Notes sur la liberté des choses
• Nous présentons une sorte d’“état des lieux” après une grosse année de wokenisme, parvenu à la maturité de sa production subversive à partir de la mort de George Floyd. • Ces observations concernent deux pays qui sont particulièrement concernés par cette dynamique (France et USA), signalant ainsi que le wokenisme a une vocation subversive globale, à l’image du capitalisme globaliste qui est son soutien indirect le plus puissant. • Les deux cas étudiés sont très spécifiques, mais aussi très significatifs pour notre façon de voir : le témoignage de Philippe Val pour la “liberté d’expression“, et donc pour ‘Valeurs Actuelles’, contre la wokeniste Obono (LFI) ; l’action du gouverneur DeSantis en Floride pour contrer la pénétration du wokenisme. • Cela se réalise dans le cadre de “démocraties” que les directions, au service du Système, transforment en régimes “libéraux-totalitaires” selon le Directeur Narichkine du SVR (successeur du KGB). • Notre constat pour conclure : « L’affirmation surpuissante du Système est elle-même emprisonnée en sa propre production d’autodestruction sous la forme des résistances qu’elle suscite : [… ] la puissance exceptionnelle de la dynamique wokeniste obtient des effets de résistance à mesure. ». »
27 juin 2021 – Lorsque nous parlons de “liberté des choses”, disons que nous jouons un peu avec les mots dans le chef de deux concepts : “liberté de pensée” et “liberté d’expression”. S’ils ne sont pas similaires, ils sont logiquement complémentaires et l’on dirait que, pour se manifester, l’un ne va pas sans l’autre et vice-versa. L’essentiel est la liberté, et nullement ce qu’on y met.
L’on sait que ces deux concepts définissent très puissamment, presque comme des icônes autant que des principes la conception politique de la modernité, la conception moderne de la politique, la conception générale de l’humanisme et de la démocratie à laquelle notre époque se réfère en général ; c’est-à-dire la conception moderne de l’État en participant puissamment à la définition de l’“État de Droit”. L’on sait également que ces concepts constituent en théorie les piliers de toute idéologie en théorie “acceptable” du point de vue de la “pensée dominante” et du point de vue du discours-PC (“Politiquement-Correct”).
Un peu, en théorie, comme si l’on décalquait pour la politique et la morale, sinon la “moraline” selon Nietzsche-Onfray, une version moderniste et humaniste du “tous les chemins mènent à Rome”. Le facteur “liberté” (de pensée et d’expression) est un formidable moteur pour ce processus, par la puissance de sa défense qu’il suscite.
Comme l’on voit, nous parlons “en théorie”, ou dit d’une façon plus significative puisqu’on admet qu’il s’agit de principes (et non de “valeurs” selon notre classement, puisque considérés par nous, dans ce cas, hors de toute dimension morale), – disons que nous parlons “en principe”. Or, nous sommes entrés, précisément et symboliquement depuis le début de 2020, dans un temps court où ces deux principes “liberté de pensée” et de “liberté d’expression” sont l’objet d’interrogations (sur leur utilité : “est-ce vraiment utile, la liberté d’expression ?), – et au-delà, de véritables mises en cause, voire d’accusations, etc.
Un argument de plus en plus répandu et discuté est que l’évolution de notre “ensemble civilisationnel” (le bloc-BAO dans notre jargon) met en question et en danger ces deux principes, au travers d’évolution de différentes forces et de leur écho dans le système de la communication, et des pression qu’exerce cette communication selon certaines tendances et certaines idéologies.
Un jugement russe
Il est intéressant dans ce contexte d’évoquer une intervention du chef du SVR (CBP en russe), le service des renseignements extérieurs de la fédération de Russie (équivalent russe de la CIA américaniste et de la DGSE française). Sergei Narichkine, parlant lors d’une conférence internationale à Moscou jeudi dernier, a évoqué l’évolution des pays du bloc-BAO, présentés en général comme archétypiques des pays démocratiques. Il affirme que s’effectue “très rapidement” une évolution vers des situations “libérales-totalitaires”, – c’est-à-dire, selon le terme forgé avec “démocratie” et “dictature” par le bloc-BAO lui-même, pour prétendre caractériser justement un pays comme la Russie (et aussi la Chine, et d’autres), des situations de “démocrature”. Ainsi les Russes retournent-ils contre ses auteurs le jugement du simulacre BAO.
S’il ne parle pas spécifiquement des principes de la “liberté de pensée” et de la “liberté d’expression”, il est évident bien entendu que l’affirmation de leur irrespect est au centre du propos de Narichkine. Voici le texte de cette intervention selon RT.com :
« Les États-Unis et d’autres pays occidentaux présentés comme des “modèles de démocratie libérale” se transforment rapidement en régimes totalitaires rappelant l’Union soviétique, a déclaré le chef du SVR.
» S’exprimant jeudi à la Conférence de Moscou sur la sécurité internationale, Sergei Narichkine a affirmé qu’il y a “presque tous les signes d'une dictature totalitaire” dans certains pays occidentaux, y compris un “monopole sur les médias”, la “nature policière de l’État” et “l’inamovibilité des élites oligarchiques”.
» “Il est étonnant de voir comment l’Occident tente de diviser notre monde diversifié en deux camps complètement artificiels, – un camp soi-disant démocratique et un camp soi-disant autoritaire”, a déclaré Narichkine, notant que la Russie, la Chine et l'Iran ont été placés dans le second camp, ainsi que la Turquie, alliée de l’OTAN, et, sur certaines questions, la Pologne, membre de l’UE. [Narichkine aurait pu rajouter la Hongrie.]
» “Les États-Unis et les autres soi-disant modèles de démocratie libérale ne semblent pas remarquer qu’ils se transforment rapidement en un régime libéral-totalitaire”.
» Selon Narichkine, l’imposition d’attitudes idéologiques par l’Occident rappelle un peu l’histoire de la défunte Union soviétique, dans la mesure où elle ne croit même pas aux valeurs qu’elle tente de projeter à l'étranger. »
On passera sur la dernière partie de l’intervention de Narichkine, évoquant le sommet de Genève selon l’espoir que « l’Occident sera capable d'utiliser l’esprit de Genève pour essayer de construire un monde plus sûr et plus juste ». C’est bien entendu, selon nous, une remarque pathétique qui fait partie de la communication courante de la direction russe, tentant désespérément d’établir un terrain de dialogue avec les “partenaires”-BAO. On devinera également, – sans que nous consentions à perdre du temps à en chercher les échos, – que ces affirmations du directeur du SVR ont dû soulever des gloussements de mépris et des soupirs d’indignation ; pensez donc, disent les esprits forts, le directeur du KGB auquel on a mis le masque du SVR, nous faire des leçons de démocratie !
Une transformation très opportune
Sans nous attarder à nous interroger gravement sur la justesse de ce jugement, – évidemment évidente, pléonasmerions-nous, – ni sur le venin qu’il s’agirait de lancer en riposte sur la valeur du régime russe (et chinois, et iraniens, et bla bla bla) si nous étions de bons petits soldats, il nous suffira de remarquer qu’effectivement la dérive dictatoriale et totalitaire du bloc-BAO est un fait majeur qu’il convient d’observer et de prendre en compte d’urgence. Dans son actuelle phase de type frénétique (Les États-Unis et les autres […] se transforment rapidement », dit justement Narichkine), nous classerions aussitôt cette dynamique furieuse comme une manifestation extrême du Système dont tout le bloc dépend directement, – Système aux abois dans sa phase de production folle de surpuissance morphant quasi-directement en autodestruction. Cette transformation, qui pourrait paraître comme une force extrême du Système, produit au contraire un incitatif à des résistances de plus en plus, notamment pour ce qui concerne les deux “libertés”.
Le fait n’est pas plus visible que dans les débats, attaques, contre-attaques qui sont observées aujourd’hui autour des principes de la liberté de pensée et de la liberté d’expression. Pour nous, ces attaques contre ces deux principes sont si évidentes, si logiques, etc., qu’elles n’ont nul besoin de la moindre démonstration. C’est, bien plus qu’un fait qui est une notion trop souvent sollicitée en ces temps de postvérité, une vérité-de-situation absolument affirmée ; monsieur Narichkine, malgré l’infamie qui s’attache à sa fonction et au régime au sein duquel il évolue, est évidemment loin, très loin d’avoir tort.
… Tout comme il nous apparaît tout aussi évident que le principal moyen opérationnel mis en action actuellement pour ces attaques contre les deux principes en question se trouve être ce que nous nommons le wokenisme. Ce mouvement est évidemment, selon notre façon d’apprécier, le meilleur allié du Système, et il est d’ailleurs soutenu et arrosé de financements par les forces habituelles à cet égard, – de Soros aux citadelles progressistes-sociétales, et déconstructurantes, du Corporate Power, comme les GAFA (ou GAFAM). Cela mesure la puissance et le sérieux du rôle du wokenisme, agissant dans sa mission déconstructurante essentiellement grâce à une terrorisation (le Politiquement-Correct) développée très efficacement grâce au système de la communication qui exerce là une de ses faces pro-Système du Janus qu’il ne cesse d’être.
Ce qu’il nous importe de montrer, au travers de deux exemples remarquables que nous allons présenter, ce sont les formes très originales et idéologiquement très différentes que prennent les actions de résistance au nom de la “liberté de penser” et de la “liberté d’expression”, qu’elles soient de simple rhétorique ou sous la forme de contre-attaques sur le terrain politique. Que les héros de ces épisodes le veuillent ou non, ils font acte d’antiSystème à partir de positions qui, en d’autres circonstances, pourraient très aisément les mettre du côté du Système. C’est dire combien, à l’instar de la société déstructurée et devenue liquide à laquelle nous sommes arrivés, la résistance adhère elle-même à cette liquidité comme dynamique tactique pour réaliser des effets très intéressants et paradoxalement d’une extrême fermeté. C’est-à-dire, en d’autres termes, qu’au plus le Système progresse (surpuissance), au plus la résistance antiSystème s’affirme à cause de cette progression (autodestruction).
Il est va sans dire, et bien entendu mieux en le disant, que les positions idéologiques habituelles (droite, gauche, etc.) ne nous intéressent pas dans ces exemples. Elles ne comptent plus pour rien, ayant perdu toute pertinence.
Plaidoirie pour un adversaire politique
Le premier exemple porte sur le procès intenté à l’hebdomadaire “Valeurs Actuelles” (VA), devant la 17e Chambre correctionnelle de Paris, et tenu le 23 juin. Le procès est intenté notamment par diverses et pléthore d’associations antiracistes et indigénistes (de la dynamique wokeniste) et porte sur le cas de la députée LFI (France Insoumise) Danièle Obono. VA est désigné comme coupable de racisme pour « avoir publié dans ses colonnes un roman de l’été [2020] mettant en scène la députée LFI Danièle Obono “au temps de l’esclavage”, un récit purement fictionnel visant à dénoncer les incohérences du discours antiraciste et indigéniste. »
Le journaliste, chroniqueur, écrivain, satiriste et chansonnier, etc., Philippe Val a donné son témoignage lors de l’audience, bien dans la manière de Voltaire (“Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites mais je me battrai pour que vouds puissiez le dire”). Val a été longtemps directeur de la rédaction de “Charlie-Hebdo” et il est évident qu’il n’est en rien de la tendance politique de VA. Les extraits ci-dessous sont publiés dans un article de VA du même 23 juin.
• « Aujourd’hui, je viens défendre un principe : le principe de liberté de la presse. Il garantit l’existence de “Valeurs Actuelles” ainsi que sa la liberté d’expression. Je ne suis pas proche des opinions politiques de “Valeurs Actuelles”, mais je suis venu pour défendre la liberté d’expression du journal. »
• A la question « “Valeurs actuelles” est-il un journal raciste selon vous ? » posée par la partie civile : « Je témoigne au nom de la pluralité de la presse. C’est une certaine partie de l’opinion qui m’oblige à vivre sous protection policière. Je suis heureux le matin de constater que lorsque je me rends au kiosque, “Valeurs Actuelles” cohabite avec “L’Humanité”, et “Le Monde” avec “L’Obs”… J’ai eu l’occasion de lire à de nombreuses reprises “Valeurs actuelles”. Je n’ai jamais lu d’article qui relève du racisme ou du mépris de l’autre, en fonction de son origine ethnique ou de sa couleur de peau. Ce journal donne la parole à des opinions tranchées, que l’on pourrait qualifier de “réactionnaires”. Mais aucunement racistes. Si je suis venu témoigner pour défendre “Valeurs Actuelles”, c’est parce qu’ils ne sont pas sortis des limites de la satire. Ils dénoncent simplement les opinions de leurs adversaires politiques. »
• « La 17ème chambre correctionnelle est une chambre que je connais bien. Je suis passé devant cette chambre une bonne vingtaine de fois. J’ai toujours trouvé dans cette chambre une intelligence au service de la liberté d’expression. J’ai confiance en cette chambre. Je suis venu ici à cause du grand silence, face au nuage d’invectives. »
• « Il y a deux personnes chez Mme Obono : la personne privée et [la personne] publique. La personne publique rentre dans des débats violents, et fait partie du mouvement des indigénistes. C’est à elle que la fiction s’adresse. Danièle Obono a tenu des propos choquants sur les attentats de “Charlie Hebdo” dans la presse anglaise. Pour résumer, il fallait comprendre de son explication que les crimes commis par les frères Kouachi pouvaient s’expliquer, compte tenu de la personnalité des victimes, à savoir les journalistes de “Charlie Hebdo”. »
• « Tout porte à croire que ce procès est un procès politique, qui relève de l’opinion et non pas du droit. Il m’est arrivé d’avoir licencié un dessinateur célèbre [Siné, en 2008] pour une chronique antisémite. Pendant cette vague médiatique, le dessinateur Plantu m’a représenté en nazi. J’aurais pu porter plainte. Mais il n’a pas parlé de ma vie privée, est resté dans le cadre du personnage public que j’étais. L’axiome est transposable pour cette affaire : elle doit se régler dans le débat. Quand on monte sur le ring, il ne faut pas avoir peur de prendre des coups. Lorsque Jean-Luc Mélenchon me traite de “fasciste”, je ne vais pas porter plainte ».
• « L’action en justice a été décidée parce que la question [de l’esclavage, de la “traite” arabo-musulmane] est taboue à l’extrême gauche. La traite arabe a duré treize siècles, alors que la traite atlantique a duré trois siècles. Loin de moi l’idée de vouloir hériarchiser entre les horreurs. Mais Winston Churchill disait : “Les peuples qui ne connaissent pas leur histoire sont condamnés à la revivre”. A titre de comparaison, la réconciliation franco-allemande s’est réalisée alors que l’Allemagne nazie s’était rendue coupable d’un crime capital, qui s’est inscrit dans l’histoire, et en quelques décennies. Le travail de mémoire a été fait des deux côtés. Pour la traite arabe, il y a une volonté politique de ne pas le faire : les mouvements d’extrême-gauche ne veulent pas qu’on [l’aborde]. Je pense qu’il est nécessaire d’ouvrir un débat pacifié sur la traite esclavagiste en général. Arrêtons la racialisation entre les gens, qui sont dans les slogans des luttes intersectionnelles de la France Insoumise. »
• « La liberté démocratique de la presse c’est la garantie que la démocratie puisse continuer. Cette 17ème chambre est un des piliers de la pérennité démocratique de notre époque. Il n’y aura pas de gagnant dans cette affaire : ni “Valeurs Actuelles”, ni Mme Obono. Ce qui peut gagner dans cette affaire, c’est le droit. C’est un principe que nous devons renforcer. Je suis profondément inquiet du silence qui va s’installer. Aujourd’hui, l’opinion a un pouvoir incroyable. L’opinion veut museler une liberté d’expression qui n’est pas toujours de notre goût, mais qui reste dans le cadre démocratique. Je n’ai pas envie d’un monde où la liberté de la presse est sous la dictature de l’opinion. »
La Floride comme modèle
L’épisode de la 17e chambre était aussi un paragraphe de plus de la longue plainte française sur “la France seule”, la France qui supporterait seule les vicissitudes d’une crise de repentance et d’auto-flagellation sans précédent. Nous revenons quand nous le pouvons sur cette idée complètement fausse, qui tend à réduire la Grande Crise, ici par le biais du wokenisme qui serait vécu comme seulement une arme américaniste pour “américaniser” la France. C’est par exemple ce qu’on lit dans le livre très récent (éditions Bouquins, mai 2021) de Jean-Marie Rouart, “Ce pays des hommes sans Dieu” :
« La France édifice fort et fragile semble avoir réuni ses forces pour sa destruction. Car contrairement aux autres pays comme l’Angleterre, l’Allemagne, les États-Unis – à la société civile forte – qui préfèrent se mentir plutôt que de reconnaître leurs erreurs, la France les ressasse à l’infini. »
Il est difficile de comprendre que l’on puisse parler de la sorte, a contrario de la France, par exemple des États-Unis, totalement fracturés et disloqués depuis la présidence Trump, qui se vautre dans la repentance sur l’esclavage jusqu’à la nausée. Cela est enfermer dans une singulière réduction bien française, la Grande Crise qui est évidemment celle de toute une civilisation, et qui est évidemment conduite par la crise intérieure des États-Unis.
C’est alors d’elle que nous allons parler dans l’exemple suivant, qui concerne la Floride et son gouverneur Ron DeSantis, dont il est de plus en plus question dans la vie publique aux USA. L’on voit, repris dans ce texte, diverses initiatives de DeSantis, radicalement contraires aux poussées wokenistes pour faire régner une pensée unique dans les établissements d’enseignement, contre le verrouillage de l’enseignement autour de l’antiracisme et de la culpabilité américaniste du fait de l’esclavage perçu comme péché originel. DeSantis va jusqu’à installer un enseignement anticommuniste dont la référence implicite renvoie évidemment à la coloration marxiste évidente du wokenisme.
Ces mesures de DeSantis, comme son approbation de l’interdiction de l’enseignement de la CRT (Critical Race Theory), constitue un exemple, sinon un modèle, d’une tendance qui va se développer, et se développe déjà, dans nombre d’États paradoxalement “rouges” (républicains/conservateurs) sur les cartes électorales. Quoi qu’il en soit d’autres événements qui ne manqueront pas de survenir dans une Amérique chauffée à blanc, cette sorte d’initiative implique la création parallèle de deux types de formations dans les nouvelles générations, aux conceptions complètement opposées, et même antagonistes l’une de l’autre.
« Les élèves du secondaire en Floride devront connaître des “méfaits du communisme” en vertu de l’un des trois projets de loi que le gouverneur Ron DeSantis a signés mardi [22 juin]. […] Deux des projets de loi – HB 5 et SB 1108 – portent sur l'éducation civique, et le troisième – HB 233 – concerne la liberté d'expression dans les collèges et universités de l'État.
» Plus précisément, HB 5 exige […] une obligation pour les écoles secondaires publiques d’“inclure une discussion comparative des idéologies politiques, telles que le communisme et le totalitarisme, qui sont en conflit avec les principes de liberté et de démocratie essentiels aux principes fondateurs des États-Unis.” […]
» “Nous voulons que tous les étudiants comprennent la différence”, a-t-il déclaré. “Pourquoi quelqu’un fuirait-il à travers des eaux infestées de requins […] pourquoi des gens quitteraient-ils ces pays et risqueraient-ils leur vie pour pouvoir venir ici ? Il est important que les étudiants comprennent cela.” […]
» Le troisième projet de loi signé par DeSantis, HB 233, vise à protéger “la liberté intellectuelle et la diversité des points de vue” dans l’enseignement postsecondaire.
» Il exige que les collèges et les universités d’État procèdent à des évaluations annuelles de la liberté intellectuelle et de la diversité des points de vue dans ces établissements. Le projet de loi définit la “liberté intellectuelle et la diversité des points de vue” comme “l’exposition des étudiants à une variété de perspectives idéologiques et politiques et l’encouragement à l’exploration de ces perspectives par ces étudiants”.
» La nouvelle loi interdira également aux établissements d’enseignement postsecondaire de limiter l’accès des étudiants et des membres du personnel aux “idées et opinions qu'ils peuvent trouver inconfortables, importunes, désagréables ou offensantes, ou de les observer.”
» “Nous voulons évidemment que nos universités soient axées sur la pensée critique, la rigueur académique”, a déclaré DeSantis lors de la conférence de presse. “Nous ne voulons pas qu’elles soient essentiellement des foyers d’idéologie figées…” […] DeSantis fait remarquer qu’“on pensait autrefois qu’un campus universitaire était un lieu où l’on rencontrait des confrontations d’idées. Malheureusement, la norme actuelle est de créer des environnements plus intellectuellement répressifs. Des orthodoxies sont promues, et d'autres points de vue sont évités ou même supprimés [cancelled]. Nous ne voulons pas de cela en Floride. Il faut une vraie confrontation des idées.”
» “Les étudiants ne devraient pas être enfermés dans certaines idées, et nous voulons une pratique robuste du Premier amendement [liberté d’expression] sur nos campus collégiaux et universitaires.” […]
» Très récemment, le gouverneur de Floride a soutenu la décision du Conseil de l'éducation de Floride d’interdire l’enseignement de la Théorie Critique des Races [CRT] dans les écoles publiques. »
La puissance du wokenisme
Pour synthétiser notre propos, nous dirions d’une façon décisive que le wokenisme et tous les mouvements qui le composent et le soutiennent, – c’est-à-dire ce qui était désigné comme occupant la place de l’extrême-gauche pour se transmuter en une gauche radicale-sociétale à prétention anticapitaliste devenue en fait la seule “gauche” envisageable dans les conditions de la “modernité tardive”, – donc le wokenisme & le reste dans son genre, s’imposent vraiment comme le bras armé de la communication favorable au capitalisme globalisé. Il est possible que Gramsci, avec le soutien forcé de Trotski, en rient jaune dans leurs tombes, constatant qu’on ne peut mieux se trahir qu’en jouant avec la partie du système de la communication dans les mains du capitalisme globalisé. Le “Global Reset” se trouve plutôt là et il s’est dangereusement découvert en prenant sous son aile un mouvement marqué par la radicalisation par la terreur exsudant absolument la plus bêtise complète.
Les deux événements évoqués montrent, symboliquement pour l’un, “légalement” pour l’autre, qu’un tel mouvement du wokenisme et de la terreur par la bêtise provoque nécessairement et mécaniquement une résistance rassemblant vigoureusement des forces qui en temps normal s’opposent, et qu’en temps normal nous jugerions nous-mêmes, pour certaines d’entre elles, notablement critiquables. La nouvelle intéressante est que ces forces divergentes et critiquables, sont conduites, au nom de principes ou de positions de pouvoir, à prendre des positions vertueuses qui concourent à mettre le wokenisme face à ses contradictions, à l’exposition de ses faiblesses, et principalement à l’exposition de la bêtise qu’exsude la radicalisation de sa terreur.
On ne peut en aucune façon juger comme accessoire ou dérisoire un mouvement d’une telle puissance terrorisante dans le moyen de la communication ; d’une telle bêtise déstructurante dans le chef de ses théories infantiles et amputées de toute logique par une autocensure radicale, sur l’antiracisme et les diverses conceptions sociétales et sexuelles… La tension que suscite cette poussée déconstructrice et de néantisation à qui est laissé le champ libre, qui est soutenue par des forces d’argent puissante et idéologiquement sympathisant à cause de leur globalisme déconstructeur, cette force disons-nous est considérable dans une bataille où règne la communication.
En quelque sorte, l’enjeu de la bataille est porté à un point de tension et d’importance de plus en plus élevé, obligeant des forces diverses sinon adversaires et dispersées, à se regrouper en une affirmation de résistance. Pour être plus concret, nous ferions deux ensembles d’observations concernant les deux cas qui peuvent figurer comme archétypiques de situations de résistance selon des modalités, et à partir de positions radicalement différentes. :
• Philippe Val n’est pas un personnage de la sorte de thé dont nous ferions notre tasse. Il ne rencontre pas toutes nos conceptions, tant s’en faut. Il est proche d’une gauche sociétale mais restée modérée, il est européiste, laïcard forcené et soutien modéré de Macron. Pourtant, il se trouve conduit à réagir en faveur de VA qui est dans le camp adverse, au nom de la liberté d’expression, dans une démarche rappelant celle, en 1964, d’un Mitterrand de gauche venant témoigner en faveur d’un Jacques Laurent, “hussard” maurassien et d’une droite nationaliste extrême, et surtout pro-Algérie française, et jugé pour l’accusation d’“injures au chef de l’État” du fait de son livre ‘Mauriac sous de Gaulle’. Mais la partie Mitterrand-Laurent restait bien ambiguë à cause du rôle de De Gaulle dans l’affaire algérienne, en une circonstance qui brouillait les cartes et rendait difficile d’identifier un acte clair et net. Au contraire dans le cas de Val, c’est une opposition commune Val-VA au courant wokeniste, c’est-à-dire “le Système”, qui les met ensemble pour la circonstance, dans une bataille d’où toute ambiguïté est absente et le tout prenant ainsi l’allure véridique d’un acte de résistance.
• Avec DeSantis, on se trouve dans le cas d’un républicain populiste de droite, avec un engagement très affirmé pour les valeurs américanistes. Son anticommuniste, qui l’amène notamment à condamner Cuba, ne rencontre certainement pas nos options ; entre l’américanisme dévastateur et faiseur de blocus, et Cuba qui montre une exceptionnelle résilience basée sur la souveraineté bien plus que sur un communisme archaïque et poussiéreux, notre faveur va certainement au second. Mais dans le cas qui nous occupe, tout change : DeSantis s’affirme une force importante contre la poussée globaliste de déconstruction qui anime le wokenisme ; de même, DeSantis s’oppose aux GAFA(M) dans le cadre de la Floride avec un dynamisme bienvenu. Là aussi, le choix du “les ennemis de mon Ennemi sont mes amis” conduit à identifier DeSantis comme un antiSystème dans cette circonstance, et le reste passe au second plan (quitte à revenir un jour au premier plan). Cette circonstance tranche notre choix sans aucune restriction, et il y a là, à nouveau, un acte de résistance qui nous est commun.
Ces diverses observations renforcent, selon notre point de vue, notre argument pour l’utilisation de l’inconnaissance suppléée par la démarche de la vérité-de-situation. Il s’agit de situer des acteurs hors des références habituelles, qui sont des contraintes de jugement imposées par le Système qui n’ont pas leur place dans une analyse opérationnelle des événements, – d’où l’action d’ignorance de ces références effectuée par l’inconnaissance. La vérité-de-situation permet de “récupérer” une appréciation de la situation seulement en fonction des deux pôles d’affrontement, Système et antiSystème.
Ce processus permet d’éclaircir et de bien apprécier une évolution de la situation de plus en plus complexe et de plus en plus tendue. A mesure que le Système aux abois use de toute la force de sa surpuissance, – ici, avec l’outil du wokenisme, – il accroit sa conséquence autodestructrice en suscitant de plus en plus d’actes de réaction qui se transmuent nécessairement et/ou mécaniquement en actes de résistance. C’est ce schéma auquel on assiste de plus en plus précisément : l’affirmation surpuissante du Système est elle-même emprisonnée en sa propre production d’autodestruction sous la forme des résistances qu’elle suscite. A cet égard, la puissance exceptionnelle de la dynamique wokeniste obtient des effets de résistance à mesure.
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