En plus des quelques réflexions évoquées dans ce texte, il est bon de rappeler quelques autres vérités qui pourraient nous faire voir autrement le retrait de l’armée américaine d’Afghanistan. Rappelons tout d’abord que cette guerre, dont l’origine et la justification furent la grandiose mise en scène du 11 septembre 2001, n’a jamais été faite pour être gagnée et n’avait pas non plus pour objectif de conquérir un pays pour le coloniser ou piller ses ressources. Son but était plutôt d’entretenir un chaos contrôlé permanent, pendant des décennies, pour permettre aux armées de l’empire d’occuper une position géostratégique idéale face à ses deux rivaux, la Russie et la Chine.
On constate d’ailleurs que la guerre d’Afghanistan est loin d’être terminée. A peine les troupes américaines retirées officiellement de ses bases afghanes, un résistance armée, bien armée et bien organisée (depuis quand ?) surgit de nulle part et commence à harceler les Taliban. Le plus rigolo, c’est que ces Taliban, anciens proxies des forces impériales avec l’aide d’Al Qaïda, vont cette fois avoir à combattre un autre Al Qaïda, l’Etat Islamique. On prend les mêmes et on recommence, avec quelques retouches quand à la distribution des rôles.
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par Francis Goumain
On parle de défaite militaire américaine et occidentale en Afghanistan, comme si les Taliban avaient réussi à vaincre l’OTAN, les articles sur le sujet n’ont pas peur du ridicule, il y a bien une petite hausse des pertes générales en 2020, mais imputable au Covid et non aux Taliban!
On trouvera ici un document du Congressional Resarch Service mis à jour au 6 avril 2021, il écarte sans appel l’idée que les USA partent sous une pression militaire, c’est un choix politique de leur part dont il reste à déterminer si c’est une défaite ou non: tout retrait n’est pas forcément un échec.
Premier graphique choc, le suivi des pertes militaires américaines depuis 2006, en cumul sur 15 ans, voir le camembert en haut à droite, on constate que les trois quarts des pertes se produisent sur le sol US même, pour lire la légende, OCO signifie «Overseas Contingent» et «Non-OCO» l’inverse.
Attention, le concept OCO et non-OCO ne recouvre pas qu’une notion géographique, mais est proche du concept français d’Opex (Opération Extérieure), donc, par exemple, les troupes stationnées en Allemagne ne sont pas considérées comme OCO, mais même comme ça, le document précise que 93 pour cent des pertes Non-OCO se produisent sur le sol américain: un avion ou un hélicoptère qui s’écrase, pertes à l’entraînement, un soldat qui fait un «mass shooting» sur ces petits copains etc.
Et si on suit l’évolution des pertes, on constate une baisse, non pas due à une baisse des pertes sur le sol américain, mais intégralement due à une baisse des pertes à l’étranger.
En Afghanistan même, on compte environ 2 000 décès en 20 ans, cent par an, un bilan proche de ce qui se passe en Irak.
Encore, toutes les pertes ne sont pas dues à la guerre et auraient pu se produire n’importe où:
Et voici finalement le panorama complet des pertes américaines en Non-OCO et OCO réparties par causes:
Trois quarts des pertes aux USA, et ce que l’US army doit évacuer les États-Unis?
À la limite, le fait que les pertes américaines à l’extérieur soient tombées proches de zéro serait presque mieux utilisable pour dire que les USA sont en perte de vitesse.
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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