Lors d’une visioconférence infiltrée par deux imitateurs russes, des responsables de la National Endowment for Democracy (NED) se sont vantés des efforts qu’ils déployaient afin d’interférer dans les politiques intérieures russe et biélorusse.
Ne se sachant pas dupés par l’identité usurpée de certains de leurs interlocuteurs, des hauts responsables de la NED – organisme basé à Washington à travers lequel les États-Unis revendiquent « le renforcement et le progrès des institutions démocratiques à travers le monde » – se sont félicités que l’ONG étasunienne soit activement impliquée dans les affaires intérieures de pays comme la Russie et la Biélorussie.
En effet, se faisant passer pour l’opposante biélorusse Svetlana Tikhanovskaïa et un de ses assistants, les imitateurs russes Vladimir Kouznetsov (Vovan) et Alexeï Stoliarov (Lexus) ont réussi à infiltrer une visioconférence à laquelle participaient plusieurs hauts responsables de l’organisme américain qui, rappelons-le, bénéficie de plusieurs dizaines de millions de dollars accordés chaque année par le Congrès.
Publiée le 17 mai sur YouTube, la vidéo permet d’assister aux échanges en anglais entre les participants pendant une vingtaine de minutes.
Manifestations biélorusses de 2020 : un coup de pouce de la NED ?
La discussion porte dans un premier temps sur les manifestations biélorusses de l’été 2020 qui avaient fait l’objet d’une intense couverture médiatique occidentale à charge contre le pouvoir en place, incarné par Viktor Loukachenko qui préside à ce jour le pays depuis près de 27 ans.
« Nous pensons que l’instauration d’un climat de confiance à long terme avec nos partenaires en Biélorussie a effectivement permis de mettre en place les événements de l’été dernier », a notamment déclaré la journaliste bulgare Nina Ognianova – qui supervise le travail de la NED en Europe – en référence à l’émergence de la contestation biélorusse. « Ce mouvement ne s’est pas produit du jour au lendemain mais nous y avons apporté une contribution [significative] en aidant les acteurs locaux », a-t-elle encore précisé.
« Nous avons un très vaste programme en Russie »
Concernant l’implication de la NED en Russie, l’un des deux imitateurs a interrogé ses interlocuteurs quant à l’interdiction de s’implanter sur le territoire à laquelle devait faire face l’ONG américaine. Une remarque qui n’a pas manqué de faire sourire plusieurs participants, avant que le président de la NED, Carl Gershman, n’explique l’amusement général. « Nous n’avons pas d’infrastructures sur place donc ils ne peuvent pas nous dégager ! Mais nous soutenons de nombreux groupes à travers le pays », a-t-il expliqué, soulignant par ailleurs l’existence d’activistes exilés du territoire, toujours en contact avec les organisations d’opposition en Russie.
Barbara Haig, adjointe au président de la NED chargée de la politique et de la stratégie, a de son côté souligné les efforts déployés par son organisme pour influencer la politique en Russie : « Nous avons un très vaste programme en Russie [qui] s’étend jusque dans des provinces en dehors de Moscou. »
Prompte à dénoncer de présumées ingérences russes dans les processus électoraux sur son propre territoire, gageons que l’administration américaine saura rester plus discrète sur ce récent épisode. Même pronostic en ce qui concerne les chancelleries occidentales habituées à emboîter le pas des États-Unis pour dénoncer – et punir à coup de sanctions – de telles manœuvres régulièrement attribuées à la Russie.
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