par Serge H. Moïse.
C’est aujourd’hui une lapalissade, l’idée que le fondement d’une nation dite civilisée s’avère, son cadre normatif, en d’autres termes, la constitution et les lois régissant son mode de fonctionnement.
Que de séminaires et de colloques choisissent pour thèmes, le respect des droits et libertés, la liberté d’expression et de mouvement, les droits de la femme et des enfants, le droit foncier, la protection des animaux, le droit de l’environnement. Des organisations internationales telles : l’Organisation des Nations unies, les Barreaux de tous les pays, l’Amicale des Juristes, les Avocats Sans Frontières et les dizaines d’autres de par le monde qui s’époumonent à cet effet dans la noble perspective d’instaurer la démocratie un peu partout sur la planète.
Les difficultés complexes et multidimensionnelles inhérentes à l’implantation de ces généreux concepts amènent plus d’un à se demander si ces nobles principes seraient contraires à la nature humaine.
La réponse est évidemment non et fort heureusement, sinon il y aurait lieu de désespérer en ce qui a trait à l’avenir de l’humanité tout entière.
Toutefois, nul ne nous tiendra rigueur de rappeler que l’instauration d’un État de Droit ne se fait pas au petit bonheur la chance. La justice, c’est l’affaire de tout le monde et non des juristes uniquement et la volonté politique pour ce faire, doit émaner du gouvernement, de tous les secteurs vitaux de la nation, de la population en général, chacun en ce qui le concerne.
Et puisqu’il s’agit d’un processus de longue haleine, on aurait intérêt à s’y mettre au plus tôt. Plus tard risque toujours d’être trop tard !
Les priorités de l’heure en ce qui concerne notre « singulier petit pays » mise à part l’urgence de prendre en charge nos milliers de sinistrés, seraient donc : la création d’emplois à travers la république dont l’incidence sur l’insécurité se révélerait foncièrement remarquable ainsi qu’au niveau de la déconcentration de la capitale surpeuplée à outrance. Et de manière concomitante, la réforme judiciaire, sans faire semblant, mais de manière scientifique avec évidemment les compétences nationales qui ne manquent pas. L’éducation des jeunes et des moins jeunes dans la perspective du développement endogène et durable qui passe par les créneaux culturels de la nation.
La scolarisation qui s’évertue à mettre en relief les valeurs culturelles étrangères au détriment des nôtres avec pour conséquence d’avoir fait de la plupart d’entre nous des acculturés est à proscrire pour permettre l’émergence du nouvel homme haïtien, lequel sera mieux accompagné par la nouvelle femme haïtienne.
Nos codes de lois obsolètes et désuets importés de la France après 1826, méritent d’être modernisés, et mis en adéquation avec notre réalité sociale, économique et politique.
Il en sera de même avec nos institutions publiques qui deviendront efficaces et efficientes et seront surtout au service de la population en général et non d’une minuscule oligarchie.
Quant à l’éducation, nous disons bien « éducation », son importance dans la vie de tout individu ne souffre d’aucune discussion et à ce chapitre, la population haïtienne n’a de leçon à recevoir de qui que ce soit. Elle consent depuis longtemps des efforts herculéens pour parfaire l’éducation de ses jeunes, elle se saigne à blanc afin de payer les frais exorbitants de scolarisation, même au sein des « écoles borlettes se disant qu’à défaut d’un emploi bien rémunéré pour contribuer au développement de son pays, le jeune détenteur d’un diplôme de fin d’études aura plus de chance d’obtenir un visa afin de pouvoir s’installer sous des cieux plus cléments.
Pour s’en convaincre, jetez un rapide coup d’œil et constatez le grand nombre de fils de l’arrière pays qui excellent dans leurs sphères d’activités respectives dans la diaspora. Objet de fierté, il n’y a pas le moindre de doute, mais piètre consolation à la lumière de la situation infra-humaine qui prévaut au pays de Dessalines.
Il s’avère impérieux de mettre un terme aux tergiversations, aux palabres inutiles et nuisibles, à tous ces discours creux et ronflants qui font rire de nous dans la communauté internationale. Faisons mentir ceux qui souhaitent que nous excellions dans l’art de nous entre-déchirer, que les pieds nus arrachent les cheveux aux bien chaussés. Développons une formule magique de gagnant-gagnant de sorte que les riches deviennent plus riches et que les pauvres cessent d’être pauvres !
C’est de la folie, nous dira-t-on ! Qu’à cela ne tienne, mais quelle douce folie! Et si on s’y mettait ?
En commençant par mettre en œuvre les États généraux de la justice. Réaliser un diagnostic net et précis de l’état des lieux. Ce ne sera certes pas facile, et nous sommes bien placé pour le savoir. N’empêche qu’il s’agit là d’un paradigme incontournable et tôt ou tard il faudra bien s’y mettre.
Comment expliquer que nos intellos, nos leaders politiques, nos leaders communautaires, nos syndicalistes s’intéressent si peu à ces thèmes fondamentaux pour n’importe quelle société qui aspire au progrès et à la prospérité. Le (FHS) Fonds haïtien de Solidarité ayant pour objectif de financer la création d’emplois serait l’outil haïtien par excellence pour éradiquer ce fléau qui a pour nom « chômage endémique ». Ils en parlent certes, mais est-il besoin de souligner à l’eau forte, que parler pour parler ne rime à rien. Il faut des propositions concrètes susceptibles de rallier les couches saines de la nation.
L’Amicale des Juristes a donné le ton, ses travaux depuis les vingt-quatre dernières années permettent de constater la soif inextinguible de la population pour l’avènement de notre État de Droit. Rappelons encore une fois « qu’aucun pays ne peut aspirer au développement en dehors du respect de la constitution et des lois qui le régissent »
Tout gouvernement aurait intérêt à se pencher immédiatement sur cet aspect fondamental du développement, à s’investir à fond et à investir ce qu’il faut afin que dans les plus brefs délais, le pays soit doté des meilleurs codes de lois, ainsi les règles du jeu étant clairs pour tout le monde, nous pourrons envisager, dans un délai plus ou moins prévisible, la possibilité de recouvrer notre souveraineté et travailler d’arrache-pied dans le sens du progrès et de la prospérité pour tous.
Me Serge H. Moïse av.
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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