Peut-être avez-vous déjà remarqué ce fait frappant que les gens malheureux ressassent constamment les mêmes pensées anxiogènes, les mêmes événements malheureux, les nourrissent, en revivent chaque moment dans les moindres détails, ravivant la plaie, soufflant sur les braises. Ils en arrosent copieusement le pot de fleurs vénéneuses.
Illustration: la fleur cadavre
Cette fâcheuse habitude semble correspondre à une espèce d’obsession paralysante, une idée fixe dont leur cerveau reste prisonnier malgré eux, comme un disque vinyle qui saute et se répète.
On dirait qu’ils revoient toujours la même séquence de film dans la tête, comme la scène de la douche dans Psychose d’Alfred Hitchcock qui repasserait en boucle.
C’est un peu comme si le centre de l’inquiétude dans le cerveau primitif était toujours resté à « on » à propos d’un sujet, et qu’il se mettait automatiquement à s’en faire pour la même chose, alors que le danger est passé, loin derrière dans le temps.
La saine solution de vie, la bonne attitude à adopter pour se débarrasser de ces idées débilitantes consiste à tourner la page, à passer à autre chose, à aller de l’avant, à s’interdire de revenir sur le sujet, à évacuer l’événement complètement en chassant activement ces pensées négatives de nos pensées conscientes.
Ceux qui sont aux prises avec ce problème auraient avantage à mettre en pratique l’une des 7 techniques suivantes pour s’extirper des idées récurrentes anxiogènes chaque fois qu’elles surgissent brusquement pour les hanter et angoisser.
Pour se sortir de telles idées qui vous assaillent, il suffit de forcer l’esprit à se concentrer sur autre chose de précis, de répétitif, de mécanique, au moyen d’une activité qui accapare toute l’attention, évacuant par le fait même la moindre place que pourraient occuper les pensées envahissantes.
Dès que vous vous apercevez que les idées perturbantes reviennent à la charge, développez le réflexe d’appliquer l’une des 7 techniques suivantes dans le but de les chasser de votre esprit:
1- commencez à réciter la table de multiplication: 2 fois 2 = 4 2 fois 3 = 6 jusqu’à 12 fois 12 = 144
2- commencez à réciter une dizaine de chapelet, un rosaire complet, peu importe que vous soyez croyant ou non. C’est déclencher l’automatisme qui compte.
3- Mettez-vous à méditer selon les techniques habituelles, avec le mantra de votre choix
4- sortez les circulaires des supermarchés et faites votre liste d’épicerie par écrit. Comparez les prix de chaque article désiré dans toutes les circulaires pour choisir le meilleur marché.
5- Récitez à voix haute des poèmes, paroles de chanson, ou tirades de théâtre. Apprenez-en par coeur en les répétant plusieurs fois jusqu’à mémorisation complète
6- Traînez sur vous un cahier de mots croisés, sudoku et autres jeux de l’esprit et absorbez-vous totalement dedans. Faites une partie de patience aux cartes.
7- gardez votre tricot à portée de la main, et mettez-vous à tricoter au besoin. Compter les mailles et se mettre sur le pilote automatique demande une attention constante et chasse toute autre idée.
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Une fois l’effet de distanciation du problème obsessif obtenu, effectuez une tâche concrète en ayant les idées claires.
Tenez-vous toujours occupé. Ne restez jamais oisif, car c’est le moment qu’attendent les fantômes pour surgir du grenier de l’inconscient et attaquer.
Recommencez ces exercices autant de fois dans la journée ou dans la semaine que nécessaire. Soyez constant et discipliné. L’effet calmant et libérateur devrait finir par se faire sentir au bout d’un certain temps.
À ces exercices réguliers d’hygiène mentale s’ajoute la nécessité d’avoir un projet qui nous occupe, d’entreprendre quelque chose, de ne pas rester passif, inactif, à végéter, à broyer du noir. Il faut retomber sur ses deux pieds, se secouer, et repartir en neuf.
Il est remarquable d’observer à quel point les personnes affligées de troubles mentaux ou de déficience intellectuelle ont en commun une attitude de passivité, de grande inertie, d’oisiveté, une absence totale d’envie d’entreprendre quoi que ce soit, de faire quelque chose de leurs dix doigts, de leur journée, de leur vie. Ils se montrent léthargiques, amorphes.
C’est pourquoi il importe comme geste initial de reprise en main de se fixer un but dans la vie, d’accomplir quelque chose de nouveau, de différent, qui nous sort du passé qui nous enchaîne, un but qui donne un sens au présent. Et qui nous tient occupé. Faut pas traîner à ne rien faire.
On doit s’investir en canalisant son énergie dans quelque chose de positif, qui apportera son lot de défis à relever et de nouvelles satisfactions.
Pour certains, ce sera s’entraîner, jardiner, cuisiner, jouer d’un instrument, peindre, danser; pour d’autres, ce sera rénover, se lancer en affaires, mettre sur pied un site de commerce par internet, faire du bénévolat, changer d’emploi. Il importe de faire quelque chose de constructif pour maximiser le temps qui nous est imparti.
Ce regain d’activité contribuera à rehausser l’estime de soi et à recentrer les pensées sur du concret et du nouvellement construit. Il restera de moins en moins de temps pour s’apitoyer sur son sort. Le passé s’éloignera peu à peu, comme l’époque de nos demeures précédentes, comme le souvenir de nos ex-collègues de travail dont les noms et les visages s’estompent peu à peu.
Chaque fois qu’on nous montre des reportages sur les inuits abusés, sur les autochtones aux 1000 dépendances, sur les orphelins de Duplessis, il est particulièrement frappant de voir à quel point ces pauvres gens aux réflexes victimaires ressassent leur passé comme pour justifier leur paralysie et leur apathie actuelle. Ils semblent incapables de passer à autre chose qui les délivrerait de ces regrettables événements. Ils semblent impuissants à se ressaisir, à faire preuve de résilience face à l’adversité, à faire preuve de combativité et à mobiliser l’énergie nécessaire pour repartir en neuf. Cette immobilisme, cette passivité, sont la source même de la perpétuation de leur problème. Il faudrait qu’ils tournent la page pour de bon, qu’ils fassent table rase des difficultés passées, et se lancent résolument dans la réalisation de quelque chose de constructif. Qu’ils se sortent d’eux-mêmes.
Il en va de même pour le mouvement de dénonciation Moi aussi. On a vu les maigres résultats obtenus qui ont de quoi choquer tellement ils sont décevants. Pour son propre équilibre psychologique, une femme molestée devrait y songer à deux fois avant de se lancer dans un tel processus déstabilisant. Elle doit s’attendre à passer des mois, voire des années à revivre au quotidien les mêmes événements traumatisants, à les narrer de long en large à tout venant, à en revivre les moindres détails désagréables, à remuer de la fange, à devoir supporter l’incrédulité, la moquerie, les rebuffades, les réfutations, autant de la part des réseaux sociaux que de l’appareil judiciaire cherchant à la discréditer, et ce durant des mois, sinon des années. Cela risque de lui faire assombrir et gâcher des années de sa vie qui auraient pu être utilisées à produire du constructif. Peut-être que le jeu n’en vaut tout simplement pas la chandelle. Qu’elles soient du moins conscientes dans quoi elles s’embarquent.
Les gens malheureux sont ceux qui entretiennent activement le souvenir de leur malheur. Ils le réactivent sans cesse. C’est comme s’ils auto-génèraient des attaques de panique virtuelles.
L’aptitude à retomber sur ses deux pieds et à repartir à neuf dans une autre direction est peut-être l’élément qui départage le mieux le trouble mental permanent qui ne cicatrise pas, de l’équilibre mental vite retrouvé qui permet de foncer et d’avancer.
Pour atteindre un équilibre psychologique relatif, il est recommandé de vivre exclusivement dans l’ici et maintenant, et non pas dans un passé figé qu’il n’est plus possible de modifier et qui nous immobilise dans sa toile d’araignée paralysante.
Bien des sages l’ont affirmé avant nous: pour être heureux, il faut apprendre à cultiver son bonheur, trouver sa véritable raison d’être, se rendre disponible à l’instant présent, à l’étincelle de joie-de-vivre, accueillir à bras ouverts nouvelles expériences et imprévu, bref, prendre une chance, toujours et encore, juste pour voir ce que la vie nous réserve encore de beau.
Source: Lire l'article complet de Vigile.Québec