Le général français (2S) Dominique Delawarde – Ancien chef « Situation-Renseignement-Guerre électronique » à l’État-Major interarmées de planification opérationnelle, donne dans un entretien à Observateur Continental son point de vue sur le retrait d’Afghanistan des USA.
Est-ce que le retrait des USA d’Afghanistan est une surprise pour vous ?
Dominique Delawarde : Absolument pas ! La haine que les USA suscitent dans les populations partout où ils s’ingèrent, en s’appuyant sur la force militaire et des bombardements disproportionnés et aveugles, conduit toujours aux mêmes résultats. Le scénario vietnamien s’est reproduit à l’identique.
Comment expliquer à nos lecteurs les raisons de la victoire des Taliban face à l’armée la mieux équipée au monde ?
La détermination et la foi inébranlable en leur cause, le soutien d’une forte majorité de la population, la haine de l’occupant US ont permis aux Taliban de surclasser toutes les technologies les plus avancées utilisées par des GI’s, qui, eux, ne savaient pas vraiment ce qu’ils faisaient là et ne croyaient pas en leur cause.
Quelles différences voyez-vous entre le retrait de l’URSS et des USA ?
Le premier avait été préparé et s’est effectué dans l’ordre, le second est apparu bien chaotique et improvisé, comme il l’avait été au Vietnam …
Est-ce que le manque de qualité du renseignement américain est la seule cause du retrait ?
Non, les USA rencontrent désormais de graves problèmes économiques (déficits budgétaire et commercial abyssaux, dettes hors de contrôle …). Ils ne peuvent plus se permettre d’agir simultanément sur de trop nombreux fronts, ce qui est très coûteux, faute de moyens. Ils sont contraints d’en abandonner certains. Leur outil militaire avait pour ambition de pouvoir traiter simultanément un conflit majeur et deux conflits régionaux. Force est de constater qu’il peine à partir d’un engagement sur deux théâtres de conflits régionaux. Les USA auraient bien des raisons d’être très inquiets en cas de conflit majeur.
Quelles sont, selon vous, les erreurs stratégiques des USA et de l’Occident en Afghanistan ?
C’est de ne pas avoir compris que ce pays, avait la réputation méritée d’être « Le tombeau des empires ». Les Britanniques et les Russes s’y étaient fourvoyés. Les Américains ont cru, à tort, être plus malins ou plus forts que les autres. Le résultat est là.
Assistons-nous à la chute de la puissance des USA ?
La perte de puissance économique US se traduira par une perte de puissance militaire dans les années qui viennent. Le monde unipolaire souhaité par les néoconservateurs américains apparaît désormais « hors de portée ». Le monde de demain sera multipolaire.
Est-ce que ce retrait impacte le fonctionnement de l’OTAN ?
À l’évidence oui, lorsque le chef de meute est faible, la meute entière est affaiblie. L’OTAN devra revoir ses ambitions et son agressivité à la baisse. C’est une certitude. Les rodomontades ne suffiront plus.
Est-ce que la France doit revoir ses relations avec les USA ?
Elle aurait dû le faire depuis longtemps, mais ses élites gouvernantes ont été sélectionnées et formées sur des critères atlantistes purs et durs. Il leur faudra beaucoup de temps pour s’apercevoir qu’elles sont désormais dans un camp en déclin qui constituera le camp des perdants de demain.
Quelles sont les conséquences pour la France après ce départ américain d’Afghanistan ?
En s’associant aux USA dans cette ingérence inappropriée et perdante, la France a porté atteinte à sa crédibilité sur la scène internationale. Elle aura, en outre, à gérer le délicat problème des réfugiés.
source : http://www.observateurcontinental.fr
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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