par Mohamed El Bachir.
Nous sommes en novembre 2016, le candidat à l’élection présidentielle E. Macron déclare à Alger qu’ « en Algérie, il y a eu la torture, mais aussi l’émergence d’un État, de richesses, de classes moyennes, c’est la réalité de la colonisation … Il y a eu des éléments de civilisation et des éléments de barbarie ».
L’ancien président N. Sarkozy avait mis « éléments de civilisation » et « éléments de barbarie » sur les deux plateaux de la balance du colonialisme et comme l’aiguille a penché côté « civilisation », il a déduit « le rôle positif du colonialisme ».
Les propos de N. Sarkozy et de E. Macron ne doivent être mesurés qu’à la lumière du présent. Or ce présent révèle que l’État français ne s’est pas débarrassé de son idéologie coloniale. Seul le goupillon a changé. Il est laïc, démocratie, droit de l’homme, responsabilité de protéger. Un exemple illustre la vacuité des propos des deux présidents français.
En voulant évangéliser une peuplade de l’île de North Sentinel (Inde) qui rejette tout contact avec l’homme « civilisé », une flèche de la tribu a foudroyé en 2018 l’évangéliste Jhon Chau.
Qu’a fait cette tribu ?
Refuser qu’un jour les descendants de la tribu entendent les descendants américains de Jhon Chau tenir le même discours que N. Sarkozy ou E. Macron.
De l’Afrique du Sud jusqu’au Maghreb, de telles résistances ont existé. Et pour soumettre les tribus africaines afin de les dominer et exploiter leurs richesses, l’homme civilisé a utilisé son côté barbare.
… Emir Abdelkader… Abdelkrim Khatabi… Nelson Mandéla…Patrice Lumumba… Ils furent des résistants contre l’homme « civilisé ». Pour mémoire, le soulèvement du Rif et l’utilisation du gaz chimique utilisé par les colonisateurs français et espagnol (1920-1922) … L’opération Écouvillon (1958) pour détruire la résistance de la population maghrébine du Sahara… Il en est de même des peuples d’Asie et d’Amérique… Quant aux peuples du Moyen-Orient, j’y reviendrai pour conclure.
C’est sous l’autorité de l’homme de culture F. Mitterrand que le génocide des Tutsi au Rwanda fut commis. L’État français a utilisé la même balance. Aussi le sort des Tutsi n’a pas pesé lourd à côté des intérêts de la puissance coloniale. Et discourir aujourd’hui pour atténuer la responsabilité de la classe dirigeante française de l’époque c’est insulté la mémoire des victimes du génocide. Insultes que la classe dirigeante rwandaise accepte en écoutant le président E. Macron refaire l’histoire. Mais comme le dit un proverbe africain, tant que les lions n’auront pas d’historiens, les histoires de chasse glorifieront le chasseur.
L’homme africain, y compris maghrébin, a tort de demander repentance, réparation et que sais-je encore. Il se positionne ainsi en être inférieur tout en déshonorant la mémoire de ses ancêtres. En revanche, il a un combat à mener contre le colonialisme tel qu’il se manifeste aujourd’hui en Afrique sous tutelle de l’impérialisme israélo-occidental.
Écoutons encore le président E. Macron : « Avec moi, ce sera la fin d’une forme de néo-conservatisme importée en France depuis dix ans. La démocratie ne se fait pas depuis l’extérieur à l’insu des peuples. La France n’a pas participé à la guerre en Irak et elle a eu raison. Et elle a eu tort de faire la guerre de cette manière en Libye. Quel fut le résultat de ces interventions ? Des États faillis dans lesquels prospèrent les groupes terroristes. Je ne veux pas de cela en Syrie ».
Rien à dire concernant le constat du président ?
Il oublie de préciser que ces « États faillis dans lesquels prospèrent les groupes terroristes » est l’œuvre de l’impérialisme et des monarchies du Golfe et s’intègre dans une stratégie de démantèlement des États arabes. Le grand nouveau Moyen-Orient.
En tout cas malgré ce constat, le même E. Macron a dévoilé le 28 septembre 2018 sa pensée concernant la Syrie en déclarant que le « retour à la normale » en Syrie avec le maintien de Bachar al-Assad à sa tête serait « une erreur funeste ».
Concernant feu le président libyen Mouammar Kadhafi, les mêmes propos ont été tenus par la classe dirigeante française. Khadafi disparu, le funeste a surgi en Libye.
Le 27 mai 2021, Bachar al-Assad a été réélu président du peuple syrien, soumis à une guerre depuis 10 ans. Une guerre alimentée par l’impérialisme israélo-occidental avec l’aide des vassaux wahhabites. Et c’est au peuple syrien de reconquérir le « retour à la normale ». À commencer par reconquérir son intégrité territoriale et sa souveraineté avec l’aide de la résistance régionale.
Il faut toujours avoir le défaut de juger les êtres à partir de ce qu’ils font au présent. Cela permet d’éclaircir leurs pensées sur le passé. Et dans le présent, l’État français agit en Afrique et au Moyen-Orient tel un drone téléguidé par l’impérialisme israélo-occidental : Liban… Syrie… Palestine… Yémen.
Quant à la France, il ne faut pas se bercer d’illusions, elle est devenue un musée de l’histoire pour touriste fortuné et une grande entreprise pour les financiers sans frontières…
Source : Lire l'article complet par Réseau International
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