Un entretien sans concessions avec Jean-Michel Blanquer
P. M. Comment s’annonce la rentrée des classes 2021 ?
J.-M. B. Comme chaque année, nous prévoyons environ 400.000 morts (dont 352.400 dans les classes maternelles).
Vous voulez dire, si nous ne faisons rien ?
Si nous ne faisons rien, ce sera le double. Mais nous sommes déterminés à agir.
Comment est-ce possible ? Est-il encore temps ?
Bien sûr et ce que nous pouvons faire dès maintenant, c’est réaménager les programmes scolaires pour les adapter à l’urgence. Une nouvelle grille de contenus pédagogiques vient d’être élaborée dans le bunker antiatomique de l’Élysée, qui devrait permettre aux enfants de se protéger les uns contre les autres, tout en s’amusant. Intitulé Delta Force IV, ce programme est disponible aussi en vidéo.
C’est une excellente nouvelle pour les enfants, et aussi pour leurs parents, qui vivent dans la terreur depuis qu’ils ont appris qu’il y aurait une rentrée des classes cette année.
L’axe numéro 1 consiste à privilégier l’activité physique, propre à stimuler l’immunité contrairement aux activités statiques comme la lecture, le calcul etc., qui encombrent l’esprit des enfants et dont ils auront de moins en moins besoin dans les années qui viennent.
Comment canaliser toute cette belle énergie ? Ne craignez-vous pas des débordements ?
Au contraire, il s’agit de les recentrer sur l’essentiel. C’est l’axe numéro 2 du dispositif, basé sur la sensibilisation aux enjeux sanitaires. Depuis au moins Noël dernier, les enfants ont compris qu’ils représentaient un danger pour leurs familles, pour les enseignants et d’une manière plus générale, une nuisance pour l’ensemble de la société.
En effet, cela a même été prouvé scientifiquement sur Touche pas à mon poste.
Maintenant l’heure est venue pour eux de comprendre que la balle est dans leur camp, en apprenant à lutter eux-mêmes contre l’épidémie qu’ils répandent.
Il s’agirait donc de les responsabiliser enfin ?
Tout-à-fait, il s’agit d’une démarche inclusive et solidaire, car il n’est pas tolérable que les adultes portent seuls le poids de restrictions toujours plus absurdes. Plusieurs pistes ont été évoquées comme simuler une rafle ou construire des miradors, mais compte tenu de l’urgence, il nous a paru fondamental d’allier pédagogie et efficacité sur le terrain. C’est pourquoi à partir de 6 ans, chaque élève sera équipé d’un lance-flammes lui permettant primo, de faire le nécessaire dès qu’un de ses camarades se met à tousser pendant la récréation, secundo, d’expérimenter par la même occasion les vertus de l’approche pasteurienne, qui fait partie intégrante du génie français.
Une question va inévitablement se poser : les bambins ne courent-ils pas le risque de mettre le feu aux bâtiments ? Les parents pourraient s’inquiéter d’être tenus pour responsables en cas de dégradations.
Aucune crainte à avoir puisque tertio, les cours de récréation seront entourées de barbelés électrifiés, et quarto, les enseignants seront mobilisés pour encadrer les élèves de façon à ce qu’ils ne manquent pas leur cible. Ils seront également chargés de ramasser les cendres et de les jeter dans des sacs biodégradables.
Sur ce dernier point, ne craignez-vous pas des réticences de la part du corps enseignant ?
Ce serait bien la première fois.
Certains pourraient objecter qu’ils n’ont pas été formés pour faire du ramassage scolaire.
À la limite, de telles réserves auraient un sens si les enfants étaient passés au hachoir, mais dans le cas présent elles sont d’autant plus absurdes qu’une fois carbonisé, un élève n’a plus aucune chance de transmettre le virus. Il n’y a donc aucun risque, et le lance-flammes est une arme aussi efficace que la vaccination pour les tranches d’âge qui n’ont pas encore accès à cette dernière. C’est le sens même de la politique que nous menons.
Il ne reste plus qu’à espérer que ce message d’apaisement fasse mouche auprès du personnel scolaire, souvent prompt à se mettre en grève pour des broutilles…
Justement il ne s’agit pas de broutilles, donc il n’y a aucune raison pour que les enseignants se mettent en grève. Nous sommes clairement dans un combat pour nos valeurs fondamentales, et ceux qui ne s’y reconnaissent pas seront de toute manière éjectés de leur poste, car l’extrême-droite n’a pas sa place dans l’école de la République.
Êtes-vous sûr que ce sera suffisant ? Ne faudrait-il pas aussi les priver d’indemnités ?
C’est l’évidence même, et dans un souci d’équité nous supprimerons également leurs droits à la retraite.
Bien joué. Voilà qui devrait en faire réfléchir plus d’un.e.
Sinon, c’est à désespérer de l’Éducation Nationale.
Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir