Recherche menée par Robert Gil
Voici un exemple de propagande ou de bêtise que l’on peut trouver sur internet : « Trouver que notre pays étouffe sous une fonction publique trop nombreuse est juste du bon sens. Comme personne ne dépense 57 % de son budget pour gérer son ménage il est tout à fait aberrant de dépenser 57 % des richesses du pays pour administrer un pays. Trop de fonctionnaires et l’Etat étouffe l’initiative privée et empêche la création de richesses. » Evidement on en trouve de nombreuses autres, et au-delà du discours néolibéral ambiant, on découvre aussi de la frustration, de la jalousie et un mal vivre qui pose question sur la mentalité de la société que l’on a construit.
Dans les pays ayant le plus faible taux de prélèvements obligatoires on trouve le Soudan, l’Ethiopie ou Madagascar par exemple. Dans les pays à taux élevé on trouve la Suède, le Danemark et la France. Donc l’affirmation : « trop de fonctionnaires et d’Etat étouffe l’initiative privée et empêche la création de richesses » est d’une totale stupidité. Cette idée que le BdB ressasse avant même d’y avoir réfléchi est un élément du système de propagande néo-libérale.
La finance et les grandes entreprises privées ont déjà mis la main sur les réseaux créés par la puissance publique : eau, électricité, téléphone, autoroutes. L’étape suivante c’est la santé et l’éducation, secteurs économiques énormes dont les citoyens sont immédiatement dépendants, et qui font baver d’envie le capitalisme.
De plus, dans les 57 % de prélèvements de l’Etat Français, une large part revient directement dans les poches des groupes industriels et financiers. Le programme Rafale c’est 40 milliards d’euros à la charge des finances publiques. Les projets opaques comme le nouveau ministère de la défense, NDDL, la liaison Lyon-Turin sont des cadeaux au secteur du BTP. Le service de la dette est devenu le premier poste financier de la France… et à qui rapporte-t-il ? Ni à moi, ni à vous, mais encore au secteur financier et au plus riches qui placent leur argent pour spéculer sur la dette que nous payons tous !
Si quelque chose vous choque dans ces 57% informez-vous et bougez-vous pour dénoncer et combattre ce qui relève du capitalisme de connivence et du pillage des richesses du pays, et fichez la paix aux fonctionnaires qui font un travail utile. Les perroquets néo-libéraux qui récitent la messe de TF1 et consort sans chercher à comprendre, ça suffit !
Un autre argument fameux répété bêtement sans réfléchir par tout un échantillon de BdB: « les emplois de la fonction publique coûtent plus qu’ils ne rapportent ». En substance on voudrait affirmer et soutenir que les emplois privés eux, sont « soupesés » « analysés à leur juste valeur », que si on créé un emploi privé c’est parce que c’est utile. Voilà la messe est dite.
Ben non, patatrac, c’est presque le contraire, j’ose l’affirmer pour un truc tout con : l’obsolescence programmée. S’il n’y avait pas cela, plus de 75% des emplois du privé n’existeraient tout bonnement pas. Alors, à moins de considérer de manière cynique que l’obsolescence programmée est une œuvre de génie économique, les emplois qui en découlent sont non seulement inutiles mais contribuent à la destruction de la planète. Au contraire d’une infirmière ou d’un professeur des écoles par exemple, dont on est incapable de chiffrer la richesse qu’ils produisent mais qui sont indispensables à la société ! Au passage, c’est une des aberrations de ce système de tout vouloir chiffrer et rentabiliser.
Et comme ce chiffre de 57 % a l’air de perturber l’électeur de la droite capitaliste, il serait sympa qu’il chiffre aussi combien en pourcentage l’état dépense pour les aides et subventions diverses et variées concernant le secteur privé, et qu’il ait aussi la curiosité de savoir également combien coute à l’année les infrastructures routières, premier poste de dépense concernant les infrastructures nationales. J’espère qu’il ouvrira aussi les yeux devant la ruse qui consiste souvent d’externaliser une partie des services. (Informatique, restauration, nettoyage, service des eaux, voirie…). Ce qui généralement n’engendre aucune économie mais reste très efficace en terme de communication Dans le genre « il fait ce qu’il peut pour contenir les impôts »… mais qui aboutit en fait à l’inverse du but proclamé, car l’externalisation dit : « dégager des dividendes pour les actionnaires ! » Il y a aussi la variante « syndicat d’économie mixte » qui a de plus l’avantage d’échapper aux règles de l’administration (marchés publiques, recrutements…) et permet de caser quelques amis … je vous fais la grâce de vous parler des fameux PPP !
« Le fonctionnaire voilà l’ennemi » : La formule est de Henry-Auguste d’Halluin, dit Henry Dorgéres. Il est le fondateur des Chemises vertes, faction de l’extrême droite française pendant l’Entre-deux-guerres. Il collabora et fut décoré par Pétain. C’est un bon exemple de ce que Paxton décrivait comme le fascisme paysan. Le fonctionnaire c’est vrai est l’ennemi du capitalisme, car à cause de lui des pans entiers de l’économie ne finissent pas dans la poche des actionnaires, des rentiers ou dans les paradis fiscaux. Tout ceux qui défendent le système et la spoliation des biens par une poignée de privilégiés militent pour la fin de la fonction publique et déversent leur bille à longueur de commentaires sur les forums du net !
La haine des fonctionnaires, la haine des syndicats, la haine des francs-maçons, la haine des communistes, la haine des juifs, euh pardon des arabes … soyons modernes, la haine du populo, sauf quand il s’agit de lui soutirer des bulletins de vote … ça remonte à ….. 1930 ? C’est le credo de l’extrême droite, montée des fascismes, les ligues, etc …Etat Français … travail, patrie …
Maréchal nous revoilà !
Quand le discours néo-libéral rejoint le discours fasciste…
Par J.P ACASOCA
Source: Lire l'article complet de Les 7 du Québec