Joss, 29 ans, et Maxim, 32 ans, sont des rescapés du Bataclan. À la veille de l’ouverture du procès des attentats du 13-Novembre, le couple, désormais installé à Baden, livre ses attentes sur ce procès hors-norme.
« C’était un truc qu’on avait dans un coin de notre tête, qui semblait loin, et finalement, c’est là. Ça fait tout drôle », décrit Joss, assise à côté de son époux, sur la terrasse ombragée de leur maison, à Baden (56). Ce « truc », c’est le procès des attentats du 13-Novembre, qui s’ouvre ce mercredi 8 septembre, à Paris. Un procès décrit « comme le leur », ce que Maxim réfute. « Ces attentats ont touché tout le monde. C’est le procès de la France », analyse l’Alréen de 32 ans.À lire sur le sujetVictimes de l’attentat du Bataclan, ils se reconstruisent en pays de Vannes
« On veut laisser la place »
Eux en sont pourtant des rescapés. « Pas des victimes ». « On n’a pas été blessés par balle, on a un peu ce syndrome de l’imposteur », explique-t-il. C’est pour cette raison qu’ils ne tiennent pas à témoigner lors du procès, mais se portent partie civile. Maxim précise : « On veut laisser la place aux parents, amis, conjoints qui ont perdu un proche ou aux personnes touchées par balle ».
Les amoureux, membres de l’association Life for Paris, suivront l’affaire depuis leur cocon, avec leur petite Harriet, âgée d’un an et demi. Leur avocat leur a parlé de la web radio destinée aux parties civiles. L’un comme l’autre n’y tiennent pas. « Se remettre là-dedans pendant des heures, on n’en a pas besoin. Il nous fera une synthèse », poursuit le trentenaire, son regard doux posé sur sa compagne. Le couple ne compte pas changer ses habitudes pour autant : « On continuera de regarder les infos, et si c’est le sujet du jour, ce sera le sujet du jour », concède Joss.À lire sur le sujetLeurs trois fils étaient au Bataclan : les douloureux souvenirs de la famille Le Guen
« Je pense que je vais tenir bon »
De ces neuf mois de procès, le duo attend avant tout des réponses sur l’aspect « factuel ». « Le reste, on l’a vécu », pose la jeune femme. « Je veux comprendre comment ça a pu arriver dans un pays comme le nôtre. Comment ça s’est construit et comment c’est possible que rien n’ait été décelé avant », poursuit-elle. Son mari, lui, espère des réponses sur le Stade de France et le rôle exact de Salah Abdeslam. « S’il continue de rester mutique, ça va être très frustrant », reconnait-il.
Quid des condamnations ? Maxim, qui dit avoir « déshumanisé » les accusés, évoque la perpétuité. « Mais qu’est-ce que ça vaut… », souffle-t-il. « Les décisions prises par les juges seront les bonnes, sauf s’ils les remettent en liberté ! », lance Joss dans un rire franc. Outre l’amour – prégnant lorsqu’on les regarde -, ce couple est lié par un autre ciment : l’humour. « Surtout l’humour noir, sourit la presque trentenaire. C’est ce qui nous a sauvés ! » Deux psychologues, rencontrées au centre hospitalier de Vannes, y sont aussi pour beaucoup. « Elles nous ont tellement bien épaulés que je me sens assez prête pour tout ça. Je ne dis pas que je ne vais pas avoir des frissons si on réécoute le son des tirs, mais je pense que je vais tenir bon. J’ai confiance en moi », glisse la Badenoise d’adoption. Maxim complète : « Cet événement n’est plus tabou. Ça fait partie de nous. C’est comme une carte de visite d’une étape de nos vies, mais cela ne nous définit pas ».
Source : Le Telegramme
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