par Vincenzo Ferrara.
Après plus de sept ans de conflit, la paix n’est pas encore arrivée dans le Donbass. Après les tensions du printemps dernier, les exercices Defender Europe 2021 étaient en cours avec des troupes de l’OTAN déployées le long de la quasi-totalité de la frontière occidentale de la Russie. Pour le moment la situation semble assez stable. Le gouvernement de Kiev ne se soucie probablement pas d’exacerber l’atmosphère qui pèse sur la population de l’Est car nous sommes en avance sur les célébrations du 24 août pour la Journée de l’indépendance de l’Ukraine.
Le 23 août, surtout, il y aura le premier sommet international de la soi-disant « Plateforme Crimée ». Il est impossible de prédire quel sera l’avenir des Républiques populaires autoproclamées de Donetsk et de Lougansk (RPD, RPL) car leur avenir dépend de plusieurs facteurs externes. Ce qui est, cependant, certain, c’est que la majorité des crimes de guerre, qui ont été commis, ne seront révélés qu’après de nombreuses années. Les responsables seront pris et jugés quand la paix sera obtenue.
La pire phase, probablement celle de 2014-2017, a été surmontée. La Russie continue de dénoncer à l’OSCE les incohérences dans le comportement du gouvernement ukrainien. Celui-ci réserve un traitement « très spécial » à ceux qu’elle définit comme ses citoyens résidents dans la partie orientale du pays. Des maisons dans les banlieues de Donetsk et de Lougansk sont endommagées par des bombardements réguliers. Des civils sont blessés et tués par des balles et des grenades tirées par l’armée ukrainienne. La vie normale n’est plus un fait garanti lorsque l’électricité se coupe soudainement à cause des bombardements, comme le 23 avril dernier dans la zone de Staromikhailovka, touchée par une artillerie d’un type interdit par les accords de Minsk. La délégation russe a appelé, dans son appel à l’OSCE du 28 avril, la communauté internationale à faire pression sur Kiev pour qu’elle mette fin au plus vite à la guerre contre son propre peuple. Elle dénonce également l’attitude des « collègues occidentaux » qui continuent de fermer les yeux sur les crimes de guerre des forces de sécurité ukrainiennes et qui soutiennent le gouvernement ukrainien pour maintenir vivant le mythe de « l’agression russe » contre l’Ukraine.
La plainte russe à l’OSCE se poursuit avec l’exemple des lance-grenades utilisés par les forces ukrainiennes dans le Donbass, des armes conçues pour frapper des cibles humaines. Certains États occidentaux, qui soutiennent la cause ukrainienne, fournissent une formation et du matériel aux militaires à Kiev, leur offrant une couverture, de facto, pour les crimes qu’ils commettront plus tard en partageant ainsi la responsabilité. En avril dernier, le Sénat américain a approuvé l’Ukraine Security Partnership Act of 2021 qui stipule explicitement que les États-Unis peuvent s’engager à aider Kiev à répondre à la crise humanitaire provoquée « par l’invasion russe de l’Ukraine » et surtout garantira cette dernière formation de ses troupes et un crédit pour l’achat d’armes. Dans cette loi, sur les armes, il est question de la fourniture à Kiev d’« armes défensives létales ».
Comme pour le conflit en ex-Yougoslavie, le rôle de la presse occidentale est très important pour mettre en évidence ou dissimuler certains faits à d’autres. Toujours dans la récente plainte russe auprès de l’OSCE, un rapport de CNN est cité qui décrit comme étant d’origine russe le matériel militaire encadré lors d’un voyage sur un convoi ferroviaire tandis que la même loi américaine certifie l’approvisionnement constant en armes avec des étoiles et des rayures données par Kiev. Puis il y a le cas, le énième, du journaliste italien tué alors qu’il effectuait son travail sur le terrain. Andrea Rocchelli a été fauché par un mortier à Slaviansk en 2014, avec un collègue russe. Vitali Markiv était impliqué dans les tirs visant les positions où se trouvait Rocchelli, ainsi que le journaliste français William Roguelon, qui a survécu à сette attaque et présenté les dépositions nécessaires qui ont permis d’interpeller Markiv.
Son meurtrier présumé a été acquitté en deuxième instance en novembre dernier. La décision d’appel a fait valoir pourquoi elle a complètement annulé le premier jugement qui avait condamné Vitali Markiv, un Ukrainien avec un passeport italien et ex-combattant de la Garde nationale ukrainienne, à 24 ans de prison. Dans le jugement de première instance, il a été établi que la responsabilité du meurtre de journalistes, témoins souvent inconfortables – ignorant les crimes de guerre et la responsabilité personnelle – ne peut être attribuée de manière générique à la guerre. Au deuxième jugement, cependant, Vitali Markiv est sorti complètement acquitté, selon la justice ukrainienne, pour ne pas avoir commis le fait. Après la décision de première instance, le gouvernement ukrainien avait fait pression sur la justice italienne, et même après la décision finale, la famille du journaliste Rocchelli a reçu des menaces via les médias sociaux.
Aux plaintes russes, l’Occident a répondu par une résolution condamnant le Parlement européen. La loi, votée à une très large majorité, n’a aucune valeur juridique contraignante, mais exprime clairement la volonté européenne de rejeter la responsabilité sur la Russie en ce qui concerne la crise humanitaire dans le Donbass. L’Occident tient à accuser la Russie dans ce conflit en fermant les yeux sur le rôle et les responsabilités de Bruxelles, de Washington. En supposant que dans la guerre toutes les parties impliquées finissent par être tachées de crimes ou d’actions inacceptables, la situation dans l’est de l’Ukraine est compliquée par la présence de mercenaires étrangers combattant pour les deux factions. Et il est facile pour le « sale boulot » qui entraîne des crimes de guerre de le faire.
source: https://strumentipolitici.it
via https://www.observateurcontinental.fr
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