par Christelle Néant.
Le vendredi 20 août 2021, Volodymyr Zelensky a mis sous sanctions lors d’une réunion du Conseil de Sécurité nationale et de Défense de l’Ukraine le média Strana, son rédacteur en chef, Igor Goujva, mais aussi le député Andreï Derkatch (qui avait publié les conversations téléphoniques entre Petro Porochenko et Joe Biden), le blogueur Anatoli Chary et sa femme, accentuant encore la censure instaurée dans le pays.
Et cela pourrait ne pas s’arrêter là, car bien que Strana soit déjà le quatrième média à subir la censure en Ukraine cette année (je rappelle qu’en février, Zelensky a déjà fait fermer trois chaînes TV d’opposition : 112 Ukraine, NewsOne et ZIK), il semble que la chaîne TV Nach soit aussi dans le collimateur des autorités ukrainiennes.
Comme dans le cas des trois chaînes TV principales d’opposition qui ont été sanctionnées en février en Ukraine, le média Strana et son rédacteur en chef, Igor Goujva, ont été mis sous sanction et le site internet strana.ua bloqué sans aucune décision de justice ni aucune base légale sérieuse permettant de justifier une telle censure (le site a migré depuis sur l’adresse strana.news).
Je rappelle qu’en Ukraine la loi interdit d’imposer des sanctions à des citoyens ukrainiens, ce qui veut dire que cette nouvelle censure est totalement illégale ! Et les justifications habituelles pour une telle censure, selon lesquelles ce média serait pro-russe, ne tiennent pas la route pour Strana.
Car si ce média est parfois assez critique contre les autorités ukrainiennes, il n’est en rien pro-russe. Il suffit de lire les articles de ce média pour se rendre compte que son point de vue sur l’actualité est loin de celui de Moscou ou de politiciens ukrainiens comme Viktor Medvedtchouk.
Résultat, les autorités ukrainiennes se sont contentées d’accuser Strana et son rédacteur en chef « d’activités illégales », sans préciser ces dernières, en disant que le SBU avait des informations secrètes sur ces « activités illégales ». Avec des justifications pareilles on pourrait mettre sous sanctions n’importe qui sans raison valable !
Sans surprise, comme en février, les organisations comme Amnesty International se font remarquer par leur silence complice, pendant que dans le même temps elles hurlent à la censure, parce que la Russie a assigné le statut d’agent étranger à la chaîne Dojd (ce qui est justifié puisque ce média est financé depuis l’étranger). Et ce, alors que ce statut n’empêche en rien Dojd de travailler contrairement aux sanctions prises en Ukraine contre les médias d’opposition.
Ce double standard d’Amnesty International est d’autant plus flagrant que l’organisation n’a jamais hurlé à la censure non plus quand Russia Today a été désignée par les États-Unis comme agent étranger (je signale que la loi russe sur les « agents étrangers » est calquée sur la loi américaine et est une réponse à l’application de cette dernière contre les médias russes !!!).
Amnesty International est restée aussi totalement silencieuse quand Russia Today, Sputnik, RIA Novosti, et d’autres médias russes ont vu leurs profils et posts sur Twitter ou leurs vidéos sur YouTube marqués du « sceau de l’infamie » indiquant que ces médias sont affiliés au gouvernement russe, ou financés totalement ou partiellement par ce dernier.
Une politique qui ne s’applique bizarrement pas à la BBC par exemple alors qu’elle est financée par le gouvernement britannique (et l’excuse de Twitter pour justifier ce deux poids deux mesures selon laquelle la BBC aurait une indépendance éditoriale malgré ce financement gouvernemental a de quoi faire rire jaune toute personne lisant ce média) !
En attendant, en Ukraine la censure va bon train contre tous les médias qui osent critiquer les autorités ou dévier du narratif officiel. La veille du jour où Zelensky signait le décret sanctionnant le média Strana, le conseil national de radio et de télévision appelait à retirer sa licence à la chaîne Nach, parce qu’un de leurs invités a dit sur le plateau que le conflit dans le Donbass est une guerre civile et que l’Église orthodoxe bidon créée par Bartholomée n’était qu’un groupe de schismatiques. En clair, les autorités ukrainiennes veulent faire fermer cette chaîne parce que la vérité y est dite !
Volodymyr Zelensky est décidément pire que son prédécesseur, Petro Porochenko, et sous peu, l’Ukraine n’aura rien à envier aux pires dictatures en matière de « liberté d’expression », sans qu’Amnesty ni les autres organisations censées défendre cette liberté ne bougent le petit doigt pour dénoncer cette censure.
source : https://www.donbass-insider.com
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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