Un article plus que surprenant par son honnêteté vient d’être diffusé par le Centre Carnegie, l’un des modules de la pensée globaliste. La position est très simple : le monde unipolaire, basé sur le droit international, n’existe pas, c’est un système hypocrite, mais comme il est fondé sur la domination américaine, l’essentiel est d’y croire encore (même s’il n’existe pas …), car l’alternative est pire – la Russie et la Chine qui développent une alternative. Tremblez devant la fameuse « menace russe », qui reste le seul fondement objectif du clan atlantiste, incapable de proposer un véritable objectif commun dicible. Bref, le monde atlantiste reconnaît et l’impasse du monde global et l’imposture de son code moral. Il serait temps d’en prendre acte.
L’Afghanistan a du mal à être digéré par le monde atlantiste, qui y voit à juste titre, en tout cas dans le discours officiel, un échec de plus de ces tentatives diverses et variées de prise de contrôle idéologique (et économique) d’un territoire, sous couvert de démocratisation forcée au nom du droit international, par ailleurs bafoué. L’on ne compte plus les opérations de « lutte contre les terroristes », qui finalement ont conduit à l’arrivée au pouvoir de ces mêmes terroristes, après des années de combat acharné contre les institutions étatiques de ces pays. La Syrie est en sursis, grâce à l’intervention russe, qui a, elle, réellement fait reculer les groupes terroristes, malgré des interventions parfois très surprenantes (au regard de la lutte annoncée contre le terrorisme) des forces de la coalition américaine, particulièrement empressées de lutter contre Assad et l’armée régulière syrienne. En ce sens, l’Afghanistan est le résultat classique de la constance de la politique américaine.
Le décalage entre le but affiché dans le discours global et les résultats sont à tel point important, qu’une explication s’impose. Elle est donnée dans une publication diffusée par le Centre Carnegie : le modèle d’un ordre global libéral fondé sur le droit international est hypocrite et ne fonctionne pas, mais l’alternative proposée par la Russie et la Chine est encore pire, donc faites semblant d’y croire et il perdurera. Quelques extraits s’imposent.
« L’un des grands mythes de la seconde moitié du XXe siècle est que l’humanité a en quelque sorte « réussi » à construire un « ordre international libéral », soutenu par les engagements profonds des nations occidentales les plus puissantes d’une part et l’acquiescement des Etats non-libéraux de l’autre. Cet ordre était censé être fondé sur des règles, éclairé par le droit international et était ce qui permettrait aux petits pays de fonctionner avec leur souveraineté intacte. (…)
La notion d’un monde unipolaire, où un ordre international libéral fondé sur des règles, étayé par le droit international est, par essence, le principe organisationnel fondamental des relations internationales, n’est tout simplement pas réelle. C’est la mauvaise nouvelle. La bonne nouvelle, cependant, est qu’un nombre suffisant de personnes croyant que cela devrait être le principe fondamental qui sous-tend les relations internationales a suffi à faire une différence dans le monde ».
Donc, nous ne sommes pas dans un système international fondé sur le droit, mais il faut continuer à y croire. Et dans ce discours à la limite du Bisounours, c’est parce que des décideurs n’y croient plus, que le pouvoir de la Russie et de la Chine augmente.
« Mais au fil du temps, de moins en moins de personnes en position d’autorité continuent de croire suffisamment profondément au principe du droit international. Et alors que le vide dans tout ce qui constitue l’ordre international continue de se creuser, deux grandes puissances – la Chine et la Russie – continuent non seulement de contester, mais aussi de proposer des alternatives au système existant ».
Ce n’est pas parce que ce système ne fonctionne pas et est hypocrite, comme l’article l’écrit dès le départ, non, c’est la faute de ceux qui ne croient pas en la réalité de ce qui n’est pas. Et dans la foulée, le mythe du monde unipolaire s’écroule :
« La réalité est que l’ordre international n’a rien d’« unipolaire » depuis plusieurs décennies maintenant. Nous vivons dans un monde multipolaire depuis de nombreuses années. Il y a ceux qui s’en réjouissent, espérant peut-être qu’un monde plus multipolaire sera plus juste. Un monde où le pouvoir est plus fragmenté, donc potentiellement plus uniformément réparti, et par conséquent, tous sont obligés de se rassembler sur la base d’un véritable objectif commun pour le monde dans son ensemble ».
Toujours dans la foulée, de reconnaître qu’il n’y a pas même de véritable objectif commun. Logique – comment dire la vérité, à savoir que ce système unipolaire n’est construit, pensé, réalisé que dans un seul but : permettre et garantir l’hégémonie américaine. Le but réel n’étant pas dicible et étant de plus en plus éloigné de but affiché, le système unipolaire s’effrite de lui-même, ne pouvant convaincre et ne pouvant se permettre de reposer uniquement sur la force. Le chantage est déjà largement utilisé avec les États satellites, mais la force directe est (encore) inconcevable – et inutile tant que les dirigeants des États satellites font le travail chez eux et qu’il se trouve des interlocuteurs empressés dans les États non totalement alignés.
Et puisque ce système ne peut réunir, il doit avoir un ennemi, qui fasse encore plus peur que ses propres défauts – la Russie et la Chine.
« tout nouvel « ordre mondial » formé sur la base d’un impératif conjoint sino-russe pourrait probablement sembler considérablement pire que même l’ordre imparfait et hypocrite d’aujourd’hui ».
Et l’auteur d’insister, car il est dans une impasse – oui, tout était hypocrite ces 20 dernières années, les États-Unis ne vont pas se transformer pour respecter le droit international, mais ce que propose la Russie et la Chine est pire … Il n’y a finalement aucun autre argument.
« Supposons-nous simplement que « L’Amérique d’abord » va se transformer en « L’Amérique pour le droit international » dans quelques années ? Sous-estimons-nous le potentiel de ce qui vient ensuite ? Nous ne devons pas être naïfs à propos de ce que les 20 dernières années ont apporté. C’était plein de défauts, d’erreurs, d’hypocrisie et plus encore. Mais ne soyons pas non plus naïfs à l’idée que tout ordre international fondé sur des règles vienne de Chine ou de Russie ».
Bref, tremblez et soumettez-vous. C’est le message adressé à l’Europe.
En tout cas, cela explique clairement d’où vient ce besoin hystérique de la fameuse « menace russe », cela confirme les critiques adressées par la Russie aux dirigeants américains de violer systématiquement le droit international, cela confirme l’hypocrisie fondamentale de cet ordre global atlantico-centré. La France et les pays européens ont-ils réellement besoin de cela, d’être traité comme des enfants immatures ? L’UE n’apporte rien d’autre, il serait temps de se réveiller et de reprendre notre souveraineté pour reprendre notre avenir en main et établir de véritables relations équilibrées sur tout le continent européen, notamment avec la Russie, ce qui entre dans l’intérêt des pays européens, autant qu’il contrevient aux intérêts atlantistes.
source : http://russiepolitics.blogspot.com
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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