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par Mikhail Gamandiy-Egorov.
Des voix s’élèvent en Turquie pour la création d’un couloir maritime allant jusqu’à la bande de Gaza. Bien que la réalisation d’une telle initiative ne soit pas simple à réaliser, le fait est qu’elle trouve déjà des échos favorables au sein de l’opinion publique turque.
La récente annonce du cessez-le-feu entre l’État sioniste et le mouvement palestinien Hamas n’a évidemment pas résolu le conflit israélo-palestinien. Si ladite cessation des violences est vue au sein de la résistance palestinienne comme une victoire sur l’ennemi israélien, évidemment on est encore bien loin de la fin des souffrances du peuple de Palestine et d’une confirmation en bonne et due forme d’un État palestinien pleinement indépendant.
Les puissances internationales n’ont pas manqué de prendre position dans ce conflit qui dure depuis fort longtemps. Si les États-Unis soutiennent traditionnellement Israël – leur principal allié régional et par ailleurs l’une des principales priorités dans leur politique étrangère, la Turquie a pris fait et cause en faveur de la Palestine, en mettant d’ailleurs à exécution une mobilisation internationale active.
Mais un autre sujet s’invite désormais dans le débat. Celui d’une création possible d’un couloir maritime turc allant jusqu’à la bande de Gaza, à l’instar des accords passés précédemment entre Ankara et la partie de la Libye contrôlée par le gouvernement tripolitain. Dans le but déclaré d’accroitre le soutien à la Palestine – par voie maritime. Pour cela, la Turquie pourrait signer le mémorandum naval en question avec les représentants du Hamas, contrôlant justement la bande de Gaza. Une initiative très mal vue à Tel-Aviv, qui la voit comme une volonté du leadership turc de déclencher une guerre économique.
L’idée qu’Ankara pourrait mettre en œuvre « le modèle libyen » en signant un accord avec la bande de Gaza a été d’ailleurs largement diffusée dans la presse turque. Il faut de même indiquer que l’auteur de l’initiative en question n’est pas un membre actif du gouvernement de la Turquie, mais ce n’est pas non plus un inconnu. Il s’agit de Cihat Yaycı, ancien amiral de la marine turque – par ailleurs l’idéologue de la doctrine Mavi Vatan (patrie bleue) – qui spécifie qu’en tant qu’État péninsulaire, la Turquie a 8333 kilomètres de littoral le long de l’Anatolie et de la Roumélie (péninsule balkanique) et que sa juridiction en Méditerranée orientale, en mers Egée, de Marmara et Noire s’étend en tout sur 462 000 kilomètres. En d’autres termes une doctrine qui vise à légitimer les revendications turques sur un certain nombre de zones contestées de la Méditerranée orientale.
Néanmoins et du côté de nombre de médias israéliens, l’opinion avancée est qu’il s’agit d’un désir du président turc Erdogan, avec pour objectif d’accéder aux champs gaziers se trouvant au large de l’État sioniste. Pour Jerusalem Post, le concept proposé par Cihat Yaycı et promu dans les médias turcs, l’est probablement avec le soutien du gouvernement d’Ankara.
Pour le journal israélien, l’objectif de la Turquie est de tracer directement une ligne reliant la côte turque à Gaza, en divisant ostensiblement la mer par la création d’un tel couloir maritime. Ce qui couperait Israël de la Grèce et du gazoduc EastMed que l’État sioniste compte réaliser avec Athènes et Nicosie.
En termes de perspectives, s’il est assez évident que la Turquie peut tirer profit d’une telle initiative en renforçant son positionnement géopolitique et géoéconomique, ainsi qu’idéologique en défiant encore plus ouvertement l’État sioniste et en accentuant son rôle de soutien important à la cause palestinienne, nombre d’obstacles restent d’actualité pour Ankara.
Tout d’abord et si dans le cas libyen, la Turquie pouvait se vanter d’avoir conclu un accord fixant les frontières maritimes à son avantage en mettant en avant le fait que cela s’est fait avec un gouvernement internationalement reconnu, bien que contrôlant qu’une partie minoritaire du territoire libyen, dans le cas de la bande de Gaza la difficulté réside dans le point que Hamas n’est pas considéré comme une entité étatique, représentant officiellement l’État de Palestine.
L’autre difficulté, ou plutôt contradiction, est que malgré l’hostilité évidente existant entre Ankara et Tel-Aviv, les relations entre les deux parties se maintiennent et même se développent, y compris dans le cadre des relations économiques bilatérales.
Néanmoins et connaissant sur certaines questions l’imprévisibilité de la politique extérieure turque, l’initiative en question montre clairement l’inquiétude existante du côté de l’État sioniste, traduite d’ailleurs dans les médias israéliens. Pour certains experts, il pourrait s’agir également d’un sondage d’opinion au sein de la société turque pour pouvoir réaliser, ou non, cette éventualité. En ce sens, une large partie des citoyens de Turquie, à l’instar de nombreux pays du monde, sympathise ouvertement en faveur de la cause palestinienne.
source : http://www.observateurcontinental.fr
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