par Christelle Néant.
Du 17 au 19 septembre 2021, les habitants du Donbass possédant la citoyenneté russe pourront participer aux élections législatives russes afin de choisir les députés qui les représenteront à la Douma d’État, marquant ainsi un tournant majeur de l’intégration de la RPD et de la RPL (Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk) avec la Russie.
Alors que plus de 600 000 habitants de la RPD et de la RPL ont désormais la citoyenneté russe, l’intégration des deux républiques avec la Russie s’accélère de plus en plus, comme le prouve la possibilité pour ces citoyens russes du Donbass de participer aux élections législatives qui auront lieu du 17 au 19 septembre 2021.
Les citoyens russes du Donbass pourront voter de deux manière : électroniquement à distance par ordinateur ou application sur leur téléphone portable, ou physiquement dans la région de Rostov-sur-le-Don, pour les députés qui représenteront l’oblast de Rostov à la Douma d’État.
Pour ceux qui souhaitent voter physiquement dans la région de Rostov-sur-le-Don, la RPD a prévu 12 trains, et 825 autobus qui emmèneront gratuitement les citoyens russes de la république jusqu’aux bureaux de vote. La RPL a prévu un dispositif similaire pour les citoyens russes habitant sur son territoire.
Le Chef de la RPD, Denis Pouchiline a d’ailleurs fortement encouragé les habitants de la république possédant la citoyenneté russe à utiliser leur droit de vote afin de décider de ce que sera la Russie dans laquelle le Donbass sera intégré.
« Les élections à la Douma d’État de la fédération de Russie auront lieu du 17 au 19 septembre. Il s’agit d’un événement marquant et attendu depuis longtemps par la population du Donbass. Il s’agit d’une nouvelle étape sur la voie de l’intégration du Donbass dans la fédération de Russie.
Depuis sept ans, nous nous battons et continuons à nous battre pour notre liberté et le droit d’être russe, le droit de parler et de penser dans notre langue maternelle, d’honorer notre histoire et d’éduquer nos enfants. Se battre pour notre maison, où la culture russe et les traditions multiethniques sont les grandes valeurs unificatrices.
Nous sommes des citoyens de la fédération de Russie, et nous sommes chaque jour plus nombreux. Le sort de notre grand pays nous tient à cœur et la voie que prendra son développement est très importante », a déclaré le Chef de la RPD sur son site officiel.
« Je vous invite à voter aux élections des députés de la Douma d’État ! C’est le devoir civique de chaque citoyen de la fédération de Russie. Il s’agit de prendre soin de notre avenir, de l’avenir de notre patrie et de l’avenir de nos enfants. […] Nous décidons de ce qui demain sera notre maison – la Russie ! » a conclu Denis Pouchiline.
Cette possibilité pour les citoyens russes de la RPD et de la RPL de participer aux élections législatives russes et ce que cela signifie en matière d’intégration de la région avec la fédération de Russie est perçu sans équivoque par plusieurs politologues et figures publiques ukrainiennes, qui disent sans détour que cela montre un changement radical de la politique de Moscou envers le Donbass, et que cela va renforcer le séparatisme en Ukraine.
Ainsi Konstantin Ruetski, membre ukrainien d’une mission internationale de surveillance qui n’a rien à voir avec celle de l’OSCE (mais dont le nom est fait pour donner une légitimité à ce bidule issue d’une simple association), a déclaré que désormais Moscou ne poussera plus pour que le Donbass réintègre l’Ukraine, même si Kiev appliquait les accords de Minsk, et que la région sera intégrée à la Russie.
« Il est clair que la stratégie russe est en train de changer. […] Si avant ils voulaient vendre le Donbass occupé, à leurs conditions pour le rendre à l’Ukraine, maintenant nous assistons à un changement fondamental. Ils sont maintenant prêts à rompre les liens du Donbass occupé avec l’Ukraine, et peut-être l’intégrer dans l’espace russe à l’avenir », a-t-il résumé.
Mais il n’y a pas que pour le Donbass que ces élections législatives russes vont avoir des conséquences, cela risque aussi d’accentuer le séparatisme en Ukraine, comme l’a souligné le politologue ukrainien Vassily Vakarov.
« Ce week-end, les électeurs des territoires temporairement occupés du Donbass voteront pour leurs députés à la Douma d’État russe. En d’autres termes, ils ne seront pas représentés à la Verkhovna Rada d’Ukraine, mais ils le seront à la Douma. Sur la liste de Russie Unie pour la circonscription de Rostov figure M. Borodaï. Borodaï, le même homme qui a été volontaire et a dirigé le mouvement des volontaires du côté russe. Il s’est battu dans le Donbass pour les gens du Donbass, la milice ou les séparatistes, appelez-les comme vous voulez. Mais aujourd’hui, cet homme sera député et il a toutes les chances d’entrer à la Douma, et il représentera ces gens », a déclaré l’analyste politique.
Mais le pire pour Kiev c’est qu’en voyant faire les habitants du Donbass, les résidents du reste du Sud-Est de l’Ukraine voudront aussi faire sécession pour faire partie de la Russie, d’après Vakarov.
« Ce n’est pas un secret que les processus d’intégration ont commencé entre les quasi-États de la RPL et de la RPD, ils s’unissent et abolissent la frontière. La seule question est de savoir comment cette partie de l’Ukraine sera transférée à la fédération de Russie. Vous voyez, il y a des citoyens ukrainiens qui vivent dans les oblasts de Kharkov, Zaporojié, Dnipropetrovsk et Odessa qui sont attirés par la Russie. Est-ce qu’ils ne voudront pas également commencer à travailler sur « Russie, prends-nous aussi » ?
Il ne s’agit plus d’un risque, mais d’un problème, car l’élite et les dirigeants d’autres régions d’Ukraine peuvent également regarder : « Voici le Donbass qui se soulève et lutte pour ses droits, voici le Donbass et une partie de la population qui part déjà pour la fédération de Russie. Devrions-nous suivre le même chemin ? » D’un point de vue politique, pour l’Ukraine, les élections à la Douma représentent une menace de propagation du séparatisme et la possibilité d’une sécession des territoires », a conclu Vakarov.
Les « analystes » ukrainiens qui hier raillaient les habitants du Donbass en disant qu’ils n’étaient pas de vrais citoyens russes, que la Russie n’intégrera jamais la région, et la laissera ad vitam æternam en état de conflit gelé à sa frontière, comme une zone tampon, comprennent désormais qu’ils se sont totalement plantés.
Malheureusement pour Kiev, ces analystes confirment bien trop tard ce que je dis depuis longtemps : le Donbass est définitivement perdu pour l’Ukraine, et cette dernière est en voie de désintégration avancée (et inévitable) à cause des politiques menées par les autorités ukrainiennes.
Ce sont ces politiques et le refus constant de Kiev de discuter avec la RPD et la RPL qui a poussé Moscou à changer radicalement de politique et de stratégie concernant le Donbass, à accorder la citoyenneté russe aux habitants des deux républiques, à leur permettre de voter aux élections législatives russes, et à pousser désormais pour l’intégration progressive de la région au sein de la fédération de Russie.
Moscou avait donné une chance à Zelensky de changer la donne, via la réunion au Format Normandie de décembre 2019. Mais ce dernier, continuant dans les traces de son prédécesseur, a préféré tenir des discours de plus en plus russophobes et bellicistes, et saboter totalement les négociations au sein de la plateforme de Minsk.
La dernière réunion du groupe de contact trilatéral a été un exemple du genre avec zéro discussion utile, que du bavardage futile sur tout sauf l’objet des négociations et zéro avancée concernant la mise en œuvre des accords de Minsk, par la faute du sabotage de la délégation ukrainienne.
Le Président ukrainien ayant refusé la main qui lui était tendue par Moscou pour résoudre pacifiquement le conflit du Donbass, la Russie a décidé qu’il était temps d’arrêter de tendre la main à des autorités qui n’ont de cesse de cracher sur cette dernière et de la renvoyer à la figure des autorités russes.
La patience de la Russie a été épuisée, et il est désormais trop tard pour se lamenter sur les conséquences de la politique désastreuse de Kiev depuis sept ans. Comme je l’ai écrit il n’y a pas si longtemps, la scission de l’Ukraine est inévitable, à cause tant de l’histoire du pays que des politiques menées depuis le Maïdan.
La question n’est plus désormais de savoir si le Donbass intégrera ou pas la fédération de Russie, c’est une question déjà réglée, comme le montre la participation de ses habitants aux élections législatives russes, mais quels autres territoires l’Ukraine va perdre, à cause des politiques russophobes et auto-destructrices des autorités ukrainiennes, qui ont semé le chaos et la division dans le pays. Et surtout la question majeure est : l’Ukraine elle-même survivra-t-elle à la sécession de ces territoires, ou disparaîtra-t-elle, après à peine un siècle d’existence ?
source : https://www.donbass-insider.com
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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