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par Karine Bechet-Golovko.
Il est des histoires sans fin, un peu comme ces feuilletons brésiliens, ces histoires d’amour, de haine, de pouvoir et d’argent. Souvent mal joués, parce que surjoués. L’épopée tragi-comique de la dénoncée acceptée hésitée insistée rencontre entre les présidents américain et russe commence à sérieusement entrer dans cette catégorie. Quand le fait devient le but, que l’on en oublie le but pour se focaliser sur le fait. Car sur le fond, rien n’a changé : la position des États-Unis étant celle de la reconquête du monopole de la domination, si la Russie n’est pas prête à faire des concessions, le fait devient le but atteint. Et paradoxalement prend un sens politique. Si l’intérêt pour les États-Unis est incontestable, celui de la Russie reste assez flou, surtout dans une mise en scène qui sert l’image américaine dans sa tournée impériale européenne.
Dans la catégorie « Je t’aime, moi non plus », récapitulons. Biden avait qualifié Poutine de tueur, Poutine avait proposé à Biden d’en parler publiquement, Biden étant trop occupé avait décliné puis proposé une rencontre, le Kremlin avait laissé traîné suite à l’adoption par les États-Unis de sanctions, puis le Kremlin avait lancé la machine communicationnelle vers une acceptation, les États-Unis avaient déclaré que rien n’était décidé, l’UE a adopté une résolution hystériquement anti-russe, Biden espère que la rencontre aura lieu en été lors de sa tournée européenne.
Sur le fond (voir notre publication ici), ce qu’il est possible d’attendre d’une telle rencontre est très clair : la position américaine reste rigide, la position russe n’est pas clairement formulée. La recherche de la paix dans le monde est certes un but louable, mais peu réaliste. Il s’agit donc de savoir qui va faire des concessions, lesquelles et à quel prix. Ce qui est tout de suite beaucoup moins romantique …
Et le jeu continue sur la même vague. D’un côté, Biden espère une rencontre avec Poutine, car il déclare vouloir améliorer les relations américano-russes, mais en faisant totalement reposer la faute de la dégradation de ces mêmes relations sur la Russie. Le jeu est ensuite amplifié par le Département d’État américain, déclarant que si les États-Unis ne sont pas intéressés par une escalade du conflit, ils sont prêts à répondre. Oui, répondre :
« Nous aimerions avoir des relations plus prévisibles avec la Russie, mais cela dépend de Poutine. Si la Russie continue à se comporter de manière irresponsable et agressive, alors elle peut être certaine qu’à nouveau, nous répondrons ».
Dans cette rhétorique, l’entière responsabilité de la dégradation des relations américano-russes repose sur la Russie, qui est accusée d’avoir l’initiative de chaque attaque, poussant les pauvres États-Unis à devoir se défendre – presque malgré eux.
Le secrétaire d’État d’enfoncer le clou en déclarant tout mettre en œuvre pour que la Russie respecte ses engagements internationaux (lesquels sont violés ?) et appelle les autres pays à y œuvrer également, donc à former une coalition anti-russe :
Dans ce contexte, qui ne rappelle en rien une volonté, même lointaine de discussion, le secrétaire d’État de déclarer dans une interview mardi au Financial Times, dans laquelle il rejette l’idée d’une guerre froide entre les États-Unis et la Russie (et la Chine), que justement une rencontre entre Biden et Poutine serait dans l’intérêt des deux pays.
La question restant de savoir ce qu’il entend par l’intérêt de la Russie. L’on peut sérieusement douter que les Russes et les Américains en aient la même conception. Donc, sur le fond, cette rencontre, comme nous l’avons déjà écrit, ne présente aucun intérêt.
L’intérêt que présente cette rencontre est dans le fait même de la rencontre, de sa mise en scène. Ce sera une guerre d’images. Et en ce sens également, accepter gentiment d’aller voir Biden lors de sa tournée impériale en Europe lance un signal de faiblesse. Pour les États-Unis, dans la mesure où ils confèrent une telle importance au fait de la rencontre, l’absence du fait serait une défaite. De même que d’imposer une dissociation de la visite impériale et de la rencontre des deux présidents.
D’ici à cet été, encore beaucoup d’eau politico-communicationnelle va couler sous les ponts et l’épopée pourra être entretenue, donnant l’illusion de l’action, quand finalement le combat se déroule ailleurs. Hésitant encore à se dérouler.
source : http://russiepolitics.blogspot.com
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