Deux traits principaux caractérisent le journaliste français employé des médias audiovisuels : un, l’ignorance globale, et particulièrement dans le domaine géopolitique ; deux, l’idéologie, qui est le copier-coller de la ligne dominante, qui tourne autour du socialo-sionisme, à quelques nuances près.
Nanti de ces deux caractéristiques, le journaliste mainstream commet et des fautes factuelles, et des fautes structurelles. Mais rien, même pas la correction de ses erreurs, ne le fera bouger de son socle idéologique. Car c’est le respect de cette idéologie qui lui permet de rester en poste, et de profiter des avantages du Système (salaire, voyages, notoriété).
Application de cette petite théorie à l’invitation, par Olivier Truchot et Ulysse Gosset, tous deux têtes de gondole de BFM TV, de l’ambassadeur de la Palestine auprès de l’UNESCO Mounir Anastas, qui va justement recadrer l’erreur factuelle des deux ignorants, ignorance à la fois volontaire et involontaire, et mettre ainsi au jour l’idéologie qui les soutient.
Ulysse Gosset, chantre de la bien-pensance, est un journaliste multipostes qui est passé par tous les médias mainstream possibles, ce qui signe sa compatibilité avec le Système. Il est pourtant considéré comme un des meilleurs connaisseurs de la politique internationale. Lui aussi montrera une limite sur la définition des destructions de l’armée israélienne à Gaza. Mais commençons par l’adjudant Truchot, qui va très vite montrer ses limites factuelles.
Anastas : Bien sûr Hamas est une faction, est un parti politique comme les autres qui a des calculs aussi politiques pour son avenir, pour requinquer son image.
Truchot : De la part d’un mouvement qui est considéré comme un mouvement terroriste.
Anastas : Non, pas internationalement, vous m’excuserez, c’est les États-Unis, oui.
Truchot : La France aussi.
Anastas : Non, non, l’Union européenne a enlevé Hamas de la liste terroriste, n’est-ce pas ? Ça a été enlevé il y a un an ou quelque chose comme ça.
Après cette petite claque qui mettrait à l’écart un journaliste normal dans une rédaction normale, passons au Gosset, qui, lui, va commettre une erreur non factuelle, mais interprétative. Une « erreur » idéologique, bien entendu (à partir de 3’30), donc volontaire, à l’inverse de l’adjudant Truchot qui a commis, lui, une erreur involontaire.
Notez bien l’importance du vocabulaire utilisé par les soutiens du camp sioniste, qui parlent toujours de « frappes », terme popularisé lors des guerres américaines contre l’Irak, un terme auquel le discours de propagande a adjoint le qualificatif de chirurgical, afin de le relativiser et de le dédramatiser.
Dernière remarque : quand Gosset parle d’Israël, il dit « on ». Inconscient, quand tu nous tiens…
Gosset : Du côté israélien, on a poursuivi les frappes intensives et on est déterminé à aller jusqu’au bout pour détruire toutes les infrastructures du Hamas, et effectivement neutraliser un certain nombre…
Anastas : Pas seulement les infrastructures du Hamas, les infrastructures tout court.
En moins de 30 secondes, la messe est dite.
À lire sur les pratiques de Tsahal :
À Gaza, des vies effacées : Israël anéantit volontairement des familles entières
Les nombreux cas d’assassinat de familles entières par les bombardements israéliens à Gaza – parents et enfants, bébés, grands-parents, frères et sœurs – attestent du fait que ce ne sont pas des erreurs. Les bombardements sont dictés par des décisions qui viennent de plus haut, appuyées et approuvées par des juristes militaires.
Quinze familles palestiniennes nucléaires et élargies ont perdu au moins trois, et généralement plus, de leurs membres, dans le pilonnage de la bande de Gaza dans la semaine allant du 10 mai jusqu’à lundi après-midi. Parents et enfants, bébés, grands-parents, frères et sœurs, neveux et nièces sont morts ensemble lorsqu’Israël a bombardé leur maison qui s’est effondrée sur eux. Pour ce qu’on en sait, aucun avertissement préalable n’a été donné afin qu’ils puissent évacuer les maisons visées.
Samedi, un représentant du ministère palestinien de la Santé a fait connaître une liste de noms de 12 familles qui ont été tuées, chacune dans sa maison, chacune par un seul bombardement. Depuis, en un raid aérien effectué dimanche avant l’aube, qui a duré 70 minutes et était dirigé sur trois maisons rue Al Wehda dans le quartier de Rimal de la ville de Gaza, trois familles comptant 38 membres au total ont été tuées. Certains corps ont été trouvés dimanche matin. Les services de sauvetage palestiniens n’ont réussi que dimanche soir à trouver le reste des corps et à les extraire des décombres.
L’anéantissement de familles entières par les bombardements israéliens était une des caractéristiques de la guerre de 2014. Dans les quelque 50 jours de guerre d’alors, les données de l’ONU indiquent que 142 familles palestiniennes (742 personnes au total) ont été supprimées. Les nombreux incidents d’alors et d’aujourd’hui attestent qu’il ne s’agit pas d’erreurs : et que le bombardement d’une maison quand tous ses habitants sont à l’intérieur vient d’une décision en haut lieu, appuyée par des juristes militaires l’ayant analysée et approuvée.
Une enquête du groupe de défense des droits humains B’Tselem centrée sur quelques-unes des 70 familles éradiquées en 2014, a fourni trois explications au nombre de familles nucléaires et élargies tuées, d’un seul coup, par un bombardement sur la maison de chacune de ces familles. Une explication était que l’armée israélienne n’avait pas procédé à un avertissement préalable des propriétaires ou de leurs locataires ; ou que l’avertissement n’était pas arrivé à la bonne adresse en temps voulu ou pas du tout.
En tous cas, ce qui se dégage c’est la différence entre le sort des bâtiments bombardés avec leurs habitants à l’intérieur et celui des « tours » – les immeubles de grande hauteur pilonnés le deuxième jour de ce dernier conflit, pendant la journée ou en début de soirée.
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