscientisation, de même dans les organismes de coopération et de solidarité internationale. C’est ainsi que l’approche de Freire s’est bien implantée dans les organismes québécois d’éducation populaire et d’action communautaire autonome.
Aujourd’hui, beaucoup de ces mouvements sont sous pression avec les compressions et la pandémie. Comme l’éducation populaire s’oppose aux visions néolibérales basées sur la performance, les organisations sont poussées à privilégier une perspective d’insertion et de renforcement des capacités, qui sont bien sûr nécessaires. La mobilisation populaire en vue d’une transformation collective est absolument nécessaire. Le confinement a supprimé les contacts en présence et crée des contraintes énormes sur l’engagement social, sans compter l’accroissement des moyens et des compétences techniques.
Toutefois, le choc des enjeux climatiques crée des perspectives nouvelles d’action citoyenne, aux antipodes des courants complotistes. À l’instar de l’ensemble de la société, l’ampleur des enjeux environnementaux a secoué les mouvements communautaires et d’éducation populaire, amenés à se renouveler et à s’unir.
L’éducation populaire de transformation sociale
Les pédagogies critiques demandent de décoder la réalité et de prendre conscience des inégalités, des injustices et des rapports de pouvoir. En prendre connaissance et le comprendre sont une chose, en prendre conscience et agir en conséquence en est une autre. Comme le disait Freire, on peut instruire les gens à la réalité des injustices, mais la seule transmission des connaissances ne transforme pas les sociétés. Ce sont les gens qui la transforment.
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Le collectif QFDS, en collaboration avec le Centre Saint-Pierre et l’appui de l’Institut de coopération pour l’éducation des adultes (ICÉA), organise un événement L’actualité de la pédagogie de Freire au Québec, le jeudi 23 septembre, qui sera diffusé sur les réseaux sociaux. Pour s’inscrire.
Source: Lire l'article complet de L'aut'journal