par Laurent Lagneau.
Si le contrat lié au « Future Submarine Program », attribué à Naval Group pour la livraison de 12 sous-marins de type Shorfin Barracuda [classe « Attack »] a prêté le flanc à de nombreuses critiques dans la presse australienne en raison, notamment, d’une hausse des coûts, la décision de l’annuler pour doter la Royal Australian Navy [RAN] d’au moins 8 navires à propulsion nucléaire dans le cadre d’une alliance avec les États-Unis et la Grande Bretagne [AUKUS] donne lieu à une « liste interminable » de questions, comme le souligne Australian Defence Magazine.
La première d’entre toutes porte justement sur le choix de la propulsion nucléaire pour les futurs sous-marins de la RAN. À quel moment le gouvernement australien a-t-il considéré cette option alors que, il y a à peine un an, il n’en était même pas question dans son « Plan de structure des Forces » et encore moins dans sa revue stratégique actualisée ? L’évolution de l’environnement de l’Australie, sous l’impulsion de la Chine, est la raison avancée par Scott Morrison, le premier ministre australien. Quel fait majeur, survenu depuis, a pu motiver un tel changement ?
Quant aux sous-marins nucléaires d’attaque [SNA], Canberra affirme qu’au moins huit seront construits en Australie, pays qui n’a aucune compétence en la matière. Ce qui pose la question des savoir-faire et de la main d’œuvre qualifiée, qui était déjà un souci pour le contrat attribué à Naval Group.
Quant aux coûts, il n’est pas certain que Canberra s’en tire à si bon compte. En décembre 2019, l’US Navy a commandé neuf SNA de type Virginia [un au standard Block IV et huit au standard Block V] pour plus de 22 milliards de dollars [près de 19 milliards d’euros au cours actuel]. Ce qui donne un aperçu de la facture dont aura à s’acquitter le Ministère australien de la Défense. Et si l’on ajoute les transferts de technologie et la mise en place d’un outil industriel dédié ainsi que celle des installations spécifiques, la note risque d’être très salée.
« Des questions subsistent quant à l’infrastructure nucléaire [le cas échéant] nécessaire en Australie. Qu’acceptera l’opinion publique ? Comment la Défense gérera-t-elle les problèmes de sécurité des technologies nucléaires avec le Royaume-Uni et les États-Unis ? D’où viendront la propriété intellectuelle et l’expertise technique ? Comment seront-elles gérées ? », s’interroge l’Australian Defence Magazine.
Qui plus est, comme le premier SNA ne sera pas livré à la marine australienne avant 2040, il faut prendre en compte les coûts relatifs à la modernisation des six sous-marins de type Collins qu’elle met actuellement en œuvre. Près de quatre milliards d’euros seront nécessaires pour leur remise à niveau. C’est, en tout cas, le montant avancé par le gouvernement australien quand il a confirmé son intention de prolonger la durée de vie des navires en question.
Pendant vingt ans, donc, la Royal Australian Navy devra faire avec ses six sous-marins Collins… Dans le même temps, il lui faudra former des équipages pour mettre en œuvre ses futures SNA. Ce qui pose, là encore, la question des ressources humaines, sachant que la défense australienne ayant du mal à recruter.
Cela étant, le 19 septembre, le ministre australien de la Défense, Peter Dutton, et son collègue des Finances, Simon Birmingham, ont indiqué que Canberra envisageait la location « à court terme » de sous-marins à propulsion nucléaire auprès des États-Unis et du Royaume-Uni.
« Cela pourrait nous permettre de former nos marins et nous fournir les compétences et les connaissances nécessaires », a expliqué M. Birmingham.
Sauf qu’il est difficilement imaginable que la Royal Navy puisse se séparer de l’un de ses SNA de type Astute. À moins qu’elle transfère à son homologue australienne un SNA de type Trafalgar récemment retiré du service à des fins de formation et d’entraînement. Le HMS Trenchant pourrait faire l’affaire : il sera bientôt remplacé par le HMS Anson. Quant à l’US Navy, elle disposerait d’au moins un SNA de type Los Angeles en réserve [l’USS Jacksonville, ndlr]. Pourrait-il prendre le chemin de l’Australie ?
source : http://www.opex360.com
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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