« Vous verrez que dans la dernière semaine de la campagne présidentielle, nous aurons un grave incident ; ou un meurtre. Ça a été Merah en 2012, ça a été l’attentat la dernière semaine sur les Champs-Élysées. Vous vous rappelez de tout ça ? Ça avait été la dernière semaine. Avant on avait eu papy Voise, dont plus personne n’a jamais entendu parler après. Tout ça, c’est écrit d’avance. Nous aurons le petit personnage sorti du chapeau et l’événement gravissime, qui va une fois de plus permettre de montrer du doigt les musulmans et d’inventer une guerre civile… Voilà, c’est bateau tout ça ! »
Alors comme ça, un dimanche matin, Jean-Luc Mélenchon assène que les meurtres commis par Mohamed Merah étaient « écrits d’avance » et tombaient à pic avant une élection. Et personne sur le plateau pour réagir à ce complotisme particulièrement nauséabond. https://t.co/MGJMiSQFQa
— Nathalie Loiseau (@NathalieLoiseau) June 6, 2021
Quelle mouche a donc piqué Jean-Luc Mélenchon, après une longue tirade dont on sentait qu’elle montait en qualité mais sans s’imaginer qu’elle irait aussi loin ? Finalement, en politique, il faut parfois savoir arrêter ses phrases à temps, au risque, tel un Luc Ferry et son ministre poissé, de lâcher une information que l’on garde en général pour soi. C’est en tout cas ce que doit penser le patron de La France insoumise qui se retrouve ce matin sous les feux croisés de la presse, de ses ennemis politiques et, bien sûr, de la communauté qui n’existe pas – mais s’exprime beaucoup.
D’ailleurs, c’est Bernard-Henri Lévy qui lâche un simili point Godwin (selon la loi d’équivalence Soral = Hitler, bien sûr, puisqu’on en est là) en rappelant qu’ayant débuté chez Mitterrand, il finit chez Soral. C’est doublement faux. D’abord c’est à l’OCI (Organisation communiste internationaliste) qu’il commença, et ensuite E&R n’a jamais reçu de demande d’adhésion de sa part à ce jour. Pourtant nous avons parfois salué quelques saillies pertinentes, et parfois même espéré qu’il persiste et fasse des choix politiques plus virils et conséquents – mais à ce jour presque toujours en vain.
#Mélenchon explique, avec 1 infâme goguenardise, que la mort d’enfants juifs, de militaires, et de Xavier Jugelé (dont il ne cite pas le nom) sont des « incidents » pour effrayer le peuple. Cet homme commença chez Mitterrand,il finit avec Soral. La République des égouts, c’est lui
— Bernard-Henri Lévy (@BHL) June 6, 2021
Cependant il faut admettre qu’en citant Alain Soral, BHL voit juste. Car, en effet, le président d’E&R avait en son temps parfaitement décodé les manipulations à l’origine de l’affaire Mohammed Merah et les instrumentalisations politiques qui s’ensuivirent. Mieux !, il avait prédit avec une grande précision cette expédition qui tuera sept personnes dont trois enfants juifs :
L’affaire Mohammed Merah c’était le truc qui n’était pas prévu, mais moi je l’avais prévu – on va mettre l’extrait. J’ai bien dit qu’à un moment donné il arriverait, pour nous vendre le conflit de civilisation de force, c’est à dire l’union judéo-chrétienne et civilisée contre les barbus égorgeurs, ceux-là que Nabe flatte systématiquement, à un moment on aura trois gosses qui se feront tuer.
Il ne s’agit pas de divination ou d’une simple coïncidence, mais seulement d’une bonne culture historique des manipulations politiques et d’autre part d’une analyse bien comprise des projets que certains planifient pour la France (et le Monde) depuis, disons, au moins Nuremberg.
Mélenchon fait donc bien du Soral sans en avoir l’air en affirmant que ces événements qui surviennent peu de temps avant une élection sont « bateau », mais d’autre part en précisant que l’objectif est aussi de « montrer du doigt les musulmans et d’inventer une guerre civile ». Presque du mot pour mot.
En rappelant ces éléments, nous sommes donc bien conscients d’enfoncer Jean-Luc Mélenchon devant qui désormais s’ouvrent deux voies : soit continuer sur sa lancée, ne pas reculer ni se dédire, soit, et parions que c’est la voie qu’il va rapidement choisir, de réinterpréter ses propos en spécifiant bien qu’il ne parlait pas d’événements organisés a priori, mais d’événements instrumentalisés a posteriori. Son honneur médiatique sera sauf, mais c’est encore une fois la vérité, l’honnêteté et le courage politique qui seront laissés pour compte.
— / —
Pour la fine bouche, quelques tweets pêchés dans la twittosphère, en respectant l’ordre hiérarchique, c’est à dire en commençant tout en bas avec Mohamed Sifaoui, en continuant avec l’ancien sénateur et actuel député européen LREM Fabienne Keller, puis ensuite l’hystérique féministe Caroline Fourest et enfin, au firmament, ceux de la LICRA et de son ancien président Alain Jakubowicz.
La sortie complotiste de @JLMelenchon ne doit pas passer inaperçue.
Il doit s’en expliquer clairement devant tous les Français et en payer le prix politique. Tous les élus de son mouvement doivent se déterminer.
Utilisez svp les hashtag #MelenchonConspi #MelenchonComplotiste
— Mohamed Sifaoui (@Sifaoui) June 6, 2021
La lente dérive complotiste du discours de Jean-Luc #Mélenchon est inquiétante mais pas nouvelle.
En revanche, elle tourne à l’ignoble lorsque ce dernier s’appuie sur des drames humains pour justifier sa logorrhée nauséabonde.
Colère et dégoût. https://t.co/lqH6nUpzt8
— Fabienne Keller (@fabienne_keller) June 7, 2021
Qui « ils » ? Le « système » ? Un complot mondial pour élire des candidats démocrates plutôt que des marionettes de Poutine (comme en Ukraine) ? Et qui serait en prime friand de certains attentats ?
Mérah après Papy Voise ??
Ces raccourcis sont indignes. Même de la politique. https://t.co/rjfgS7u0cd— Caroline Fourest (@CarolineFourest) June 6, 2021
Et n’oublions pas Elisabeth Lévy, en pleine surenchère national-sioniste :
Merah c’est bateau. La déclaration de Mélenchon est bien plus grave que le point de détail de Le Pen. Mais lui ne sera pas banni. Quand on est de gauche, toutes les saloperies sont permises.
— Elisabeth Lévy (@ELevyCauseur) June 6, 2021
Alain Soral en 2012 : « L’affaire Merah pue de A à Z »
Source: Lire l'article complet de Égalité et Réconciliation